Winchester Boys
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 TROIS MOTS DE TROP

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kalid
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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyVen 12 Nov - 19:27

JaredSam a écrit:
Je viens de lire ta suite et heu j'ai un peu de mal à comprend le chapitre. Ton dernier chapitre finisait comme ça : "On a besoin de vous pour identifier formellement le corps. Est-ce que vous…"

"Oui… oui… sûr…"

"Nothing compares… to you…" Sammy… Pourquoi ?

Et le nouveau ressemble beaucoup à Mystery Spot. C'est pour ça que je comprend plus.

Hate de lire la suite

J'ai un peu honte là... Embarassed Depuis le temps que je dois répondre... Rolling Eyes *misère Razz* Tu sais, cette fic reprend un peu la saison 3 (à partir du 307) à ma sauce... Twisted Evil Donc là, effectivement, on en est à Mystery Spot... A une différence près. Ce n'est plus seulement Sammy qui revit sa journée mais aussi Dean. Twisted Evil Twisted Evil Comme ça, pas de jaloux ! Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil

Voici la suite ! TROIS MOTS DE TROP - Page 6 523400


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kalid
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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyVen 12 Nov - 19:41

Dean se réveilla… encore. Aucun bruit. Aucun son perturbateur. Rien qui puisse expliquer son réveil. Il n’était pas si tard… Dehors, il pouvait encore apercevoir la silhouette blanche et lumineuse de l’astre lunaire. Il n’était pas si tard et pourtant il s’était réveillé. Il venait de se réveiller alors qu’il ne s’était jamais senti aussi fatigué. Il se passa une main lasse sur le visage pendant que l’autre glissait sous l’oreiller pour se saisir de la seule chose en laquelle il ait confiance ces derniers temps : son couteau fétiche. Avec la gracilité et l’agilité d’un félin, il sortit la lame de sa cachette, prêt à sauver sa peau et celle de son petit frère. Un rapide coup d’œil alentour lui indiqua l’absence de son frère et, pire encore, l’absence d’un second lit. Il était tout seul et cette sensation lui parut étrangement familière. Le temps de remettre ses idées en place et tout lui revint en mémoire. Ses retrouvailles avec Sammy. Les révélations douloureuses qu’il lui avait faites. Sa décision de faire chambre à part…

"Deux chambres s’il vous plaît !"

Cette décision, il l’avait prise sur un coup de tête. Quand Sam lui avait dit pour Ruby, son sang n’avait fait qu’un tour et il n’avait pas réfléchi. Aux conséquences surtout. Car il savait. Oh oui, il savait… Il savait que faire chambre à part toucherait son petit frère – ce qu’il avait toujours été sentimental ! De mémoire de Winchester, c’était la première fois qu’ils se retrouvaient à deux séparés alors qu’ils n’avaient jamais été aussi proches physiquement. Une sorte de bouderie enfantine. Un ‘je t’aime mais faut pas abuser !’. Une attitude pour le moins gamine et on ne peut plus stupide. Il le comprenait aujourd’hui. Oui mais voilà, hier encore cela lui paraissait être une bonne idée. Faire souffrir Sammy. Lui infliger le même châtiment qu’il lui avait fait subir. En lui jetant des horreurs à la figure.

"TU N’ES PLUS MON FRERE !"

En coupant le contact.

"Si tu passes cette porte, c‘est même pas la peine de revenir !"

"Bien."

"Bien."

BLAM !

Et cette porte qui claquait encore et toujours dans sa tête lui rappelait qu’il avait déjà perdu son frère une fois et qu’il était peut-être sur le point de le perdre une seconde. Et cette fois-ci, il ne pourrait pas reporter la faute sur son père – dans la justice des vivants, les morts sont toujours innocents. Il serait seul coupable. Il se sentait déjà coupable de toute façon. Ce qui l’inquiétait plus, c’était que son frère le soit aussi. Sam… Sammy avait toujours été une mine d’excuses et de culpabilité et lui, le grand frère, s’était toujours arrangé pour lui faire comprendre que tout n’était pas de sa faute. La mort de leur mère. Sa vie de chasseur. La mort de Jess. Tous les maux de la terre. Rien de tout ça n’était sa faute. Le destin avait simplement pris des détours curieux et douloureux. Oui, Dean avait toujours été là pour son petit frère. A le consoler. A le protéger. A le sauver. Jusqu’ici du moins. Aujourd’hui, son ego avait parlé pour lui et avait laissé le précieux Sammy de côté – il avait largement foiré la mission que lui avait confié son père. Et maintenant, qu’allait-il advenir d’eux deux et surtout de Sammy ?

Une petite voix dans sa tête lui soufflait qu’il connaissait déjà la réponse, mais Dean ne voulait tout simplement pas y croire. Trop dur à imaginer. Insupportable. Inconcevable. Et pourtant… Tout dans cette lettre, lettre qui ne se trouvait pas dans son champ de vision mais dont les mots résonnaient encore dans sa tête, lui paraissait si réaliste… si crédible…

Hey Dean !

C’était juste si peu Sammy. Prendre la fuite, oui – comme quand il avait fugué à 10 ans après une énième dispute avec leur père –, mais jamais il ne serait allé jusqu’à de telles extrémités.

Hey Dean !

Comme on ne se parle plus, je pense qu’une lettre s’impose… Je voulais me rattraper. Je voulais que tout redevienne comme avant. Avant que… J’ai tout foiré, désolé. Mais ce matin, j’ai enfin compris pourquoi. C’est moi ! C’est moi le problème. Qui d’autre ? C’est moi qui t’ai mis au pied du mur. C’est moi qui t’ai mis à l’écart de ma vie alors que tu avais donné la tienne pour moi. C’est injuste et je le reconnais aujourd’hui. Alors je vais réparer cette erreur. Je connais les clauses, alors je vais te rendre ta liberté. Adieu Dean.

Je t’aime, Sammy !

En même temps, il ne l’avait jamais autant poussé dans ses retranchements. Il l’avait poussé à bout, sans penser aux conséquences (létales). Tout ce qu’il voulait, c’était que Sam comprenne, qu’il ressente sa douleur. Ça avait tellement bien marché que… C’était un cauchemar… Il ne pouvait pas… Non, il ne pouvait pas. Il se souvenait de ce moment mais il se rappelait s’être réveillé après… comme "hier" après avoir appris de la bouche du sheriff la mort de son frère… Non pas de sa main mais de celle d’un illustre inconnu. Le résultat restait invariablement le même. Sam était mort. Seul. Encore. Comme la première fois, cette première fois qu’il s’était juré ne plus jamais revivre. Il se laissa retomber sur le lit et prit sa tête entre les mains. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Mais qu’est-ce qu’il avait fait ? Comment avait-il pu… ? C’était son frère, merde ! Son amour. Sa vie. Sa raison de vivre. Serait-il devenu à ce point suicidaire ? Sammy…

Il y eut un léger déclic et d’un coup, "As Tears Go By" des Rolling Stones inonda la pièce de ses douces notes.

"It is the evening of the day…" Génial. J’avais vraiment besoin de ce genre de musique pour me remonter le moral !

La remarque intérieure du jeune homme n’eut guère d’effet sur le radio réveil qui, contre toute attente, haussa le volume.

"Smiling faces I can see

But not for me

I sit and watch as tears go by."



Non mais c’était vrai à la fin. C’était quoi l’idée ? Qu’il se tire une balle ?

"All I hear is the sound

Of rain falling on the ground

I sit and watch

As tears go by…" Je suis qui si je ne suis plus rien ? A quoi rime ma vie s’il n’y a plus personne avec qui la partager ?



"Sammy…"

"I sit and watch

As tears go by…"

"Oh toi ça va!"

D’un geste vif, il envoya valdinguer le malheureux appareil qui, loin de se démonter devant l’humain, usa de ses dernières forces pour effectuer courageusement sa mission.

"I sit and watch

As tears go by…"

"La ferme !" Putain, rien ne va plus. Faites vos jeux. Je parle à un radio réveil.

Il passa une main nerveuse dans ses cheveux. C’était pas possible, il devenait dingue. A trop rêver, il perdait le peu de raison qui lui restait encore. Et pourtant il n’était pas homme à rêver. Et encore moins à cauchemarder. Il laissait ce soin à son petit frère. Sammy… Il se sentait perdu. Ironique hein ? Il s’était mis dans cette position de lui-même, mais aujourd’hui rien n’était plus aussi évident. Surtout qu’il ne savait comment analyser l’absence de Sam. Irréversible ? Simple effet d’une décision antérieure ? Quelle que soit la raison, le fautif restait encore et toujours le même. Lui. Sammy avait eu tort dans cette lettre – fut-elle réelle ou le simple fruit de son imagination. Le problème c’était bel et bien lui. Incapable de vivre seul, il avait ressuscité son frère pour lui faire porter un fardeau bien plus grand. Celui de la culpabilité. Celui de la honte. Celui de la déception. L’injustice n’était pas de vivre à ses dépens, mais de faire souffrir la personne qu’on aime par-dessus tout après lui avoir promis le contraire… Lui aussi connaissait les clauses du contrat… de son contrat. Trop bien même. Il savait les risques encourus si jamais il cherchait à le rompre. Ce qu’il ignorait par contre c’était si faire un énième sacrifice engendrerait les mêmes conséquences… Et il était dans un tel état d’esprit qu’à coup sûr il tenterait bien le diable. Après tout, n’était-il pas invité à sa table incessamment sous peu ? Il était question de quoi ? De semaines ? De jours ? Ça n’avait plus d’importance. Ni pour lui. Ni pour son frère. Ni pour qui que ce soit d’autre. C’était bien plus facile de s’en convaincre quand on était aussi déterminé que lui.

Il resta là, les yeux dans le vague, sans rien de fixer de précis. Peut-être se laissait-il du temps. Peut-être se laissait-il du courage. Peut-être même espérait-il un miracle. Toujours est-il que cinq bonnes minutes s’écoulèrent avant qu’il ne daigne se lever. Et il fallut encore une autre minute pour qu’il mette un pied devant l’autre. Il s’avança de quelques pas, s’accroupit puis farfouilla machinalement dans son sac à la recherche du précieux sésame. Une arme. Son arme. Il resta là à l’admirer quelques instants, laissant glisser sa main sur les formes parfaites du canon. Un frisson le parcourut alors que son doigt effleurait la détente. Et, grisé par cette sensation envoûtante, il se sentit l’âme d’un valeureux guerrier et trouva le courage de porter l’arme à sa tempe.

"Je suis désolé, Sammy… Si désolé…" De t’avoir imposé tout ça. De t’avoir avoué mon amour. De t’avoir entraîné vers le fond avec moi. Pour tout…

Il enleva le cran de sûreté, les larmes aux yeux, et s’apprêtait à tirer quand soudain…

Crois… Solution…?

"C’est la seule et la meilleure. Je l’ai bien assez fait souffrir comme ça. Il sera bien mieux sans moi."

Sûr… Joie… Frère… Tirer… Balle…

"Ça sera juste un mauvais moment à passer, mais il s’en remettra. Il comprendra."

Evidemment…

"C’est mieux pour lui"

Assurément. Mieux… frère… une heure… frère… trois mois…

"De toute façon on ne se parle plus. Qu’est-ce que ça change ? Il est peut-être déjà mort que je ne le sais même pas."

Possible… Mais… quelqu’un… aimer… frère…

"Vous n’avez pas le droit ! Qui vous êtes d’abord pour me juger ?"

Conscience…

"Conscience… Conscience… Conscience de mes fesses, oui ! Qui êtes-vous ?"

"Qu’importe qui je suis. Mon nom ne t’apporterait rien."

"J’aime savoir à qui je parle !" (en braquant son arme sur l’air)

"Je ne devrais même pas te parler…"

"Alors pourquoi le faire ?"

"Car tu es quelqu’un d’important, Dean Winchester…"

"Ah ouais ?! Si c’est vraiment le cas, pourquoi vous ne vous montrez pas ? Vous avez un visage à faire peur ? Vous pensez que je vais vous chasser ? Peur de me faire mal ? "

Il y eut un silence

"L’Autre m’en empêche…"

"L’Autre ? Qui ça l’autre ?"

"Son nom s’est perdu à travers les âges mais…"

"As tears go by…"

"Mais quoi ? "

"Il est resté le même…"

"I sit and watch…"

"Hein ?"

"As tears go by…"

"Oh toi, la ferme !"

"As tears go by…"

"J’ai dit la ferme !"

Sur ce, il vida son chargeur sur le fameux radio réveil qui gisait déjà négligemment sur le sol.

"Intelligent…"

"Quoi ?!"

"Il va pas aimer…"

"Et qu’est-ce que ça peut me foutre? Il l’a cherché non ?"

Silence.

"Non ?"

Il crut entendre un soupir.

"Il est joueur…"

"C’est tout ce qu’il vous inspire et je devrais m’inquiéter ?"

"Les illusions sont le miroir de l’esprit…"

"Hé le maître zen, arrête un peu avec les métaphores. Ça m’aide pas là."

"C’est son terrain de jeu…"

"Vous rigolez !"

"C’est bien toi qui voulais en finir il y a encore quelques minutes…"

"J’ai perdu Sam !"

"En es-tu sûr ?"

"Il est mort. Et même si ce n’est pas vrai, je l’ai perdu quand même. Pour tout ce que je lui ai fait subir. Pour tout ce qu’il endure par ma faute. On s’est retrouvé il y a peu mais… Plus j’y pense… C’est comme si nous étions devenus des étrangers. Je l’ai perdu. J’ai perdu Sammy. Il y a longtemps. Il n’a pas besoin de moi pour vivre sa vie et…"

"Et toi non plus ? Tu n’aurais pas vendu ton âme si ça n’avait pas été le cas…"

"J’ai commis une erreur, d’accord ? Je n’aurais pas dû le ramener. C’était égoïste de ma part…"

"Naturel."

"J’ai déconné. C’était totalement inconscient. Moi mieux que quiconque savais ce que c’était d’être le survivant et qu’est-ce que j’ai fait ? Je me suis laissé guider par mes sentiments et j’ai tout perdu. Ma dignité. Ma raison. Ma vie. Ma raison de vivre."

"C’est humain…"

"Ça pue d’être humain. Ça pue d’être tout court" (pointant de nouveau son arme sur sa tête)

"Ecoute…"

"Je n’veux plus écouter, t’entends ? Je vous ai écouté me faire de la psychologie à deux balles sans broncher, mais là j’en ai ma claque. Alors vous pouvez bien dire ce que vous voulez, ça ne me fera pas changer d’avis ! Ma décision est prise…"

"Ecoute…"

"Je n’vous entends pas…"

"Ecoute…"

"Non !"

"Ec…"

"J’ai dit NON !" (en tirant)

"Intelligent… Deux coups de feu en une soirée… Je te félicite. Ça c’est de la discrétion. Si personne ne s’est douté de quelque chose de louche…"

"Vous n’allez pas me laisser tranquille, pas vrai ? Vous n’allez pas me laisser mourir en paix, hein ?"

"Ce n’est pas dans mes intentions."

Dean soupira

"Je n’ai pas à te forcer. Tu dois comprendre."

"Comprendre quoi ? Que je suis encore baisé ?"

Silence.

"Vous êtes toujours là ?"

Autre… Plus retenir… Ecoute…

"Ecouter quoi ? Hé, machin ?! Ecouter quoi ?"

"It is the evening of the day

I sit and watch the children play

Doin’ things I used to do

They think are new

I sit and watch

As tears go by…"

"Oh toi, ta gueule !"

Il y eut un nouveau coup de feu. Puis un autre. Et encore un autre. Et encore… jusqu’à ne plus avoir de balles dans le chargeur. Jusqu’à ne plus sentir son bras. Puis aux balles succédèrent les coups de pieds rageurs. Ce n’était plus une réaction instinctive mais bel et bien de l’acharnement. Si Dean avait été dans un état d’esprit normal, il aurait lui aussi considéré sa réaction comme exagérée. Comme si un radio réveil pouvait-être responsable de tous ses maux !... Mais il était tellement obnubilé par le terrassement de l’abominable affreux qu’il ne vit ni n’entendit quelqu’un entrer. Ce ne fut que quand sa voix se fit entendre qu’il prit conscience de sa présence.

"Dean ?"

Cette voix le paralysa et il suspendit tous ses gestes dans l’air.

"Dean… tout va bien ?!" (inquiet)

Le principal intéressé se mura dans le silence et baissa la tête, résigné. Il n’osait croiser le regard de celui dont il ignorait encore s’il était réel. Il refusait de souffrir de nouveau, de se nourrir de faux espoirs. Il avait beau sentir le souffle de la brise. Il avait beau voir le trou béant qui remplaçait la porte. Il avait beau sentir ce regard si particulier sur lui. Il ne pouvait se résoudre à y croire, partagé entre douleur et soulagement. Ça faisait si mal ! De ne pas savoir. De le voir debout devant lui, inquiet, presque aimant – situation au combien improbable, impossible même. Il n’avait plus qu’à vérifier par lui-même. Se faire sa propre opinion, c’était tout ce qui lui restait.

"Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? Dean ?! Réponds-moi ! Dis-moi quelque chose !"

En guise de réponse, Dean se dirigea de nouveau vers son sac et en retira une autre arme qu’il chargea.

"Dean ?!"

"Je sais pas…"

"Tu…? Tu rigoles j’espère. Ta chambre est sans dessus dessous. Ce machin-là en miettes. T’as vidé ton chargeur sur… sur quoi au juste ? J’accours, te croyant en danger, et toi tu sais pas pourquoi ?" (énervé)

"Pourquoi ?" (en levant les yeux vers son frère)

"Pourquoi quoi ?"

"Rien."

"Je viens de défoncer la porte pour… rien ? Génial !"

"Désolé…"

"Désolé ? DÉSOLÉ ? C’est bien trop tard. Trop peu aussi. Je sais même pas pourquoi je t’écoute encore. Je perds mon temps avec toi."

"J’le savais…" (presque pour lui-même)

"Parce que maintenant tu le sais ?! Putain mais qu’est-ce qui m’a fichu un frère pareil ?!"

"Tu sais, je ne voulais pas écouter cette voix…"

"Une voix ? Quelle voix ?"

"Elle me vantait un avenir tentant. Je voulais tant y croire ! Même si je savais au fond de moi qu’elle avait tort."

"De quoi tu parles ? T’entends des voix ? Tu serais pas en train de devenir fou ?" Ben tiens, quand c’est toi c’est normal. Mais dès que ça touche quelqu’un d’autre…

"Je ne sais pas si je suis fou, mais je n’ai jamais autant eu toute ma tête. Tout est clair maintenant et je sais ce qu’il me reste à faire."

"Attention mesdames et messieurs, le grand Dean fait son show ! Que va-t-il bien inventer aujourd’hui pour se faire remarquer ?" (sarcastique)

Sans faire plus attention que ça à la remarque cinglante de celui qui se disait son frère par intermittence, il arma son revolver.

"Tu comptes chasser quoi ? Le vide ?"

"Non." (d’un calme déconcertant)

"Les idées noires ?" (sourire moqueur)

"Je vais juste rééquilibrer les choses."

"Oooh ! Bien !... Ça consiste en quoi ?"

Pour toute réponse Dean leva l’arme lentement.

"Wo wo wo ! T’es gentil, tu pointes ton joujou ailleurs."

Le regard vide, il laissa le canon poursuivre son ascension jusqu’à effleurer ses cheveux.

"Dean ?!"

"Sam…"

"Qu’est-ce tu fais ?"

"C’est le petit génie de Stanford qui me dit ça ? C’est pourtant clair comme de l’eau de roche, non ? Arme. Tête. Baballe dans la tê-tête."

"Pourquoi ?"

"Pourquoi quoi ? J’aurais besoin d’une raison maintenant ?! Je suis un incapable. Un frère qui n’en est un que quand ça l’arrange et là ce n’est plus le cas. Alors oui, pour ta gouverne, je n’en peux plus. Mais je suis sûr que t’en as rien à cirer. J’me trompe ?"

"Dean…" (pâlissant)

"Tu sais quoi ? Je pensais qu’il y avait quelque chose à sauver dans notre relation mais en vérité, ça fait belle lurette qu’il n’y a plus rien à faire. Je me suis fait des illusions… très féminin, hein ? Je pensais que tu tenais à moi. Faux. Je pensais que je pouvais compter sur toi. Faux. Je pensais pouvoir te faire confiance. Re faux. Je peux savoir ce qu’il me reste ? Qu’est-ce qu’il me reste ? Dis-moi, QU’EST-CE QU’IL ME RESTE ? Rien. Rien. Rien. RIEN !"

"Y’a moi…"

"Toi ? Laisse-moi rire. Tout ce que t’as su faire c’est montrer combien j’étais seul. Seul et égoïste ! Alors, l’égoïste te dit bye-bye !"

Il enleva le cran de sûreté et pressa sur la détente.

"Noooon ! Dean !" (en se précipitant vers lui)

La détonation retentit dans l’air et il y eut un bruit sourd. Celle de deux corps jetés au sol. Puis ce fut le silence.

"SAM ! SAMMY !"

"I..d…iot…"

"Pourquoi t’as fait ça ?"

"Fr…è…re…"

"Ça devait pas se passer comme ça… Ça devait pas se passer comme ça…"

"Suis… déjà… m-mort. Dean… N-nat… tuuu… rel…"

"Non ! C’est moi qui devais partir. C’est moi qui devais partir ! J’ai gâché ta vie. J’ai gâché ce que j’avais de plus beau. Je voulais préserver ta vie et vois où on en est maintenant ! Je…"

"D… D… Dean..."

"Oui ?"

"T’aime…"

"Moi aussi je t’aime. Sam ? Sammy ? SAMMMYYYY !!!"

Moi aussi je t’aime.

Il y eut un cliquetis et…


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyVen 12 Nov - 19:50

Boulevard of Broken Dreams de Green Day résonna dans la chambre. Encore. A une différence près. Cette fois-ci, Sam ne bougea pas d’un pouce. Il avait cru tout savoir. Il avait cru avoir tout compris. Il avait cru rêver… cauchemarder. La vérité était pire que ça. Le cauchemar durait encore. Ce n’était pas tant d’être seul. Certes, ça faisait un mal de chien, mais ce n’était pas non plus la mort. Il avait été seul (sans son frère) bien avant. Ok, il ne l’avait pas été bien longtemps. Jessica, la belle Jess, s’était vite lovée à ses côtés. D’une certaine manière, elle avait remplacé son frère. Il évacua bien vite cette idée. Non. Personne n’avait remplacé qui que ce soit. Ils lui avaient chacun manqué un jour. Aujourd'hui, c’était juste les deux ensemble et cette simple pensée lui déchirait le cœur. Mais ce qui était plus douloureux encore, c’était cette fatalité. La mort au bout du tunnel. Ou plutôt, la mort à la fin de la journée. Pour Dean. Pour ce frère qui lui avait tant donné et à qui il avait tout repris. Pour ce frère dont il attendait le pardon, même s’il savait qu’il ne le méritait pas. Pour Dean. Dean tué par un charlot. Dean renversé par un vieillard. Dean écrasé par un bureau. Autant de phrases pour autant de titres possibles pour la nouvelle collection d’une maison d’édition. Ça aurait pu être comique s’il ne s’était pas s’agi de sa famille, de son propre frère. Mais là, c’était trop proche. Enchaîner les morts, sans répit. Sans rien pouvoir faire pour les éviter. A se demander s’il sert encore de se battre. A se demander si l’on en a ne serait-ce qu’envie.

Il y eut un bip strident et son portable s’éclaira. Il soupira. Il n’avait même pas à appuyer sur la touche OK pour savoir de qui venait le message et ce qu’il contenait. Ces trois mots. Toujours ces trois mots. Trois mots de torture. Trois mots de douleur. Il se leva sans grande volonté et se dirigea vers la salle de bains.

Plus tard au restaurant.

"Je continue à penser que t’es cinglé, mais je te jure qu’on va finir par comprendre."

"Merci."

"Ne me remercie pas. Tout ceci ne veut pas dire qu’on en a fini tous les deux."

"Je sais. Tu voudrais être loin de moi mais les affaires sont les affaires. J’ai tout bien saisi. Cinq sur cinq."

Dean allait faire une remarque mais se ravisa et préféra se concentrer sur quelque chose de plus important.

"Ok-kay… Donc tu es coincé dans ce… cette boucle temporelle. Pourquoi ? D’où ça peut bien venir ?"

Sam déglutit. Le ton de son frère était froid et distant. Dean était en mode chasseur. Juste en mode chasseur.

"Et bien… au début je pensais que ça venait du Mystery Spot, mais maintenant je n’en suis plus très sûr…"

"Qu’est-ce qu’on fait ?"

"On va t’empêcher d’être tué, histoire d’atteindre mercredi. C’est la seule chose qui me vient à l’esprit. "

"Mouais, c’est ça… Ça devrait pas être trop dur, non ?"

"Bien sûr. Dean, je t’ai déjà vu mourir plusieurs fois et j’ai… je n’ai rien pu faire pour te sauver."

"Comme si ça t’intéressait. Comme si tu le voulais."

"Comment oses-tu…?"

Il fit mine de se lever, mais le bras de son frère l’en empêcha.

"Reste là et ne t’avise surtout pas de bouger."

"Mais…"

Une main maintenant fermement le poignet de son frère sur la chaise et l’autre en l’air, il héla la serveuse.

"Mademoiselle ?! Un plat du jour avec des saucisses à la place du bacon s’il vous plaît, et un café bien noir. Lui ? Non. Il ne prendra rien. Son régime…"

"Lâche-moi…" (entre ses dents)

"Avoue que t’y avais pas pensé. Changer une petite chose pour…"

"Espérons que tu aies raison…"

"Quel défaitiste tu fais !... Sache que je n’ai jamais tort."

"Quelque chose à propos d’être l’aîné c’est ça ?"

"Je sens comme une pointe de sarcasme."

"Vos saucisses et votre café, monsieur."

"Merci."

Il croqua dans une des saucisses.

"Tu vois, c’est tout simple. Il suffit juste d’un peu de volon…"

Sous le regard terrifié de Sam, le visage de son frère s’empourpra, faisant gonfler les veines de son visage. Il s’étouffait.

"Dean. Au secours ! Quelqu’un ? Quelqu’un peut m’aider ? Dean ! DEAN !"
***


Sam se réveilla en nage au son de Boulevard of Broken Dreams de Green Day. D’un geste rapide, il s’arracha du lit et fonça jusqu'à la porte. Puis, boosté par l’adrénaline, il se précipita à l’extérieur et tambourina à la porte de son frère. De là où il était, il pouvait entendre le jet de la douche et la voix de son frère qui fredonnait du Metallica. Visiblement, il dérangeait.

"C’est pour quoi ?"

"Dean ! Dean, faut que j’te parle !"

"Ça peut pas attendre ? J’suis occupé, j’te signale !"

"C’est une question de vie ou de mort !"

"Comme si ça t’intéressait !..."

"C’est à propos de l’affaire."

"Ok. Ok. C’est bon, j’arrive…"

A peine le temps de l’entendre grommeler et pester contre tout ce qui l’entourait qu’un bruit sourd attira son attention. Enfin. Surtout le silence qui suivit derrière.

"Dean ? Dean, t’es là ? Dean ?"
***


Sam se réveilla avec Boulevard of Broken Dreams en fond sonore. Il soupira, non pas qu’il n’aimait pas la chanson, mais à la longue elle devenait lassante et… inquiétante.

"I walk this empty street

On the Boulevard of Brok…"

Il y eut une coupure de courant et Sam sentit une immense vague de soulagement l’envahir. Il y avait enfin une justice sur cette terre. C’était ce qu’il pensait… avant de se réveiller à nouveau sur le tube de Green Day. Et quoi qu’il veille bien dire ou penser, ça commençait sérieusement à lui peser sur le moral. Il prit son portable d’une main tremblante et appela la seule personne à pouvoir le rassurer.

"Allô, Dean ? Oui c’est Sam. Oui je sais, je suis la dernière personne que tu voulais entendre. Oui, je suis un misérable crétin, un enfoiré, un incapable, le vilain petit canard. Je veux bien être tout ce que tu veux, du moment que c’est toi qui décides. Hé mec, ça fait du bien d’entendre ta voix… Oui je sais, pas d’attendrissement. Hé Dean, je…"

Il y eut un bruit bizarre dans le combiné, mélange de clapotis et de bourdonnement.

"Vous avez vu ça ? Vous avez vu cet éclair ? Ils n’avaient pourtant pas prévu d’orage…"
***


"I walk a lonely road

The only one that I have ever known

Don’t know where it goes

But it’s home to me and I walk alone…"

Putain de chanson. Putain de vie. Putain de mardi. Il envoya bouler le réveil avant de se prendre la tête entre les mains.

A l’extérieur

Les deux frères marchaient ensemble, à distance respectable cela allait sans dire. Leur relation n’était pas au beau fixe.

"Il doit bien y avoir un moyen d’en sortir…"

"Où sont ces fichues clés ?"

"Où sont ces fichues clés ?"

"Excusez-moi…" (en se télescopant avec une jeune femme).

"Plutôt bien roulée…"

"Dean…"

"Hep, mademoiselle !"

"Tu ne devineras jamais qui je viens de croiser."

"Une bombe ?"

"Sam…"

"Une Heather… Ce sont les plus chaudes…"

"Mets-y un peu du tien aussi…"

"C’est la fille du professeur Dexter Hasselback."

"Et…?"

"Elle m’a parlé de lui comme d’un professeur émérite et d’un journaliste prêt à débusquer et à démanteler les arnaques liées au surnaturel. Le chevalier de la vérité ! Enfin bref, encore un qui se prend pour une lumière. Heather – c’est son doux prénom – m’a promis de m’en dire plus. Des choses plus intimes. J’ai son numéro. Peut-être devrais-je la rappeler…" (pensif)

"Tu crois que c’est prudent ?"

"Qu’est-ce que tu veux qu’il m’arrive ? C’est un simple rendez-vous entre adultes consentants, ça te dérange ?"

"Non."

"Bien."

"Bien."

Plus tard dans la soirée

"Peut-être serait-il temps de passer à des choses plus sérieuses mon mignon."

"Comme quoi ?"

"Tu veux jouer avec moi ?"

"Sûr." (déglutissant)

"T’as besoin de serrer aussi fort ?"

"Reste tranquille et laisse toi faire. Je vais te faire connaître l’extase ultime et plus jamais tu ne voudras redescendre…"

"Que de belles promesses ! Ça donne envie ma beauté."

"Ça risque juste d’être un peu douloureux au début…" (en sortant un couteau et le poignardant.)

"Douloureux en effet…"
***


Sam se réveilla avec Green Day pour la énième fois. Ça faisait bien longtemps qu’il avait perdu le compte. Moins longtemps qu’il avait perdu la raison. Quand la vie de Dean était en jeu, la raison n’avait plus son mot à dire et ce, même si le principal intéressé n’en avait cure. Mais aujourd’hui, Sam voulait lui prouver à quel point il tenait à lui. Mais aujourd’hui, Sam allait rejeter son calme et sa raison légendaires. Aujourd’hui, Sam allait se bourrer d’adrénaline et laisser libre cours à son instinct.

Au Mystery Spot, alors que Sam s’acharnait sur les murs de l’attraction à grands renforts de coups de hache, le gérant de l’établissement était soigneusement ligoté à une chaise et bâillonné, sous bonne garde.

"Tout va bien se passer, personne ne sera tué d’accord ?" (sur un ton qui se voulait rassurant)

"Hé Sam, tu peux m’expliquer ce qu’il t’est passé par la tête ? Sérieux, tu crois pas qu’on a assez de problèmes sans avoir à rajouter agression et séquestration ? C’est ça que tu crois ? Lâche cette hache, Sam, et laisse-le partir. Il n’y a rien ici et le pauvre bougre n’a rien fait, sauf peut-être s’être pissé dessus."

"Il se passe forcément des choses ici et je compte bien savoir lesquelles."

"Où ça ? Tu as tout massacré. Les murs sont éventrés. Plus personne ne pourra venir ici pour visiter. Toutes mes excuses encore pour tous ces désagréments, monsieur."

Mais Sam ne l’écoutait pas. Sam ne l’écoutait plus. Il continuait de s’acharner sur une pauvre attraction qui ne serait plus jamais rentable.

"Repose-toi un peu au moins. J’sais pas moi, prends une pause !"

"Non. Je n’ai pas l’intention d’arrêter. T’oublie tout ce qui est en jeu ! T’oublie que tu risques encore de mourir et je ne veux pas revivre ça, t’entends ? Je ne peux pas…"

Dean lança un sourire gêné au gérant et se dirigea vers son petit frère.

"Sam arrête ! Ça suffit ! Donne-moi cette hache !"

"Non. Je veux te sauver. Laisse-moi tranquille !"

"Hors de question que je te laisse avec cet engin une minute de plus, tu vas finir par blesser quelqu’un."

Et effectivement, à force d’essayer de lui retirer l’arme des mains, il y eut un accident. Du sang gicla et vint maculer un gérant des plus terrorisés ainsi qu’une personne plus proche… bien plus proche…

"Dean ! Dean ? Oh non ! Qu’est-ce que j’ai fait ? Dean…"
***


Sam se réveilla en sursaut sous les notes d’une mélodie devenue bien trop familière.

"My shadow’s only one that walks beside me

My shallow heart’s the only thing that’s beating

Sometimes I wish someone out there will find me

‘Til then I’ll walk alone…"

Il se laissa glisser de son lit, tétanisé, mortifié, en état de choc.

"Je l’ai tué. Je l’ai tué. Je l’ai tué… J’ai tué Dean. Dean…"


TROIS MOTS DE TROP - Page 6 977832projet%20kalid%20version%202
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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 14:50

"Every time we lie awake
After every hit we take
Every feeling that I get
But I haven’t missed you yet
Every roommate kept awake
By every silent scream we make
All the feelings that I get
But I still don’t miss you yet
Only when I stop to think about it
"


Était-ce ce titre signé Three Days Grace ou était-ce le souvenir marquant de son dernier ‘rêve’, toujours était-il que Dean ne se leva du lit que pour se laisser glisser le long du mur. La mine défaite, rongé par la culpabilité, il restait prostré là. Le corps parfois agité de soubresauts. L’esprit ailleurs. L’esprit trop occupé à se repasser la scène tragique, cherchant à en comprendre les mécanismes, cherchant à comprendre comment ils en étaient arrivés là.

"I hate everything about you
Why do I love you
I hate everything about you
Why do I love you
"


Il l’aimait. Oh oui, il l’aimait ! Plus que tout. Il le lui avait même prouvé, du moins il avait essayé de le lui prouver. Il avait cru faire amende honorable en lui montrant jusqu’où il était capable d’aller pour lui. Il se rappelait la colère, la déception… avant que celles-ci ne se muent en peur et désolation. Puis c’était un coup de feu. Une balle qui transperçait une peau qui n’était pas la sienne. La douleur. La volonté d’en finir, le doigt chatouillant la détente. La certitude d’avoir appuyé et d’avoir lancé son dernier adieu au monde. Oui mais… Oui mais voilà…

"Every time we lie awake
After every hit we take
Every feeling that I get
But I haven’t missed you yet
Only when I stop to think about it…
"

Oui mais voila, sa mémoire avait beau être de qualité honorable, la réalité racontait une toute histoire.

"I hate everything about you
Why do I love you
I hate everything about you
Why do I love you
"


C’était toute l’histoire de sa vie. Toute l’histoire de leur vie. L’histoire de deux frères qui pouvaient se haïr, mais jamais autant qu’ils s’aimaient. Deux frères prêts à tous les sacrifices l’un pour l’autre, même si ceux-ci signifiaient le pire. Deux frères si proches que…

"Only when I stop to think about you
I know
Only when you stop to think about me
Do you know…
"


Jamais l’un sans l’autre, ils se l’étaient promis. C’était il y a bien longtemps… Ils n’étaient alors que des enfants et ils s’étaient fait ce serment avec autant de sérieux que s’ils avaient été adultes. Peut-être n’en avaient-ils pas vu toutes les implications. Peut-être que si. C’était un geste d’amour. Un geste d’amitié sincère. Inconditionnel. Total. Et là où chacun avait cru discerner de l’obligation ou de l’obstination, il n’y avait que du naturel et de l’amour. Beaucoup d’amour. Ils avaient besoin de l’autre. Et pour l’heure, ils étaient bien trop loin l’un de l’autre pour se sentir vraiment sereins. Cela faisait bien trop longtemps qu’ils n’avaient pas été ensemble. Une nuit. Une nuit qui se muait en éternité. Un vrai supplice. Un supplice qui venait s’ajouter à un autre, bien plus douloureux. Voir mourir Sammy encore et encore et encore… Impuissant quant à l’issue fatale. Miné par la vision d’horreur qui lui laissait sur les mains du sang, mais pas le sien. Il avait tué son frère… et pourquoi ? Pour une envie suicidaire dont Sammy ne faisait même pas partie mais dont il avait été l’innocente victime. Il avait tué son frère par mégarde, mais ça n’excusait en rien son geste. Il avait merdé ; Sammy avait payé. Il avait tué son frère. Non il l’avait rêvé. Il l’avait rêvé, ou du moins il l’espérait. Il avait simplement du mal à s’en persuader. Quand cœur et esprit se trouvaient chamboulés, il fallait bien plus que la volonté pour retrouver la sérénité. Et dans cet état émotionnel fragilisé, on ne pouvait décemment pas en vouloir à Dean de se sentir l’âme d’un saint Thomas. Et en attendant ce moment inespéré qui lui prouverait qu’il avait tort, il continuait de ressasser ses idées noires, les regrets et la culpabilité.

"I hate everything about you"


"Deux chambres s’il vous plaît !"

"Why do I love you…"


"Ça ne devait pas se passer comme ça… Ça ne devait pas se passer comme ça… C’est moi qui devais partir !"

"You hate everything about me"


"TU N’ES PLUS MON FRÈRE !!!"

"Why do you love me"

"Suis… déjà m-mort… N-Nat…tuuu…rel…"


"T’aime…"

Autant il aimait entendre ces mots, autant ils le faisaient frissonner – à trop rappeler dans quel contexte ils avaient été prononcés.

Les larmes commencèrent à rouler le long de ses joues. Sans retenue. Sans honte. Et plus elles roulaient, plus sa main se rapprochait de son sac. Et à trop fouiller, il finit par trouver son bonheur. Il la soupesait… la jaugeait… caressant ses lignes qu’il jugeait parfaites. Il en fit tourner le barillet sans jamais se lasser, comme fasciné. Et cette balle qu’il tenait dans son autre main ! Une si petite chose qui causait tant de dégâts. Condensé salvateur. Abréviateur de souffrances. Elle lui faisait de l’œil. Elle le charma tant et si bien qu’il finit par la glisser dans le barillet et arma. Il ne savait trop quoi en faire malgré tout, serrant et desserrant ses doigts autour de la gâchette à l’infini. Hésitant entre la mort douloureuse mais salvatrice et l’attente toute aussi douloureuse, si ce n’est plus, mais nettement plus ‘sage’. L’arme oscillait entre sa tête et le sol, mais finit néanmoins par se stabiliser au niveau de sa tempe droite. Sagesse et Winchester n’avaient jamais fait bon ménage. Tire d’abord et pose les questions ensuite, disait son père. Il ne verrait sans doute pas d’inconvénient à ce qu’il prenne à son compte cette maxime, avec quelques différences…

"Tire d’abord, regrette ensuite !"


Bon. Ok. C’est pas vraiment que John avait son mot à dire… De toute façon, comme tout mort, son champ d’action restait limité. Il les avait déjà sauvés d’Azazel alors que les portes de l’enfer s’étaient ouvertes, on ne pouvait guère en demander plus. Et puis… c’était Sammy l’important. Ça l’avait toujours été. Sans lui, plus rien ne comptait. Sa vie encore moins. Son père aurait été d’accord avec lui. Après tout, ne s’était-il pas sacrifié pour l’un de ses fils ? N’avait-il pas fait un pacte avec un démon pour que lui vive ? Il se serait tiré une balle que ç’aurait été la même chose. Alors que lui franchisse le pas là où son père avait choisi un intermédiaire, Dean n’y voyait aucun souci. Il se voyait tout auréolé de la fierté de son illustre paternel. Quelque chose qui lui avait trop souvent fait défaut. Il y eut un cliquetis et…

"Tu n’as rien compris pas vrai ?"


"Comp… ? Putain, encore vous ! Il y a décidément pas moyen de mourir en paix avec vous !!!"

"Non."


"Et vous pensez sincèrement que votre simple parole suffira à me faire changer d’avis ?" (tenant toujours son arme dangereusement collée contre sa tempe)

"Non."


"Alors pourquoi continuer ?"

Il y eut un silence puis la voix reprit, cette fois-ci accompagnée d’un corps.


"Parce que tu en vaux la peine, Dean Winchester…"

"Putain, vous pouvez pas prévenir avant de jouer les apparitions ? D’ailleurs, j’croyais que vous ne pouvez pas, que soi-disant ‘l’Autre’ vous en empêchait. Vous vous êtes foutu de ma gueule en fait c’est ça ?"


"Non."

"Vous avez pas d’autre mot à la bouche ? A la longue ça devient lassant vous savez…"


"Il est occupé ailleurs. Viendra un moment où il reviendra jouer avec toi. Plus grande est sa concentration, meilleure est l’illusion. Et crois-moi, il aime le travail bien fait. Alors, sois heureux de ne pas être seul avec lui…"

"Parce qu’avec vous c’est le rêve peut-être ? Regardez-vous quoi ! Un vieil homme, pour ne pas dire un vieillard… Vous êtes loin d’être à la page. Sérieux, une barbe blanche ça fait cliché et vos vêtements… J’en reviens même pas que c’est possible de mettre pareil accoutrement. Ne le prenez pas mal, mais vous faites votre âge… Non, moi, quitte à avoir de la compagnie, j’aurais autant préféré une bimbo sans cervelle. Au moins, elle ne vient pas vous faire la morale et c’est un tout autre paysage…"


"Si ça peut t’aider…"

Et sous le regard étonné du jeune homme, le vieillard se métamorphosa en une belle et jeune donzelle…


"Alors tu es prêt à discuter maintenant ?"

"Co…"


"C’est bien toi qui voulais une blonde plantureuse pour interlocuteur ?"

"C’est… dérangeant…"


"Vous les humains, vous misez tout sur l’apparence mais…" (redevenant lui-même)

"…elle n’est qu’illusion."


"Vous êtes quoi, un super transformiste ? Un vieillard aux hormones chamboulées ? Bi ?"

"Mon nom est Myrddin et j’estime avoir assez joué."


D’un geste de la main, il fit se volatiliser l’arme de Dean pour la faire réapparaître entre ses mains.

"Tricheur." (boudeur)


"J’ai vu une faille dans ton jeu et j’ai joué mon joker… C’est tout simplement réfléchi…"

"Question de point de vue."


"Ce que tu tentais de t’infliger ne l’était pas…"

"Vous ne savez rien !"


"Bien au contraire…"

"Ah ouais et vous l’avez vu où ? Dans votre boule de cristal ? Désolé mais vous n’êtes pas l’homme –ou la femme – de la situation."


"Et qui connaît mieux les illusions qu’un maître en ce domaine ? Ne me sous-estime pas, jeune…"

"Arrête là ! On pourrait presque croire qu’aux prochaines paroles, tu me sortiras des conneries style ‘La force est en toi’ ou ‘Jeune Padawan’. Tu te la joues maître Yoda ?"


Myrddin fronça les sourcils, dépassé.

"Maître Yoda ? Luke Skywalker ? La guerre des Etoiles ? Georges Lucas ? Non ? Toujours rien ? C’est bien ce que je disais… Pas à la page."


"Pourquoi faire la guerre dans les étoiles quand il y a fort à faire ici bas ?"

"Ce n’est pas… Non. Rien. Oubliez ça."


"Si tu le dis… En attendant, tu as besoin de moi."

"Non merci, j’ai pas besoin d’assistant."


"Les illusions sont le miroir de l’esprit Dean…"

"Oui et Lao T’seu l’a dit, il faut trouver la voie…"


"Toujours aussi sarcastique."

"Réaliste."


"Tu veux des preuves ? Aucun souci. Tu veux voir ce que tu veux bien voir. Laisse-moi éclaircir ta réalité…"

Il éleva ses bras et le décor changea.


"On est dans la salle de bains et alors ? C’est ça ton super plan ?"

"Regarde et écoute…"


Il désigna du doigt le grand miroir et Dean vit la glace onduler comme sous l’effet d’une vague ou du vent.

"Que…?"


"Regarde…"

Et pour la première fois depuis longtemps, il suivit un ordre qui n’était pas de son père…


Son reflet s’effaça pour laisser progressivement place à un autre lieu. Une chambre quasi identique à la sienne. Peut-être un peu plus en désordre. Peut-être un peu plus calme. Vide semblait-il. Dean approcha sa main du miroir, frôlant le matériau qui aurait dû être glacé et créant de multiples vaguelettes à la surface.

"Que…"


"Ecoute…"

Il fronça les sourcils alors que quelques notes parvenaient à ses oreilles et que ces notes prenaient la forme d’une chanson qui lui était familière.


I walk a lonely road
The only one that I have ever known
Don’t know where it goes
But it’s home to me and I walk alone

I walk this empty street
On the Boulevard of Broken Dreams
When the city sleeps
And I’m the only one and I walk alone…


"Greenday ?! Ça c’est de la musique. Quelle que soit la personne qui habite ici, elle a du goût."

Myrddin arqua un sourcil, provoquant la réaction quasi immédiate de Dean.


"Greenday ? Rock ? Ça vous dit quelque chose ? Laissez tomber, j’sais même pas pourquoi je demande…"

"D’accord. Concentre-toi mieux que ça. Regarde avec tes oreilles."


"Et je suis censé faire comment, hein ? Vous avez encore un de vos tours dans votre sac ? Un simple geste et tout va m’apparaître par l’opération du Saint Esprit ?"

"Ne parle pas de ce que tu ne connais pas…"


"De quoi ?"

"Le Saint Esprit…"


"J’vous en prie !"

Le vieil homme resta de marbre.


"Sérieux ?"

Myrddin leva les yeux au ciel.


"Vous pouvez faire quelque chose pour moi ?"

"Ça se pourrait…"


Et sans crier gare, il lui asséna une tape à l’arrière du crâne.

"Héééé ! C’est hors concours !"


"T’as pas bientôt fini de jouer les imbéciles ?!"

"Non, c’est pas…"


"Laisse-moi deviner, c’est naturel chez toi ?"

Dean sourit avant de comprendre, et c’est avec une moue boudeuse qu’il regarda l’honorable vieillard.


"Regarde donc, bougre d’idiot !"

"Mais avec mes yeux."


"C’est ça… fais le malin !... Mais c’est pas comme ça que tu découvriras la vérité !"

"Apprenez-moi alors…"


Myrddin parut réfléchir, le détaillant de la tête aux pieds d’un air désabusé.

"Quoi ?!"


"Oh rien, c’est juste… Il faut beaucoup de patience et de concentration et ces deux qualités n’ont pas l’air de faire partie de tes attributions."

Dean arbora une mine vexée. Il prenait sur lui pour rester le plus respectueux possible et il se faisait rembarrer par ce M… Machinchose ? Merdeux ?


"N’essaie même pas de m’appeler comme ça !"

"L’espace privé, vous connaissez ?"


"Et toi la patience ? Samuel aurait été à ta place qu’il en aurait été autrement…"

Le regard de Dean s’assombrit.


"Vous connaissez mon frère ?"

"J’ai effectivement fait sa connaissance. Un garçon charmant… Plein de ressources. Plein d’avenir…"


"Qu’est-ce que vous en savez ?"

"Oh crois-moi je sais. C’est une de mes spécialités… sans vouloir me vanter…"


"C’est trop tard pour ça."

"C’est aussi pour ça que je veux t’aider… Que je veux vous aider…"


"Altruiste c’est ça ?"

"En quelque sorte."


"Vous n’allez pas me donner vos raisons, pas vrai ?!"

"Non. Mais ça ne change rien à ce que je t’ai dit. Je veux vous aider… même si tu es un incommensurable emmerdeur."


Le principal intéressé ouvrit la bouche pour parler mais n’en eut pas le temps.

"Prends une grande inspiration, ferme les yeux et concentre-toi…" (posant une main sur son épaule)


"Tu entends cette musique ?"

I walk alone…
I walk alone.


I walk alone…
I walk up.

"I walk up…"


"C’est ça… Continue… Laisse-toi guider par elle et quand tu seras prêt…"

My shadow’s only one that walks beside me
My shallow heart’s the only thing that’s beating
Sometimes I wish someone out there will find me
‘Til then I walk alone…


Je l’ai tué… Je l’ai tué… J’ai tué Dean…

"…regarde dans le miroir…"


"Sammy ?" (ouvrant grands les yeux)

Son regard croisa dans le miroir celui de son frère. Désespéré. Anéanti. Abattu. Les larmes creusant des sillons sur ses joues à force de trop pleurer. Son corps se balançait d’avant en arrière, totalement déconnecté du monde extérieur. Et pour l’avoir déjà observé chez son frère, il pouvait affirmer que Sam était terrifié. A l’entendre, ce n’était pas tant son absence qui était en cause, mais quelque chose qui avait conduit à cette absence… Sam ne semblait pas y être étranger.


"Sam ! SAMMY ! SAMMMY ! Réponds-moi !" (affolé)

"Il ne peut pas t’entendre…"


"Pourquoi vous me montrez ça ? Ça vous amuse de faire souffrir les autres ?"

"Je ne te montre rien. C’est toi qui t’ouvres à la réalité."


"Je me fous de tout ça ! C’est Sammy l’important !"

"Alors regarde…"


I’m walking down the line
That divides me somewhere in my mind

"On the border line
Of the edge and where I walk alone…


Que penses-tu de ça, Sam ? Douloureux, n’est-ce pas ? Voir mourir ce très cher Dean ne te suffisait plus, il a fallu que tu le fasses de tes propres mains… Etrange amour fraternel si tu veux mon avis…" (en enlevant une sucette de sa bouche)

"Espèce de… Sam ! Sammy ! Attention ! Derrière-toi !"


"Ttttt… Ttttt… Ttttt… Nous avons un invité surprise on dirait… Tu sais qu’il faut toujours frapper avant d’entrer ?"

"Je te laisse deviner où et avec quoi j’aimerais te frapper…"


"Ah, espoir, espoir quand tu nous tiens ! Il nous fait vivre… Même moi. Regarde comme je respire la santé !" (souriant)

"Dommage…"


"Oh ça m’attriste vraiment que tu penses ça de moi… Toi et moi nous sommes pareils. Le sens de l’humour, nous l’avons tous les deux…"

"Excuse-moi si mon avis sur la question diverge du tien…"


"Ne le provoque pas, Dean."

"Mais qu’entends-je ? Que vois-je ? Dean partenaire d’un démon ? Ttttt… Je t’avais connu meilleur chasseur…"


Dean eut à peine le temps de réagir que la voix de Myrddin se fit de nouveau entendre.

"Demi-démon seulement. L’autre part est humaine. Toi tu es demi-dieu et à part ça ?"


"Ouh ça fait mal, l’ami !"

"Je n’ai jamais été ton ami, Loki. Personne ne peut l’être. Qui peut faire confiance à quelqu’un qui vit d’illusions."


"C’est vrai, je suis seul mais au moins je m’amuse. Tu as passé bien trop de temps aux côtés des humains. Ils t’ont rendu faible. Tu aurais pu devenir quelqu’un…"

"Comme toi ? Non merci."


"Tu aurais pu accomplir de grandes choses mais au lieu de ça, tu t’es attaché à une cause perdue d’avance. Ne me dis pas que tu n’as jamais regretté ton sacrifice, Merlin."

"Merlin ? L’Enchanteur ?"


Le principal intéressé leva les yeux au ciel en soupirant.

"Que veux-tu l’ami, ta réputation te précède…"


"Wow ! Merlin… un demi-démon… ça c’est du scoop !"

"Pas vraiment. Tu aurais lu ne serait-ce qu’un seul des bouquins poussiéreux de ton ami Bobby que tu le saurais… Deano. Mais je comprends très bien que tout le monde ne puisse avoir la science infuse. C’est pas comme ce très cher Sam. Encore que…"


"Laisse mon frère tranquille !"

"Ou sinon quoi ? Tu me tues ? Déjà essayé… Déjà raté. Essaie autre chose."


"Pourquoi tu t’acharnes sur lui ?"

"Honnêtement ? J’crois que je vous aime bien. "


"Et c’est pour ça que j’ai vu mourir Sam et que lui me croit mort ?"

"C’est un peu plus compliqué…"


"Vas-y, je t’écoute."

"Je vous observe depuis assez longtemps pour savoir que vous deux vous êtes comme les deux doigts de la main…"


"On est frères, mais tu ne sais sans doute pas ce que c’est." Oh si !...

Le Trickster ignora superbement la remarque du jeune homme.


"Quel frère irait en Enfer par simple bonté d’âme ? Quel frère serait prêt à sacrifier sa propre vie, ses propres idéaux pour sauver sa famille d’un destin tragique ?"

"Si j’ai fait ça, c’est pour lui ! Uniquement pour lui !"


"Il était mort. Il n’avait plus son mot à dire. Tu l’as quand même ramené. Je trouve ça plutôt égoïste, pas toi ? Mais soyons sérieux, tout ne tourne pas autour de toi. As-tu ne serait-ce qu’une idée de tout ce que ce cher Sammy a fait pour toi ? Quand il t’a emmené voir ce révérend… Quand il a travaillé avec ‘l’Ennemi’… Quand il a voulu te rendre ton cadeau empoisonné…"

Ce dernier point fit réagir Dean et il écarquilla tout grand ses yeux.


"Com…"

"Ne fais pas l’étonné. Pas avec moi. Tu ne croyais tout de même pas que Sammy allait rester à te regarder mourir – même si ça sera de toute façon le cas ? Nul ne peut aller rester contre le destin. Sammy a voulu jouer au malin en faisant des choses pas très malignes. Aller voir des charlatans. Invoquer des démons. Essayer de faire un pacte… même de se tuer… Et tout ça pour toi. Tout ça pour rien. Il est toujours là, toi aussi, avec cette même épée de Damoclès au-dessus de vos têtes. Et tu sais pas le plus beau dans tout ça ? Vous n’avez toujours pas retenu la leçon."


"Parce qu’en plus tu vas nous faire la morale ? Tu parles de leçon mais tu ne sais même pas de quoi il s’agit. Tout au plus est elle malsaine. On ne reproche pas aux gens de s’aimer ! On ne reproche pas aux gens de veiller les uns sur les autres ! On ne reproche pas aux gens de protéger leur prochain ! Tu saurais ça si t’avais une famille. Ça se voit que tu sais pas ce que c’est…"

Il y eut un silence et Dean crut voir le visage du Trickster – ou de ce Loki, qu’importait son nom – se voiler d’un masque de tristesse. Cela lui parut tellement étrange qu’il se demanda s’il l’avait rêvé et en regardant à nouveau le demi-dieu, il n’aperçut que son inégalable sourire moqueur.


"Oh si je le sais ! Et je vois aussi que cette pulsion du sacrifice vous mènera à votre perte et que vous refusez de le voir. Je sais aussi que l’ami Merlin le sait. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi il ne tente rien."

"Sans doute parce qu’il connaît mieux les humains que toi. Il sait qu’il ne sert à rien de brider les humains car sans libre-arbitre ni espoir, ils vont à leur perte. Sammy et moi nous jetons peut-être à corps perdu dans le danger, mais on garde toujours l’espoir que l’issue de l’histoire sera différente. Qu’importe la réalité. Qu’importe l’évidence. Il faut juste prendre la vie telle qu’elle vient avec ses joies et ses désespoirs. Je sais que j’ai fait souffrir Sam, mais je garde l’espoir de pouvoir m’excuser et qu’il me pardonne un jour."


"Comme c’est touchant !..." (faisant semblant d’essuyer une larme)

"Non. C’est humain. T’as du mal avec cette notion je crois…"


"C’est pas bientôt fini avec les insultes ? Si ça continue, je vais finir par me fâcher…"

"Ouh j’ai peur !... Et tu vas faire quoi, hein, nous tuer ? C’est pas comme si ça n’était jamais arrivé… Hé mec, prends un ticket et attends ton tour, t’es pas le seul à vouloir notre mort !..."

"J’t’apprécie beaucoup Deano mais…"


"Libère-les, Loki…"

"Pourquoi ?"


"Parce qu’il a raison. Parce que les humains ont besoin d’espoir. Parce que tout le monde a droit à une seconde chance."

"Les Méchants les utiliseront toujours l’un contre l’autre. Ils n’auront aucun répit."


"Mais on sera deux pour lutter. S’il vous plaît, rendez-moi mon frère ! Il est tout ce qu’il me reste !"

"Soit."


"Vous êtes d’accord ?"

"A une condition."


"Dites toujours…"

"Tu dois me promettre que ni l’un ni l’autre ne cherchera à me retrouver – et à me tuer, ça va sans dire."


"Sûr. Rends-moi Sammy maintenant."

"Que d’impatience !... " (en levant les yeux au ciel)


"Loki…"

"Ok. Ok. Mais n’allez pas dire que je ne vous ai pas prévenus…"


Le Trickster claqua des doigts et Dean se retrouva dans la chambre de son frère, en chair et en os cette fois-ci. Il ne se laissa pas le temps de se remettre et se précipita vers son frère, dont l’état émotionnel était plus que préoccupant.

"Sam ? Sammy ? Tu m’entends ? Dis-moi quelque chose !"


"Je l’ai tué. Je l’ai tué. Je l’ai tué."

"Sammy ? C’est moi, Dean."


"Dean est mort. Il est mort. Je l’ai tué."

"Sam. Sam. Sam. Ecoute-moi. Tu n’as rien fait. Tu n’as tué personne. Juste l’œuvre d’un trickster qui a joué avec ton esprit. Mais c’est fini maintenant. Tu n’as plus rien à craindre… Je suis là. Je suis là Sammy. Regarde-moi ! Regarde-moi ! J’t’en supplie, regarde-moi, p’tit frère !" (en lui prenant le visage dans ses mains)


Le principal intéressé plongea un regard humide dans les yeux de Dean.

"Tu… Tu… T’es toujours fâché ?"


"Je… Je ne… Pardonne-moi Sammy…"

"Tu sais, j’ai tout essayé. Mais je n’arrivais pas à l’empêcher et tu… tu…"


"Ssssshhhh… Tout va bien. C’est fini Sammy. Tout va bien se passer…" (en le berçant)

"Je ne pouvais rien faire… Je ne pouvais l’empêcher… Je ne pouvais rien faire pour l’arrêter… C’est arrivé si vite… Pas pu l’arrêter… Pas pu m’arrêter… Mort… Dean… Tué…"


"Oh Sammy !"

"Tu… tu es mort en pensant que je… je… je te haïssais mais… C’est pas vrai… C’est pas vrai… Je n’ai rien pu faire… Rien pu faire…"


"Je sais, Sammy, je le sais… C’est fini…"

"Euh, je vais peut-être vous laisser…" (gêné)


"Merci…"

Et il disparut aussi vite qu’il était apparu.


"Dean ?"

"Mmmhh ?!"


"A qui tu parlais ?"

"Personne. Juste une illusion. Juste une illusion… Hé Sammy, qu’est-ce que tu dirais d’aller dormir ?"


"Pas sommeil…" (les paupières lourdes)

"Menteur…" (passant une main dans les cheveux de Sam)


"Dean ? Me laisse pas… Me laisse pas…" (s’accrochant désespérément aux vêtements de son grand frère)

"Jamais. Jamais, Sammy. Dors maintenant !"


Ne fais pas de promesses que tu ne pourras pas tenir, mon garçon…

"Je t’aime Sammy !"


"Mmmmh… t’aime aussi Dean… Mmmmh… Nuit…" (en se lovant confortablement tout contre lui)


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 14:57

"Sont-ils pas mignons comme ça tous les deux ?!... Ecœurant !"

Dean sursauta et resserra presque instinctivement son étreinte autour de son frère. Il lança un regard noir à la nouvelle venue qui lui fit son plus beau sourire. Elle s'avança vers eux, le visage toujours illuminé par cet inimitable sourire, un sourire qui ne suffit pas à mettre l'aîné Winchester en confiance. Sans même prendre le temps de réfléchir, il se mit en bouclier entre elle et son frère – les habitudes avaient la vie dure.

"Tout doux, mon mignon, j'vais pas te le bouffer ton Sammy."

"C'est Sam !"

"Qu'importe. Il n'est pas à mon goût. C'est pas mon morceau préféré, ok ? Bon, j'avoue, c'est vrai que je ne rechigne jamais devant un bon bol de sang bien frais. Mmmhh, ce délicat fumet ! Cette texture inégalable ! Cette pure sensation d'extase ! Ça nous rapproche les uns les autres..."

Dean eut un haut-le-cœur et constata, affolé, que trop secoués par cette affaire avec le Trickster, ils n'avaient même pas pris le temps de sécuriser leur chambre. Et maintenant... Maintenant...

"Alors c'est quoi le plan ? Vous allez nous sucer jusqu'à la moelle ?"

La jeune femme prit un air choqué et posa les mains sur ses hanches devant un Dean totalement impassible.

"Sérieusement, est-ce que j'ai l'air d'un vampire ?"

"Sérieusement ? Vous vous ressemblez tous. Tous plus infects les uns que les autres. Tous à abattre. Tout juste bons à être chassés. Mais j'avoue, je ne savais pas à quel point être considéré comme un vampire pouvait être jugé insultant. Intéressant..." (esquissant un sourire)

"Je ne fais pas partie de ces êtres avilis condamnés à être dépendants d'une autre espèce pour survivre. Mais toi qui les connais si bien, si... intimement, je t'aurais cru meilleur observateur que ça."

A ces mots, le sang de Dean se glaça dans ses veines. Comment pouvait-elle savoir ? Comment pouvait-elle connaître de tels détails que lui-même n'avait osé avouer à son frère, retrouvé depuis peu il est vrai. N'empêche que...

"Psychique ?"

"C'est démodé... Depuis qu'Azazel est mort – damnée soit son âme –, ils ne sont que de l'histoire ancienne. Au sens propre comme au figuré d'ailleurs. J'ai le regret de t'apprendre que leur race est éteinte. Triste n'est-ce pas ? J'en ai la larme à l'œil... Ouais, t'as raison, j'en fais de trop. Mais snif quand même. Les aimais bien, moi. Nan, pas psychique non plus. Mais je t'en prie, essaie encore !"

Elle lui décocha un clin d'œil qu'il ne fut pas prêt d'oublier, d'autant que ses iris virèrent au noir.

"Un démon !"

"Non, c'est vrai ? Perspicace pour un chasseur. Peut-être un tit peu long à la détente quand même. Tu te rouilles, mon cœur."

"Tu veux voir comment il va te dérouiller le rouillé ?" (en pointant son arme vers elle)

"Avec ça ? Mon pauvre chéri, c'est pas avec ça que tu vas pouvoir me tuer. Mon hôte, ça c'est une toute autre hist..."

Une détonation retentit, provoquant deux réactions diamétralement opposées.

"Aïe ! Mais t'es malade ! Ça fait mal !" C'est le but, poupée.

"Dean ? Tout va bien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

"Sammy ?"

"Ce qu'il s'est passé ? CE QU'IL S'EST PASSÉ ? Il s'est passé que pendant que môssieur jouait les princesses endormies, son frère m'a tiré dessus !"

"Oh doucement avec les gentillesses, beauté !"

"Je n'sais vraiment pas c'qui m'retient de... T'as une putain de chance de l'avoir pour frère, sinon ça ferait belle lurette que je t'aurais fait ravaler ta salive !"

"Ouh j'ai peuuuur !"

"Dean !"

"Aha !"

"Et en plus, tu le soutiens ! La prochaine fois que Mister Genius se mettra dans des situations pas possibles, rappelle-moi de laisser pourrir sa vieille carcasse."

"Ruby ?"

"Vieille carcasse, toi-même !"

"Non mais t'as vu comment il m'insulte ce misérable moustique ?!?"

"Depuis quand je devrais le respect à un démon ?"

"Dean !"

"Primo, parce que je suis une femme. Secundo, parce que mon savoir a sauvé tes fesses, ce que je commence sérieusement à regretter."

"Ruby !"

"Ben voyons ! Ça sauve un humain et ça s'croit la reine du monde !..." (levant les yeux au ciel)

"Dean ! Hé ! Ruby !?"

N'en pouvant plus, il siffla un grand coup, ce qui eut pour effet de suspendre les hostilités.

"Bon ça y est ? Je peux avoir toute votre attention ? Bien... On va pouvoir avancer. Ruby ?"

"Pourquoi elle en premier ?"

Sam se refusa à relever la remarque de son frère. Le sourire d'une certaine démone envenimait déjà suffisamment les choses.

"Alors ? Pourquoi t'es là ?"

"Tu as besoin de moi."

"Tu vois, j'te l'avais dit. Faut toujours qu'elle ramène tout à elle."

La principale intéressée lui lança un regard noir. Littéralement.

"Dean..." (soupirant)

"Vous avez un problème."

"Nous ? On a un problème ? Tu rigoles ?! C'est notre deuxième prénom. On est chasseurs, merde ! Si tout se passait comme dans le meilleur des mondes, la vie serait bien ennuyeuse."

"Je peux le tuer ?" (en se tournant vers Sam, sérieuse)

"Dean marque un point. Un problème, c'est pas c'qui va nous arrêter. On en a vu d'autres. Alors un de plus un de moins..."

Elle baissa la tête en se mordant la lèvre, puis elle eut un petit rire ironique.

"Tu te souviens quand je t'ai dit que les psychiques étaient aux abonnés absents..."

Sam arqua un sourcil.

"Pas toi. Ce microbe qui te sert de grand frère. Quoi qu'il en soit, j'ai menti. Il en reste un. Ce très cher Sammy..."

"Pardon ?"

"Je... Euh... Non ! J'ai plus rien. Depuis la mort du YED, plus de visions, plus de migraines. RAS. Rien à signaler."

"Ils sont toujours là. Juste dormants. Et en bas, crois-moi, ils le savent."

"Je ne comprends pas..."

"Evidemment que tu ne comprends pas. Vous autres humains, vous ne comprendrez jamais. Azazel était à la tête d'une faction en Enfer. Une faction puissante. Sa mort a bouleversé la donne. La tête du chef est tombée et maintenant tout le monde veut sa place."

"Quel rapport avec Sammy ?"

"Qu'il le veuille ou non, il est l'héritier d'Azazel. L'homme à abattre. Le dernier obstacle avant le trône."

"En gros, tous tes tits copains veulent tuer Sam. Rien de nouveau là-dedans. Il a toujours été un aimant à démons." (sourire aux lèvres)

Le principal intéressé fit une moue boudeuse.

"Bah quoi ? C'est vrai..."

"Il y a plusieurs prétendants au trône, mais il y en a un qui se démarque du lot... ou plutôt une."

"Parce que vous êtes plusieurs salopes en bas ?"

"Je peux vraiment pas...?"

Sam fit signe à son frère de jouer profil bas. Dans le vent, à son grand dam.

"Donc je disais... il y a une prétendante cinq étoiles. Donnée favorite à 3 contre 1. Réputée parmi les nôtres. Célèbre parmi les humains. La candidate parfaite en soi. Séductrice. Tentatrice. Redoutable. Impitoyable. Son nom à lui seul suffit à faire trembler l'Enfer. Car c'est par elle que tout a commencé. Car c'est par elle que tout va finir..."

"Y'a pas à dire, le ton dramatique ça l'fait. Ça mettrait presque une tite touche humaine à c'que tu racontes..." (rictus moqueur)

"Ne la prends pas à la légère ! Après Lucifer – et oui mon grand, il existe –, elle est la plus puissante."

"Et alors ? Elle n'est qu'un démon et un démon ça s'exorcise. Tu veux tester ?"

"Il vous faudra bien plus qu'un exorcisme pour venir à bout de Lilith."

"Lilith ? La reine de tous les démons ?"

"Je vois qu'il y en a au moins qui suit... Mais elle n'est pas que ça..."

"Non, c'est vrai. C'est aussi une putain de salope."

"Quel langage ! Si elle t'entendait, elle..."

"M'apprécierait ?"

"A sa façon sans doute, mais on peut dire ça. Je l'envie pour ça."

Dean lança un regard qui voulait dire 'na-na-na-na-nère' que Ruby ignora superbement.

"De toute façon, tu l'apprendras bientôt à tes dépens. Lilith n'est pas seulement la pire d'entre nous, elle est aussi celle qui détient ton contrat." (tout sourire)

"Répète ça !"

"C'est étrange comme certaines révélations réveillent des sentiments enfouis. La peur... La colère... L'inquiétude... Et que vois-je ? Un rééquilibre des priorités ? Intéressant..."

"Laisse-le en dehors de ça !"

"Comment ? Tu es tout ce qu'il me reste, Dean ! Et tu me demandes d'abandonner ? De t'abandonner ? Aucune chance. Je ne ferai pas deux fois la même erreur."

"Sam..."

"Il n'y a pas de 'Sam' qui tienne. Tu es mon frère. Je ferai n'importe quoi pour toi. Tu m'entends ? N'importe quoi !"

"C'est justement là le problème. N'importe quoi. Tu veux foncer sur ce démon comme s'il ne s'agissait que d'une promenade de santé. Sans préparation. Sans même réfléchir aux conséquences."

"Si je ne le fais pas, tu vas mourir."

"Si tu le fais, tu vas mourir. Et si tu meurs, je meurs."

"Dean..."

"Non, c'est à toi de m'écouter maintenant. Je sais que ce que tu veux faire paraît louable à tes yeux mais... c'est du suicide. J'ai choisi de donner ma vie pour toi. Ne rends pas mon geste inutile, tu veux ?! Sam. Sammy... Promets-le-moi. Promets-moi de ne rien faire d'inconsidéré."

"Seulement si tu me le promets aussi."

"Pardon ?"

"Je promets si tu promets. C'est simple non ? Arrête d'agir comme si tu étais le seul impliqué dans cette affaire."

"Hé, c'est moi le principal concerné j'te rappelle. C'est moi qui vais mourir."

"Merci pour le rappel."

"Sammy..."

"C'est Sam !"

"Ne m'en veux pas..." (les yeux au bord des larmes)

Sam évita le regard de son frère. Par pure rébellion. Par peur de ne pouvoir le soutenir. Dean était encore fragile et il ne voulait pas être celui qui le briserait pour de bon – même s'il n'en avait pas été loin.

"Ne m'en veux pas... Je ne peux pas faire ça... Ne m'en veux pas..."

Comment pourrait-il lui en vouloir ? Lui-même ne se sentait pas le courage de faire une promesse qu'il était sûr de briser. Dean au moins était plus honnête. Il jouait cartes sur table. Cash. Mais la vérité était bien plus dure à digérer que le mensonge. Elle faisait bien plus mal. Alors oui, il voulait bien comprendre son frère, mais il ne pouvait accepter son geste. Il venait à peine de le retrouver et lui ne pensait qu'à l'abandonner. Encore. Ok, pas de son plein gré mais c'était tout comme. Et dire qu'ils n'avaient pas encore tout réglé. Et dire qu'ils ne s'étaient pas encore pardonnés. Et dire qu'il n'avait pas eu le loisir de s'excuser et de lui dire combien il tenait à lui. Toutes ces choses qu'on pense ne jamais avoir à dire parce qu'elles sont évidentes. 'TU N'ES PLUS MON FRÈRE !' Si ce n'est que dans leur vie, l'évidence n'était pas la réalité. Il l'aimait. Oh oui, il aimait Dean. Peut-être pas comme il fallait. Peut-être pas comme il aurait dû. Mais il l'aimait. Dean avait toujours fait partie de son paysage. Comme l'éternel grand frère, l'éternel protecteur. Comme l'ami sur lequel on pouvait toujours compter. Il avait été bien plus aussi. Un père. Une mère. Aussi bizarre que l'image pouvait paraître, Dean était tout ça et plus que ça tout à la fois. Une personne avec de multiples facettes. Et lui, le petit frère, l'aimait de tout autant de façons. Peut-être pas de celle dont rêvait son frère, mais bien plus fort. D'un amour unique. Absolu. Sans limites. Et il n'était pas prêt à dire adieu à l'objet de cet amour.

"Sammy..."

"Non !"

Dean baissa la tête, visiblement accablé, mais deux mains étrangères vinrent la lui redresser.

"Non. Toi, ne m'en veux pas."

Dean le regarda les yeux humides, sans comprendre.

"Je ne peux pas te laisser faire ça. Je ne veux pas te voir partir en mission suicide. Je refuse de te laisser affronter seul cette nouvelle épreuve. Tu n'es pas le seul dans cette famille. Je tiens à toi, Dean. Je t'aime."

Il avait beau l'avoir déjà entendu, l'aveu impulsif et sincère lui faisait nettement plus d'effet. Il le prenait de court. Il achevait de briser ses dernières défenses. Et tout ça le laissait sans voix et en larmes.

"Dean..." (en séchant ses larmes)

Silence.

"Si tu choisis de partir contre Lilith, je viendrai avec toi. Comme tu l'as dit, tu vas mourir. Je ne veux pas que ce soit seul. Je ne veux pas gâcher ces derniers moments avec toi. Je veux être là pour toi... comme toi tu l'as toujours été pour moi."

Reniflements.

"Dean... Dis quelque chose !..."

Et contre toute attente, aucun son ne sortit de la bouche du principal intéressé. Il serra son frère dans ses bras pour une scène d'attendrissement dont Sam n'avait plus guère l'habitude. Et ce dernier ne se défit pas pour autant de cette étreinte, trop heureux de cette intimité et de voir son frère enfin reprendre confiance. En lui-même. En sa famille. Le moment aurait pu être parfait si...

"Pitié, épargnez-moi ça !" (moue dégoûtée)

"La ferme !" (en chœur)

"Au moins vous êtes d'accord sur un point. Et donc, pour Lilith...?"

"Ça t'inquiète bien, dis-moi..."

"Je ne voudrais pas que mon champion disparaisse prématurément alors que son avenir est tout tracé..."

"Que de nobles intentions ! Mais Sam ici présent n'est le champion de personne et il te suivra encore moins."

"Tu veux parier ?" (les yeux virant au noir)

"Tu sais que ma proposition est toujours valable ?" (petit rictus)

"Que..."

"Exorcizamus te, omnis immunde spiritus, omnis satanica potestas, omnis incursio infernalis adversarii, omnis legio, omnis congregario et secta diabolica, in nomine et virtute Domini nostri Jesu Christi, eradicare et effugare a Dei Ecclesia, ab animabus ad imaginem Dei conditis, ac praetioso divini Agni sanguine redemptis. Vade satana, inventor et magister omnis fallaciae, hostis humanae salutis. Da locum Christo, in quo nihil invenisti de operibus tuus ; da locum Ecclesia uni, sanctae, catholicae, et Apostolicae, quam Christus ipse acquisivit sanguine suo. Humiliare sub potenti manu Dei, contremisce et effuge, invocato a nobis sancto et terribili nomini Jesu, quem inferi tremunt, cui Virtutes coelorum et Potestates et Dominationes subjectae sunt, quem Cherubim et Seraphim indefessas vocibus laudant, dicentes : Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth. Per Christum Dominum nostrum. Amen..."

Un cri retentit et large colonne noire s'échappa de la bouche de la jeune femme qui s'écroula au sol.

"Un peu trop facile, tu n'trouves pas ?!"

"Si et ça me dit rien qui vaille."

Et effectivement... Derrière eux, le corps s'anima faisant craquer quelques os au passage.

"Aaaaaaah ! Enfin !"

"Dis, elle était pas censée être morte ?"

"Bah, une balle en pleine poitrine ça pardonne pas..."

"Vous faites des messes basses, les garçons ? C'est vraiment pas gentil gentil..."

Sur ces paroles, les Winchester se sentirent irrésistiblement attirés par le mur, sous le sourire radieux de la démone.

"Joli, le son et lumière. Non, sérieux, j'ai bien failli y croire."

Pour toute réponse, ses yeux virèrent à un blanc laiteux.

"Où est Ruby ?"

"C'est toi qui me poses cette question ?" (sourire moqueur)

Dean n'avait pas franchement le cœur à rire ; son frère non plus.

"Exorcizamus te, omnis immunde spiritus…"

"J’t’arrête tout de suite mon cœur." (toussotant, un peu de fumée s’échappant de sa bouche)

Laissant à peine le temps aux frères de comprendre leur malheur – une démone immunisée contre les exorcismes, ça ne pouvait exister que dans les cauchemars, pas vrai ? –, elle reprit son monologue.

"Soit. Si le sort de cette pauvre idiote vous intéresse tant... Elle a été une vilaine fille et c'est normal qu'elle aille très très loin... Mais voyez le bon côté des choses, j'ai de la place maintenant. Je suis seule aux manettes. Et croyez-moi, vous gagnez au change."

"Et à qui on a l'honneur ?"

"A une bombe. Mais appelez-moi Lilith !"


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 15:08

La démone ne cessait de les surveiller comme un prédateur ses proies. N'en étaient-ils pas d'ailleurs, cloués au mur par les pouvoirs d'une démone légendaire. Elle souriait, parcourant latéralement la distance qui séparait les deux frères. Sans jamais se lasser. Sans jamais se départir de ses yeux d'un blanc laiteux dont elle était si fière et dont l'effet sur les humains avait été prouvé depuis bien longtemps. Elle s'approcha de Sam avec un déhanché aussi provocateur que hors de propos. Arrivée à sa hauteur, elle lui caressa le visage puis, sans prévenir, le lui prit entre ses mains avant de le gratifier d'un baiser passionné – de son point de vue du moins, parce que du côté de son partenaire d'infortune, la passion n'était pas au rendez-vous. Quand elle se retira enfin, elle se passa la langue sur les lèvres d'un air gourmand sous le regard écœuré des deux Winchester.

"Alors c'est toi Sam Winchester. Celui que le monde démoniaque attend. Celui sur lequel Azazel avait tout misé. Le Messie d'un genre nouveau. Pathétique ! Aussi doux que les autres agneaux de l'Autre là-haut. Et c'est ça qui est censé être le sauveur de notre race ? Laisse-moi rire. Tout au plus t'es un grain de sable. Un parasite. Ça s'ra un jeu d'enfant de t'écarter de mon chemin !..."

"Laisse-le tranquille !"

"Qu'est-ce qu'il y a ? T'es jaloux ? Ton tour viendra aussi mon cœur..." (en y mettant les formes)

A la simple pensée de se faire... – même le mot paraissait incongru, impensable – par une démone en rut lui soulevait le cœur. Mais il ne pouvait se le permettre. Sam était en danger. Alors, il préféra encore être la cible des menaces de la démone et de la démone elle-même plutôt que son frère n'en fasse les frais. Que n'aurait-il pas fait par amour ? Cette détermination était partie d'un bon sentiment mais c'était sans compter sur une certaine Lilith, très au fait sur le genre humain et prête à tout pour s'amuser.

"Patience, mon cœur, toi aussi tu auras ton heure de gloire… Mais pas maintenant. Honneur à notre grand chef ici présent." (sourire sadique)

"Laisse-le tranquille !" (déterminé)

Lilith tourna la tête vers le perturbateur et le foudroya du regard.

"Tu m'ennuies..." (faisant la moue)

Elle eut un sourire et leva la main vers Dean, qui ressentit une intense douleur au niveau de la poitrine. Quelque chose craqua et d'un coup, il hurla. Sans doute les côtes avaient dû perforer un organe puisqu'un mince filet de sang s'écoula de sa bouche sous le regard horrifié de son frère. En l'espace d'une toute petite seconde, Sam se retrouvait deux ans en arrière. Toujours à regarder Dean agoniser. Toujours aussi impuissant. Enfin, impuissant... Disons qu'il avait le potentiel mais pas les clés pour y accéder. Ironique hein ? Et dire que l'histoire allait encore se répéter et le destin de son frère resterait le même. A un détail près cependant. Dean n'allait pas seulement mourir, il allait perdre aussi son âme. Une ombre de plus au tableau. Voilà qui n'arrêterait pas Dean mais qui promettait à son frère de nombreux tête-à-tête avec le remords. De quoi satisfaire une démone en mal de reconnaissance. Partiellement du moins. Du coin de l'œil, il la vit plonger ses doigts dans la flaque visqueuse qui commençait à se former aux pieds de Dean et les porter à sa bouche.

"Délicieux ! Millésime 2008 ! Un soupçon de rébellion étouffée dans l'œuf et de courage inutile dans un mélange généreux en bouche, à la robe rubis et aux accents des damnés... souffrant néanmoins d'une pointe de sarcasme en arrière-bouche. Des relents inévitables dans une cuvée Winchester. Tu veux goûter ?"

Goûter ? Elle lui demandait de goûter ? C'était du sang, bordel ! Et pas n'importe lequel : celui de son frère. C'était pas parce qu'il y avait touché étant jeune – et encore, pas volontairement. Boire du sang de démon à ses six mois, ça comptait pas – qu'il y avait pris goût. Non, c’aurait été torturer son frère à une nouvelle échelle et donner une raison de plus à la démone de jubiler. Mais ce que Sam semblait ne pas comprendre, c'est que quoi qu'il fasse, Lilith était gagnante. C'était bien pour ça qu'elle aimait ce genre de jeu...

Il ne pouvait détourner ses yeux de la scène qui se déroulait devant lui. Il avait beau souffrir avec son frère à chaque fois qu'il voyait ces gouttes essayer de défier la gravité... Il avait beau sentir son cœur se déchirer... Il ne pouvait pas l'ignorer. Il ne voulait pas l'ignorer. Cela aurait été ignorer sa famille et le sacrifice qu'elle s'apprêtait à faire pour que lui vive.

"Dean...."

Le principal intéressé lui décocha un clin d'œil à la mode Winchester, clin d'œil qui se traduisait par un 'je vais bien, ne t'inquiète pas'. Sam aurait bien voulu y croire. A ce clin d'œil. A ces quelques sous-entendus. A cette promesse d'un frère à son cadet.

"Avec moi rien ne pourra t'arriver..."

"Mais toi qui te protégera ?"

"Papa..."

"Mais si Papa disparaît ?"

"Il gardera toujours un œil sur nous. Peut-être même les deux." (souriant)

"Comme maman ?"

"Oui, comme maman..." (après une grande inspiration).

Sam restait pensif, les yeux sur ce grand frère qu'il admirait.

"Tu me quitteras jamais, dis ?"

"Jamais !" (d'un air offusqué)

"Promis ?"

"Juré. Craché. Croix de bois, croix de fer. Si j'mens, j'vais en Enfer !"

L'Enfer.... Il y avait justement ses entrées. Ça signifiait aussi qu'il avait menti ?

Il jeta un regard 100 % Sammy à son frère qui fit mine de lever les yeux au ciel, sans grand succès. Pendant ce temps, Lilith était tout à la fois écoeurée de tant d’amour et dépitée par le peu de réaction chez ses deux compagnons. Certes, Dean avait hurlé et Sam frôlé la crise cardiaque mais depuis, plus rien. Des silences. Des regards échangés. C’était tout ce à quoi elle avait eu droit et, foi de Lilith, c’était frustrant. Et comme frustration et Lilith n’avaient jamais fait bon ménage, les choses ne pouvaient qu’en devenir intéressantes.

"Bon, c’est pas tout ça les enfants, mais y’en a qui bossent ici ! C’est que j’ai une réputation à tenir, moi. Allez, à nous deux, mon mignon !" (s’approchant de Sam, sourire aux lèvres)

Horrifié, Sam constata qu’il ne pouvait rien faire, même pas penser pouvoir bouger le petit doigt ni même échapper à ces mains qui s’approchaient dangereusement de ses tempes.

"Ôte tes sales pattes de mon frère !"

"Oh, toi, on t’a pas sonné !"

Et, râlant, pestant contre cette saloperie de démone qui voulait s’en prendre à ce qu’il avait de plus cher, il s’aperçut qu’il venait de perdre sa voix. Lilith avait tout simplement appuyé sur le bouton ‘Mute’ de l’humain et là, tout de suite, ça lui faisait un bien fou. Elle le voyait s’égosiller. Elle s’imaginait toutes ses répliques bien senties dont elle était l’objet et dont on lui faisait grâce.

"Qu’est-ce que tu dis ? J’t’entends pas !" (joignant le geste à la parole)

Et elle le regarda de nouveau s’énerver et s’exciter vainement contre son nouvel état de fait. Le voir réagir ainsi la comblait de joie et la confortait dans son plan. Alors, quand elle le sentit bien mûr, elle lui lança un sourire malsain.

"Alors comme ça, c’est ça qui t’inquiète, mon cœur…"

Et sans crier gare, elle plaqua ses mains sur les tempes de son Sammy et sous le regard ébahi de l’aîné, une intense lumière blanche s’en échappa, inondant toute la pièce. Quand la pièce reprit sa clarté d’origine, son petit frère était devenu catatonique et ses yeux noisette avaient viré au blanc laiteux. Il aurait voulu lui dire que tout allait bien… il aurait voulu le prendre dans ses bras. Malheureusement il ne pouvait faire ni l’un ni l’autre et ça, ça le rendait malade. Il jeta à la démone un regard incendiaire qu’elle ignora superbement. Cela ne faisait qu’alimenter son sourire.

"Tu vois, il n’y avait rien à craindre…"

Il n’y avait rien à craindre… Il n’y avait rien à craindre… Ça c’était vite dit ! Primo, ces mots sortaient de la bouche d’une démone. Secundo, les yeux de son frère ressemblaient un peu trop à son goût à ceux de cette salope. Tertio, il se passait quelque chose de pas normal chez Sammy. Ses yeux bougeaient frénétiquement dans leurs orbites et une des veines de son cou avait gonflé à outrance alors que le reste de son corps restait aussi rigide que de la pierre. Il était en train de rêver. Pire que ça, il cauchemardait. Dean forma le mot ‘Sammy’ avec ses lèvres, mais sans voix il se trouvait bien démuni pour rassurer son frère.


***


Sam se retrouva dans un monde fort peu accueillant, baigné par le froid et les ténèbres. De son point de vue, le silence était tout aussi terrifiant, mais peut-être pas autant que ce sentiment d’intense solitude et de vide qui faisait hérisser les cheveux de sa nuque. Où donc se trouvait-il ? Où donc était Dean ? Où donc était ce frère qu’il avait mis si longtemps à retrouver ?

"Dean ! Deeeeeeaaaannnnn !"

Pour toute réponse, un hurlement résonna en ces lieux qui ne semblaient ni clos ni ouverts, dans un entre-deux effrayant. Ça paraissait juste… irréel. Cela l’aurait sans doute été encore plus si ces hurlements ne s’étaient pas enchaînés à un rythme effréné et ne lui avaient pas glacé le sang. Pire, ils lui étaient familiers. Non pas qu’il fût passé pro dans l’art d’écouter la douleur, mais plutôt qu’il les avait déjà entendus. Dans une autre vie. Dans un autre lieu. Et ces hurlements appartenaient à…

"Dean…" (dans un souffle)

Non. Non. Non. Ce n’était pas possible. Ça ne pouvait pas être possible. Son frère ne pouvait pas être là où il pensait qu’il était. Ce n’était pas son heure. Un deal était un deal et…

Les démons mentent Sammy, tu le sais pas vrai ?!

Non. Non. Non. Ils n’avaient pas le droit. Ils n’avaient pas le droit ! Fort de cette idée, il se mit à courir là où les hurlements le menaient, scandant le nom de son frère.

Au détour d'un virage, il l'aperçut enfin. En plein calvaire. Cloué sur cette immense croix de bois. Nu comme un ver, un morceau de tissu couvrant ses parties intimes. Sam n'aurait jamais cru ça de l'Enfer. Laisser un semblant d'humilité à l'humain qu'il était. Oui mais voilà, c'était oublier tout le reste. La croix. La sueur. Le sang. La torture. Cette poitrine qui peinait à se soulever. Ces yeux qui menaçaient à tout moment de rouler dans leurs orbites. Et cette tête qui retombait machinalement en avant, lasse de tout combat perdu d'avance.

"Nooooon ! Deeeeeaaaaaan !"

Mais le corps restait immobile, sans force, sans réelle raison de survivre. C'était l'Enfer ici. Pas tous ces maux quotidiens qui nous assaillaient et nous faisaient vivre l'enfer, mais l'Enfer. E.N.F.E.R. L'Enfer. Et, sous le regard horrifié de son petit frère, l'être aimé et adoré rendit son dernier soupir.

"DEEEEEEEEEAAAAAAAANNNN !"

***



Il l'entendit crier – hurler serait plus juste — son nom avec alarme et effroi. Il le vit s'agiter comme un forcené, au bord de l'hyperventilation. Sammy se trouvait au bord du gouffre mais il ne pouvait rien faire. Il ne pouvait rien y faire. Quelque part il savait aussi que ce que Sam vivait était de sa faute. Sa réaction, si désespérée, ne pouvait s'opérer que s'il lui arrivait quelque chose à lui, le grand frère. Ça le laissait d'autant plus inquiet sur ce que lui faisait vivre la démone. Démone qui, comme de bien entendu, se délectait du spectacle, les mains pleines de popcorn.

"Joli spectacle, pas vrai ? Attends encore un peu... ça va être ma scène préférée..."

Autant il avait envie de l'étrangler, la dépecer et de déposer son corps six pieds sous terre, autant le sort de son frère lui importait beaucoup, beaucoup plus. Affolé, il reporta son regard sur son trésor personnel et constata avec effroi qu'il ne bougeait plus. Pire que ça, que sa poitrine ne bougeait plus. Il pâlit, les larmes roulant doucement sur ses joues. Sammy, non...

"Quel sens inné du dramatique ! Nan, j'rigole, ils font toujours ça..." (rictus sadique)

***



Sam s’était jeté à terre quand le cœur de son frère avait cessé de battre, anéanti, incapable de penser à quoi que ce soit. Les yeux brouillés par les larmes, il ne vit ni les paupières de Dean papillonner ni son corps effacer toute trace de torture, et encore moins sa poitrine se soulever. Ce ne fut que lorsque la voix du démon se fit entendre qu’il réagit.

"De retour parmi nous ? Tu as réfléchi à mon offre ?"

"Va en Enfer !"

"Dean… Dean ?" (plein d’espoir)

Il continua à appeler son grand frère, mais sans succès. A croire qu’il lui était invisible.

"Oh, c’est vrai ? Ça me va droit au cœur ! Toi et moi. Pour l’éternité. Il ne tient qu’à toi de choisir entre la souffrance et le plaisir – quoique, de toi à moi, ils sont indissociables."

"Va te faire voir !"

"Dean. Dean. Dean… Ta réponse m’honore… Nous allons passer encore un peu de temps ensemble." Quoi ? Non. Dean…

"Appelle donc un de tes potes – j’suis sûr qu’ici il y en a plein qui veulent s’amuser – et on s’fait une partouze !" Quoi ???

"De l’humour… J’aime ça. C’est pas si souvent qu’on croise ici-bas quelqu’un d’aussi conciliant et avec autant de répondant que toi. J’avoue que ça met un peu de baume au cœur, tant d’entrain."

"Ça ferait plus d’effet si t’en avais un."

"C’est vrai… mais ce n’est qu’un bout de chair après tout et pour un être immatériel comme moi…"

"C’est une expression." (levant les yeux au ciel)

"Je sais… Et maintenant que tu abordes le sujet… je trouve que tu n’y as pas vraiment mis du tien tout à l’heure. D’autres avant toi sont passés par cette croix. Pour certains, des stars, comme toi."

"Ah ouais ?" (bombant le torse)

Cette fois, ce fut au tour de Sam de lever les yeux au ciel ; son frère était décidément incorrigible.

"Des célébrités en pleine déchéance bien sûr, sinon on ne les retrouverait pas parmi nous."

"Evidemment…" (en déglutissant)

"Il y en a un que tu dois connaître… Il est tout aussi célèbre ici que chez vous autres humains."

"Nous autres, célébrités, c’est bien connu, on a une ligne rouge. Suffit de se connecter pour nous trouver. Ah, la technologie !"

"C’était il y a quelques millénaires… pas plus de deux, je pense…"

"Alors là, je peux rien pour toi, mon pote !"

"Il se trouvait en ces lieux dans la même position, une position de faiblesse. Modestement habillé. Les cheveux longs en bataille. La barbe jamais taillée. Avec pour seul bijou, une couronne d’épines sur la tête. Oui, je suis d’accord avec toi, à cette époque ils savaient ce que c’était d’être modeste. Mais ce n’est pas mon propos. Comment il s’appelait déjà ? Aaaah… j’ai son nom sur le bout de la langue mais pas moyen de…"

"Jésus ?" (les yeux écarquillés)

"Voilà ! C’est ça ! Jésus… Le fils de l’Autre là-haut. Je lui ai arraché de ces cris ! De vrais joyaux ! A côté, les tiens faisaient à peine figure de gémissements…"

"Ah mais moi, mon bon monsieur, je ne crie pas sur commande. C’est tout le style Winchester. Tout est dans le naturel et la spontanéité." Dean, non !

"C’est justement là où je voulais en venir. Je veux un cri… un hurlement de gagnant. Je veux en sentir les tripes. Je veux t’entendre hurler à en faire vibrer tout l’Enfer."

"Vaste programme."

"Mais je compte bien sur ta participation…" C’est ça, compte là-dessus.

"Des idées pour pimenter le jeu ? Ce n’est pas vraiment que je n’en ai pas mais je suis dans un jour de bonté aujourd’hui. J’ai envie de te faire participer un peu plus (que d’habitude). Qui sait, tu as peut-être des idées… vivifiantes."

Dean fit mine de réfléchir intensément, fit craquer ses membres endoloris toujours attachés à cette croix par de la corde et des nœuds à faire pâlir les meilleurs des marins, et essaya de se mettre à l’aise. Il releva la tête pour plonger ses yeux émeraude dans ceux de son interlocuteur.

"Le supplice de la plume ?" (plein de sérieux)

Le démon éclata de rire.

"Après nos séances ? Je nous voyais plutôt aller crescendo. Tu as goûté à quoi ? La crucifixion – le souvenir doit d’ailleurs encore être bien frais –, l’écartèlement – là c’est moi qui en garde un merveilleux souvenir –, le bûcher… Pas très réjouissant ce dernier. T’as bien fini fumé, mais tu t’es intoxiqué avec les vapeurs avant que les flammes ne lèchent vraiment ton corps."

"Pas assez jouissif…"

"Tout à fait. Qu’est-ce qu’on a fait aussi tous les deux ? Testé toutes sortes de lames toutes plus acérées les unes que les autres. Joué avec l’eau… t’as plutôt une bonne descente. Fait connaissance avec gégène et ses copines les électrodes – dans mon souvenir, votre rencontre fut… électrique. Et celle avec la vierge de fer ! Mémorable !"

"Et encore t’oublie l’épisode du tisonnier."

"Mouais… Bof. Peu traditionnel… Moins imaginatif."

"Moins imaginatif ? Même quand t’as voulu me rafraichir à l’acide ?!"

"C’est vrai. J’avoue. C’était une bonne idée. D’habitude je rechigne un peu à utiliser ces produits typiquement humains mais là… mouah ! Bonne pioche !"

Sam les entendait discuter de leurs exploits. L’un en tant que tortionnaire, l’autre en tant que victime. Tout aussi écœurants les uns que les autres. Ça lui faisait d’autant plus d’effet que Dean était là par sa faute et qu’il subissait mille et une tortures. Ici on ne jugeait le séjour que sur les cris du damné, sa douleur et sur l’imagination apportée à ses tortures. De ce côté-là Dean n’avait pas à se plaindre. Avec son statut de star, il bénéficiait du séjour cinq étoiles. L’éternité était jointe au forfait. Pour le même prix, Dean s’offrait aussi en bonus les services du meilleur bourreau que l’Enfer ait jamais connu. Et si Dean n’avait jamais plié, il gardait une parfaite maitrise de lui-même. Il savait que ce jour viendrait… Il avait toute l’éternité devant lui. Pas besoin de se presser pour rien. Rien ne servait de courir, il fallait torturer à point. Et il était doué à ce jeu-là ! Il avait cessé de compter le jour où il avait atteint le trillion d’âmes torturées et gagnées à sa cause. Rien que d’y penser, ça titillait son esprit créatif. Il releva la tête vers son captif, un sourire malsain sur les lèvres.

"Toi t’as la tête de quelqu’un qui a trouvé son plaisir…"

"T’as même pas idée."

"Tu fais partager ?"

"Où serait l’intérêt si je faisais ça ? Tu sais bien que j’aime ménager mes surprises. Mais je peux te dire une chose, ça va être grandiose !" Torrent d’enthousiasme = je vais déguster. Ok, respire à fond, Dean. Ce n’est qu’un (nouveau) mauvais moment à passer.

Dean le vit s’approcher de sa boîte à torture, comme il avait fini par l’appeler – au bout de quelques années, il fallait se rattacher à quelque chose –, et y prendre son rasoir favori. Dean déglutit par anticipation ; il y avait déjà goûté et les souvenirs qu’il en gardait n’étaient pas spécialement joyeux. Il s’approcha ensuite lentement de sa victime, rasoir en main, avec le regard d’un sociopathe. Dean frissonna involontairement quand son bourreau se mit à toucher son torse. Ses mains étaient bien froides pour un hôte infernal, alors que son corps se consumait de peur. Savoir que l’on allait souffrir et mourir était une chose. Découvrir comment en était une autre pas particulièrement agréable. Surtout qu’il avait appris à connaître l’homme au cours des dernières décennies. Ce ne fut donc qu’avec peu de surprise qu’il le vit s’atteler à son cas. Ce n’était pas surprenant mais c’était douloureux et Dean ne voulait lui donner pleine satisfaction. Pas quand il pouvait faire autrement. Pas quand la douleur était encore ‘supportable’. Les premières incisions se firent timides, presque compatissantes. Mais elles n’étaient que la face émergée de l’iceberg. Une plus grande cruauté était au programme et pas tard plus que…

Petit à petit, les blessures devinrent de plus en plus sérieuses. Les incisions s’élargirent pour se transformer en plaies béantes. Il zébra torse et abdomen de coupures s’entrecroisant à l’envi, perçant sa peau en des centaines si ce n’est des milliers d’endroits. Et plus le corps de Dean se couvrait de lacérations plus il lui devenait difficile de se retenir, tant la douleur était devenue insoutenable. Au point qu’il avait serré les dents. Au point qu’il s’en était mordu les lèvres jusqu'à les faire saigner. Ce n’était pas le trip du démon, mais il n’en retirait pas moins du plaisir. Ça l’encourageait dans cette voie, si bien qu’il s’acharna avec plus de vigueur sur la moitié supérieure de son corps. Il pouvait le maintenir vivant encore pour longtemps et Dean le savait. Si on lui accordait la mort maintenant, cela aurait été faire preuve de pitié à son égard. Le problème, c’était que ‘pitié’ ne faisait pas partie du vocabulaire infernal, sauf peut-être chez les damnés. Non. Dean ne pouvait compter là-dessus. Et pour le moment, sa vie tournait autour des va-et-vient d’une lame de rasoir sur sa peau tannée qui avait fait tourner bien des têtes.

A la longue, il finit par atteindre les limites physiques. Il ne pouvait continuer à couper dans les chairs tendres sans risquer d’endommager l’intégrité physique des muscles, même si le haut de son corps ressemblait déjà à un carnage. D’un geste expert, il changea subtilement l’angle de la lame pour faire de l’instrument incisif un racloir. C’était si simple et si… polyvalent. Alors, d’un geste lent et précis, il commença à lui arracher la peau lambeau par lambeau, lui arrachant par la même occasion des hurlements atroces qu’il ne lui était plus possible de retenir. A force de patience, la chair fut mise à nu du cou jusqu’au bas-ventre, transformant tout geste, même le plus anodin, en véritable torture. Ce fut à ce moment, alors que Dean tentait de reprendre sa respiration et de contenir la douleur, que la main de son bourreau se figea dans l’air.

"Tout peut s’arrêter maintenant, tu sais. Tout ne tient qu’à un mot. Un tout petit mot de trois lettres et je te libère."

Devant l’agonie de son grand frère, Sam ne s’embarrassait plus de moralité. Il ne connaissait pas les termes de l’accord proposé par le démon, il savait seulement que cela pouvait éviter à Dean de souffrir le martyre. Ça suffisait amplement pour lui. Apparemment, et à son grand désespoir, Dean n’était pas du même avis.

Il parvint à articuler un ‘Non’ avec difficulté mais néanmoins déterminé.

"Comme tu veux."

***



Presque aussi rapidement qu’il s’était figé, Sam reprit une inspiration normale et des couleurs. Son frère en profita pour en faire de même, à demi rassuré. Et il avait raison… Sitôt Sam reprit des forces, sitôt ses gestes redevinrent désordonnés, sitôt ses cris assaillirent ses oreilles. Dean ne savait pas ce qu’il se passait dans la tête de son frère mais à l’entendre, il vivait un véritable enfer. S’il avait su combien il était proche de la réalité !...

***



"Comme tu veux…"

Il troqua son rasoir contre une lame plus conséquente et prit le temps d’admirer son œuvre avant d’y ajouter une nouvelle touche personnelle. Les lèvres serrées d’anticipation, Dean le vit lui plonger le poignard dans le sternum et trancher dans le vif jusqu’au bas-ventre. Eviscéré. Il se faisait éviscérer. Comme un animal. Comme un vulgaire morceau de viande. Son bourreau avait décidément franchi une nouvelle étape. Ce dernier alla se passer les mains sous l’eau puis dans le sel, avant de revenir à la charge. Il plongea ses mains salées dans ce trou béant qui l’accueillait à bras ouverts pour en arracher le contenu. Viscère par viscère. Arrachant des cris d’agonie au supplicié. Attisant son plaisir et son entière satisfaction. Il poursuivit son ascension jusqu’au cœur encore palpitant. Il le prit entre ses doigts et commença à le presser tout doucement. Dean émit un léger gargouillis et un flot de sang s’échappa de ses lèvres.

"Dean, as-tu du cœur ?"

Et sur cette dernière question pour laquelle il n’attendait pas de réponse, il enfonça ses ongles dans le muscle qui périclitait déjà de toute façon. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites alors que son cœur explosait sous la pression.

"Dean ! NOOON !"

***



"DEEEEEEAAAAANNN !"

"Tu n’trouves pas qu’il s’répète ? Si c’est pas malheureux à son âge !..."

Dean lui jeta un regard noir qui ne fit que déclencher chez elle une nouvelle vague d’hilarité.

"Ce n’est que le début, tu sais… Il n’est encore qu’un fruit vert et je le veux mûr à point." (tout sourire)

Dean posa des yeux affolés sur la démone puis sur son frère. Qu’entendait-elle par ‘mûr’ ? Selon les dires de Ruby, elle voulait l’effacer du paysage ; elle aurait pu le faire depuis bien longtemps. Ce n’était pas comme si elle n’avait aucun pouvoir sur eux. Ce n’était pas comme s’ils avaient les moyens de se soustraire à sa puissance. Alors qu’attendait-elle ?

***



"Tu veux reconsidérer ta réponse ?"

Au fond de lui, Sam espérait une réponse positive, mais il savait mieux que de parier là-dessus. Dean pouvait être un putain d’entêté quand il s’y mettait. Pour ça, il ressemblait à leur père. Il soupira intérieurement en repensant à cet homme qui n’avait jamais vécu que d’obsession et de vengeance, et qu’il n’avait finalement si peu connu. Ils s’étaient quittés sur des mots qu’ils ne pensaient pas sans jamais pouvoir se racheter. Et là, l’idée de devoir reperdre un nouvel être cher le ramenait dans la même position et il ne voulait pas commettre les mêmes erreurs. Il ne laisserait pas tomber Dean. Il ne lâcherait pas son grand frère. Il traverserait avec lui toutes les épreuves, même les pires – surtout les pires. Il voulait lui prouver qu’il pouvait être lui aussi un ‘bon frère’. Il voulait être là pour lui, dût-il en souffrir.

Il accueillit donc le "Va crever !" de son frère avec toute la sérénité dont il pouvait faire preuve. Il voulait faire bonne figure, même si au fond de lui son cœur hurlait de ne pas le laisser continuer ainsi. Comme si cela pouvait changer quelque chose !...

"Si telle est ta volonté…"

Et le monde rebascula dans la torture. Le moins que Sam pouvait dire, c’était que ce bourreau avait des connaissances et de l’imagination à revendre. Dieu seul savait à combien de morts il avait assisté. Toutes plus atroces les unes que les autres. Si atroces qu’il se demandait à chaque fois s’il serait possible de faire pire. Et le démon trouvait toujours. Et Dean restait campé sur ses positions. Il trouvait toujours la force de résister. Et à travers Dean, lui aussi apprenait à devenir plus fort. Aujourd’hui il y avait moins de violence, moins de larmes. Toujours autant d’amertume et de tristesse, c’était vrai, mais sans rien laisser paraître. Il s’était construit des remparts qu’il s’imaginait indestructibles ; tout pouvait arriver maintenant, il était paré. C’était avant ce fameux jour où…


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 15:15

Ce jour-là avait pourtant débuté comme les autres. Par la sempiternelle question. Par ce sourire inégalable d’un démon qui obtient la réponse qu’il souhaitait entendre. Ce jour-là, comme tous les autres, Dean serrait des dents en attendant de vivre un nouvel enfer, une nouvelle torture (améliorée). Ce jour-là, Sam s’attendait à une nouvelle effusion de violence et à retrouver son frère dans un état sans nom. Rien de tout ça n’arriva ; ce fut pourtant la pire journée qui soit.

Sam regarda le démon tourner autour de son frère, jaugeant son appréhension, ses peurs, un immense sourire plaqué sur son visage.

"J’ai envie de m’amuser aujourd’hui." Sans blague.

"Et comme mon partenaire de jeu ne semble plus y prendre goût, j’ai décidé de pimenter un peu le jeu. Renouveler le genre si tu préfères."

Dean, tout comme Sam, ne préférait rien du tout. Ils avaient appris à connaître cet abominable bourreau. Dean arqua un sourcil tandis que Sam attendait les bras croisés que la terrible nouvelle tombe. Parce qu’avec Alastair – tel était son nom –, il s’agissait toujours de mauvaises nouvelles.

"Je te sens un peu sceptique. Qu’importe ! Quand tu connaîtras les détails, tu verras, tu seras bien plus enthousiaste."

Il savait qu’il aurait dû se taire mais Dean ne put s’empêcher de faire une remarque.

"Définis ‘enthousiaste’ !..."

Le démon éclata de rire.

"J’adore ton humour. Déjà dit ? Dans une autre vie peut-être."

"Pas mal celle-là. J’avoue."

"Ouais hein ? Mais passons. Passons à quelque chose de plus sérieux. Toi et moi."

"Une véritable histoire d’amour." (sarcastique)

"Exactement. Et c’est pourquoi je voulais te faire une fleur… un cadeau… Appelle ça comme tu veux."

"Un cadeau empoisonné ?" (air innocemment innocent)

"Ça m’attriste que tu le prennes comme ça. Vraiment. Mais bon, s’il te faut une preuve pour juger de ma bonne foi…"

D’un geste de la main, il libéra Dean de ses liens.

"Tu me laisserais partir ? Comme ça ? Sans rien attendre en retour ? J’te crois pas. Pas toi."

"J’ai beaucoup réfléchi…" Aie ! Aie ! Aie ! Il a réfléchi…

"Tu n’t’es pas fait trop mal au moins ?"

"Donc je disais, j’ai beaucoup réfléchi et j’en suis venu à la conclusion suivante. Ce n’est pas juste que tu sois le seul à souffrir dans cette histoire. Moi-même je commence à me lasser…"

Dean arqua de nouveau les sourcils totalement largué.

"Tu sembles étonné…"

"Bah faut dire que venant de toi…"

"Tu marques un point. Ce n’est pas dans mes habitudes. Il n’est pas non plus commun de voir quelqu’un me résister avec autant de hargne et de détermination. C’est lassant. C’est horripilant. C’est courageusement inutile et vain. Mais j’admire la performance. Si si. Alors on va dire que c’est une manière d’honorer ta persévérance. Profite, je ne suis pas souvent d’humeur charitable ; pour ainsi dire jamais. Ça sera pour toi la possibilité d’admirer mon œuvre d’un point de vue plus… extérieur." Mégalo. Egocentrique.

"Alors installe-toi et fais comme chez toi."

Alastair claqua des doigts faisant apparaître un petit salon coquet qui avait tout l’air d’être confortable. Il désigna à son hôte un fauteuil et après quelques instants d’hésitation, Dean s’y installa. Plein d’appréhension, il vit Alastair faire un petit signe à ses larbins qui s’empressèrent d’amener leur prisonnier. A en juger par sa carrure, il devait s’agir d’un jeune homme. Peut-être de son âge. Peut-être un peu plus jeune. Les muscles saillants qu’une légère tension faisait encore plus ressortir. Qui aurait pu lui en vouloir, couvert comme il l’était par cette cagoule qui lui laissait à peine de quoi respirer ? Qui aurait pu lui en vouloir alors qu’il avait les mains entravées ? Dean voyait sa poitrine se lever et redescendre à un rythme soutenu. Il était en stress, peut-être même en panique. Il était là, quelque part, avec des personnes qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, sans savoir ce qui l’attendait. Et c’était peut-être bien là le pire. Non pas qu’à son avis savoir ce qu’Alastair allait lui faire subir puisse être rassurant. Peut-être même qu’enlever cet ignoble sac noir de sa tête aurait suffi pour savoir à quoi s’attendre. Mais non, cela n’avait pas l’air de faire partie des plans du démon. Et quand on savait qui il était et à quel point il prenait son job à cœur, on ne pouvait que redouter l’avenir.
Si Dean se sentit mal à l’aise, il n’en montra pas les signes. A dire vrai, il commençait à apprécier cette pause que lui avait accordé le démon. On pouvait jaser tant que l’on voulait, mais il était mort. Il avait été torturé. Encore et encore et encore. Sans jamais avoir le loisir de se reposer. Ça ne changerait sans doute rien à son séjour ; il voulait juste en garder l’illusion.

"Je vous trouve bien calme, jeune homme. Pour quelqu’un d’aussi curieux de tout que vous, j’avoue que je suis étonné."

Le corps du principal intéressé se raidit. Son kidnappeur ne citait peut-être pas son nom, mais il semblait le connaître bien plus… intimement. Et ce n’était guère rassurant. Quoi qu’un peu étouffé par son encombrant couvre-chef, il laissa échapper ce qui ressemblait à…

"Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous voulez ?"

"Mon nom ne te dira pas grand-chose. Je m’appelle Alastair – oui je sais, assez peu courant comme prénom. Je suis un être rare, ce qui me rend précieux."

A ces mots, Dean leva les yeux au ciel. Le démon en rajoutait décidément une sacrée couche. Et quand on connaissait un tant soit peu sa personnalité, c’en était tout bonnement écœurant.

"Je suis le gardien de ces lieux. Et quant à la raison de ta présence ici, elle est toute simple. Je n’ai fait que répondre à tes interrogations, satisfaire ta curiosité qui, entre nous, te perdra un jour. Tu voulais savoir, hmm ? Tu voulais tout connaître ? La vérité et tout un tas d’autres inepties du même genre…? Sois heureux, je vais te donner un avant-goût de ce qu’il se passe en ces lieux." Parle plutôt d’arrière-goût, oui.

"Une visite guidée en somme. Oh, je ne te retiendrai pas bien longtemps. Juste le temps de te faire découvrir nos plus belles spécialités. Je suis sûr que tu apprécieras."

"Mmpffmmppff…?"

"De quoi ? La cagoule ? Les liens ? Le bâillon ? C’est pour te mettre dans l’ambiance. Ils font tout le charme de ces lieux. Sans compter que je me réserve le droit de te faire des surprises… Et si on commençait ? Qu’est-ce que tu en dis ?"

Il eut un geste un peu brouillon qu’Alastair analysa comme une confirmation. D’ailleurs, d’accord ou pas, le pauvre bougre n’avait que peu de marge de manœuvre.

"Vous pouvez disposer messieurs. Je m’occupe du jeune homme."

Lesdits démons disparurent dans un sourire qui ne laissait rien présager de bon. Alastair resta seul – enfin avec Dean pour spectateur – avec sa future victime et sa panoplie de bourreau, l’habit en moins – il avait toujours jugé ça trop cliché.
"Bien. A nous deux maintenant."

***


"Je le trouve bien calme, pas toi ? C’est bon signe tu crois ?" (rictus sadique)

Dean posa un regard affolé sur son petit frère mais soupira de soulagement quand il vit sa poitrine se soulever à intervalles réguliers. Ce qui l’inquiétait bien plus que son silence, c’était son regard… son visage… Il avait toujours ses iris d’un blanc laiteux, une chose à laquelle Dean avait fini par s’habituer. Mais au-delà de ça, quelque chose avait changé. Ses traits s’étaient faits plus durs. Ce Sammy était loin d’être celui qu’il avait connu, les émotions toujours à fleur de peau. Il ne le quitta plus des yeux comme s’il pouvait disparaître à tout moment, comme si le perdre de vue était le perdre à tout jamais. Sammy, qu’est-ce qu’il se passe dans ta tête ?

***

"A nous deux maintenant."

Et sur ces mots, il se saisit d’une des lames de son set et en l’espace de quelques secondes, les vêtements de l’infortuné n’étaient plus que lambeaux. Seule avait été épargnée la fameuse cagoule qui dissimulait encore son identité. De là où il était, Dean pouvait apercevoir la chair de poule qui parcourait son corps. Le froid ou la peur. Dean penchait plutôt pour la dernière… Nu comme un ver, il était à la merci de n’importe qui et aujourd’hui ce n’importe qui s’appelait Alastair. D’un geste de la main, il poussa son hôte jusqu'à un chevalet en X sur lesquels ses membres furent attachés. L’homme émit quelque résistance, bien vaine.

"C’est mieux…"

Il y eut des paroles étouffées qui juraient le contraire.

"Quoi ? Qu’est-ce que tu croyais ? Que j’allais te faire visiter l’Erèbe, le Tartare ou mieux encore, les Champs-Elysées ? Mais mon pauvre ami, ça fait bien longtemps qu’ils ont été condamnés. Pas assez rentables. Non, le mieux c’est que tu te rendes compte par toi-même des efforts qui ont été faits pour rendre l’Enfer plus… infernal ! On reçoit des millions d’âmes nouvelles chaque jour et nous apportons un soin particulier à leur accueil. Pour que chacun se sente intégré. Pour que chacun reçoive un traitement personnalisé. Nous nous renouvelons sans cesse."

Silence.

"Oui je sais ça fait très campagne de pub… mais en même temps n’es-tu pas là pour ça ? Témoigner. Découvrir. Connaître. D’ici peu, ce sera chose faite. Il s’avança pour saisir un de ses instruments favoris, qui reposaient sur une sorte d’établi, mais il se ravisa. Il se tourna vers lui et claqua des doigts. Il y eut un léger déclic, puis comme un frottement. Le jeune homme laissa échapper un gémissement. Ses membres s’étiraient doucement mais sûrement, sous l’action d’une cruelle machinerie.

"Le corps humain peut supporter beaucoup. Surtout sous des mains expertes. Tu sais quoi ? Toi et moi on va voir jusqu'à quel point. Qu’est-ce que tu penses de ça ? Amusant non ?"

Amusant. Ce n’était pas là le mot qu’il aurait choisi. Douloureux. Abominable. Atroce. Ça oui. Mais pas amusant. Et alors que l’idée faisait chemin dans son esprit, une douleur plus insoutenable que les autres le parcourut de part en part. Des craquements sinistres. Voilà ce qu’elle annonçait avant qu’une autre vienne irradier tout son corps. Il n’aurait jamais cru que son corps aurait la force de se soulever après tant d’acharnement et pourtant…

Dean n’aurait jamais cru qu’il aurait pu soutenir cette image d’une autre personne entre les mains du bourreau des Enfers. Il était passé par là. Il connaissait la douleur. Il connaissait la souffrance. Il reconnaissait tout l’art du maître. Il en venait même à l’apprécier. Quant à Sam, il ne cessait de faire balayer son regard entre la scène qui se déroulait face à lui et son frère qui semblait hypnotisé par elle. D’un autre claquement de doigt, il arrêta le mécanisme et se focalisa sur un autre de ses joujoux. Des tenailles.

"Etirer c’est bien, mais il faut savoir doser. Ne pas abuser. Opter pour de nouvelles déclinaisons… Tiens, des extractions par exemple."

Le jeune homme avait beau ne pas savoir exactement à quoi il faisait allusion, il ne put s’empêcher de frissonner. Ce mec était vraiment dingue. Il sentit un souffle sur sa main avant qu’une autre ne la maintienne, et il sut presque instantanément qu’il était baisé. Ceci fut confirmé quand une douleur plus intense encore vint le frapper de plein fouet.

"Et comme tout corps, il a des zones plus sensibles que d’autres…"

Il déposa dans un récipient l’ongle encore sanguinolent qu’il venait d’arracher avant de s’attaquer à ses dix-neuf compatriotes. De quoi inonder le cerveau de signaux de détresse. De quoi donner des haut-le-cœur aux moins avertis. De quoi encourager les autres. Dean restait pourtant perplexe. Ce n’était pas que ces tortures manquaient de peps, mais plutôt d’image. Quel tortionnaire s’amuserait à faire souffrir sa victime sans en voir ni en entendre les effets ? Etrange… Peut-être testait-il une nouvelle méthode. Après tout Alastair l’avait dit lui-même, l’Enfer se renouvelait sans cesse. Pourquoi pas aujourd’hui.

"C’est douloureux ?" (tapotant sur les muscles)

Un hurlement étouffé lui répondit.

"On n’y est pas encore, mais ça va venir…"

Pourquoi ?

"Pourquoi ? Allons je n’ai pas besoin de raison pour torturer. C’est même conseillé dans mon métier. Bourreau des Enfers. Il faut pas croire… j’ai une réputation à tenir. Que dirais-tu de changer de registre ? Pour un style plus tranchant."

Et sans crier gare, il planta le couteau dans son épaule déjà endolorie et cautérisa la plaie avec un tisonnier. Sans un saignement abondant, il pouvait faire durer le plaisir. Il n’avait juste qu’à jouer de la lame et du feu. Après tout dépendait de la prestation de son partenaire de jeu. Pour l’heure, c’était un peu trop calme.

"Je ne t’entends pas ! Plus fort ! Montre-moi ce que tu as dans le ventre."

Et comme pour joindre le geste à la parole, il plongea la lame dans son ventre et prit soin cette fois d’élargir la plaie. Un cri déchirant emplit la pièce ; le démon l’avait soulagé de son bâillon. Le pauvre bougre avait du mal à reprendre sa respiration. C’est tout juste s’il parvint à articuler un…

"Arrêtez…"

Avant d’hurler de nouveau. Dans l’assistance, l’atmosphère avait changé. D’une totale indifférence, on était passé à une profonde terreur. En entendant la voix, en entendant cette voix, Dean avait pâli. Il avait peur de comprendre…

"Arrêtez…"

"Arrêter ? Je voudrais bien. Sincèrement. Mais ce n’est pas à moi qu’il appartient de décider."

"Q…Qui ?"

"Tu te souviens tout à l’heure quand je t’ai parlé de surprises… Et bien en voilà une !"

Sur ce, il lui ôta sa cagoule.

"Dis bonjour à…"

"Dean…?"

"Sammy ?"

Dean croisa le regard déchirant de son petit frère et l’idée même d’avoir pu apprécier le spectacle lui fila la nausée. Il se détourna, honteux, pour vomir.

"Dean ?"

"Pourquoi ? Pourquoi vous avez fait ça ? Vous aviez promis ! Vous m’aviez promis qu’il ne connaîtrait pas l’Enfer ! Vous m’aviez promis qu’il resterait en vie !"

"Les démons mentent, Dean, surtout quand ça les arrange. Et là c’était le cas. Imagine, les deux frères Winchester à portée de main servis sur un plateau. Le rêve, non ?"

"Dean, dis-lui d’arrêter…"

"La souffrance. Les retrouvailles. Le sentiment de trahison. Ça n’a pas de prix. Pour tout le reste, il y a Enfer Paradise."

"Laisse-le en dehors de ça et prends-moi à sa place !"

"Tu sais bien que je n’peux pas…"

"Torture-moi à sa place et laisse-le repartir ! Il ne mérite pas d’être ici…"

Alastair plongea son couteau dans les reins de son frère, lui arrachant de nouveau des cris atroces.

"Arrête ! Je ferais tout ce que tu veux mais arrête !" (au bord des larmes)

"Tu sais très bien ce que je veux."

Dean regarda successivement Sam puis Alastair avant de lâcher dans un soupir.

"C’est d’accord."

Le démon arbora un sourire triomphant alors que Dean n’en menait pas large, les yeux fixés sur le sol.

"Je suis désolé, Sammy…"

"Dean…?"

"J’ai ta parole ?"

"Croix de bois croix de fer si je mens j’vais en…"

"Ça va, je connais la chanson."

Il s’approcha de son petit frère et s’agenouilla à ses côtés, totalement défait.

"Désolé, mon grand. Sois fort. Je t’aime, p’tit frère !"

Il voulut le prendre dans ses bras pour le réconforter, mais il n’obtint qu’un regard terrifié figé pour l’éternité.

"Sammy ? Sammy ? SAMMYYYY !"

Totalement perdu, il s’écarta de lui pour découvrir un poignard fiché en plein cœur.

"Tu avais promis !"

"J’ai abrégé ses souffrances et tout ceci grâce à toi."

"Non !"

"Tu as son sang sur les mains maintenant."

"NOOOON !" (en s’écroulant)

"Tu as promis Dean. Tu as accepté mon offre et tu n’peux plus revenir en arrière. Que penses-tu de ça ?"

Le corps de Dean sembla se relaxer et il se releva sans peine, comme libéré de tout. Mais c’est quand il se retourna vers le démon que le cœur de Sam manqua un battement. Deux iris noir trônaient en lieu et place du vert ordinaire. C’en était terrifiant.

"Je crois qu’on va bien s’amuser…" (rictus sadique)


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 15:23

"NOOOON ! DEAAAN !"

Il agitait sa tête de gauche à droite, quand une lumière éblouissante vint de nouveau l’envelopper.

"Semblerait-il qu’il ait retrouvé la parole (ou le cri, ça dépend du point de vue). Cool, non ?"

Cool, Dean n’aurait pas su dire. Ce qu’il voyait lui fendait le cœur. Sam, son Sammy, avait de nouveau des yeux noisette mais il semblait désorienté. Dean aurait voulu le réconforter, lui dire que tout allait bien mais sans voix, il était bien en peine. Il savait que son frère le voyait. Il avait vu son regard perdu et quelque peu effrayé quand leurs regards s’étaient croisés. Depuis, Sam n’avait plus jamais osé le regarder en face. Depuis quand Sammy avait peur de lui ? Il se souvint alors des mots de la démone. ‘Je le veux mûr à point…

Il vit son sourire s’élargir jusqu’aux oreilles. Dean n’avait aucune idée de ce qu’il s’était passé, mais il y avait une chose de sûre. Il était baisé. Entre la démone qui jubilait et son frère qui le reniait… Il détourna son visage et laissa une larme rouler le long de ses joues. Après avoir attendu tous ces mois, s’être pris à espérer que tout avait changé, ça faisait un mal de chien.

"Dean ?"

Le principal intéressé se figea et se refusa à relever la tête. A quoi bon ?

"C’était vrai ? Ce que j’ai vu…"

"Vrai de vrai. Oh, ça ne s’est pas encore passé, mais ça sera bientôt le cas. Ça a changé le regard que tu portes sur ton grand frère, pas vrai ? J’avoue que cette perspective m’enchante. Tu ne verras donc aucun inconvénient à ce que je…"

Lilith siffla un grand coup entre ses doigts et la poussière se souleva tout autour d’eux. Sam ne comprit pas de suite. Il lui fallut le regard terrifié de son frère et voir Lilith caresser quelque chose d’invisible pour véritablement faire toute la lumière sur ce qu’il se passait autour de lui.

"Elles sont impatientes, tu sais…" Elles ?

"Depuis le temps que je leur ai promis leur morceau de viande… Les pauvres n’ont pu que saliver sans pouvoir voir ni toucher la marchandise. Maintenant que l’erreur va être réparée, elles vont enfin pouvoir se régaler. Un bon gros morceau de viande. Un jouet comestible. Une âme tout juste bonne à être prélevée. De toute manière, ce n’est pas comme si Dean t’était cher. C’était il y a si longtemps. Les temps ont changé et toi avec. Le sentiment de trahison a pris le pas sur tout le reste."

Dean regarda son frère abasourdi et abattu. Quand l’avait-il à nouveau perdu ? Ironique hein ? Il avait fallu une démone et son petit frère pour finalement mourir seul. L’histoire se répétait on dirait. Il était voué à mourir. Il était voué à souffrir. Quelle importance maintenant ? Il n’y avait plus personne sur qui se reposer. Il leva la tête haute, les yeux droit dans ces choses que l’on osait appeler chiens, sans prêter la moindre attention à son frère et encore moins à Lilith. Puisqu’il devait en être ainsi… autant partir avec dignité. La réaction de Dean fit sourire la démone. Elle aussi voulait mettre sa petite touche personnelle. Elle chuchota à l’oreille de ses invisibles compagnons et son sourire s’élargit de plus belle.

"Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça ?"

"Vous deux. Vous êtes dans la même pièce et vous cherchez à vous ignorer. Vous êtes vraiment pathétiques. Au fait, pour info, je viens de donner mes dernières directives à mes deux chéries."

"Tu les prends pour intelligentes…"

"Elles ont été dressées par le meilleur."

"Ah ouais ?"

"Lucifer en personne."

"Oh."

"C’est tout ce que ça t’inspire ? Ton frère va mourir sous les crocs et griffes de mes chéries et ta réaction c’est… ‘Oh !’"

"Et ça te dérange tant que ça ?"

"Moi ? Oh non ! J’en suis même ravie mais…"

"Mais quoi ?"

"Ton frère ne voit pas les choses de la même façon. Regarde-le, le pauvre chéri ! Il a déjà abandonné la partie…" Quoi ? Non. Non. Non. Non. Dean… Pas maintenant… Pas maintenant.

Il se tourna vers son aîné. Il fixait le vide, la tête haute, le corps parcouru de légers frissons, essayant malgré tout de garder un semblant de calme. En d’autres temps, il aurait fredonné un air de Metallica mais sans voix, il en était réduit à faire des exercices de respiration. Il avait beau avoir capitulé, il était paniqué. Pire que ça, il était terrifié. Oh, il y avait de quoi, c’était vrai, mais il avait pensé qu’en étant à ses côtés…

"Dean…?"

Mais Dean n’était pas là. Dean n’était plus là. Il semblait déconnecté de ce monde et en particulier de son frère. Enfermé dans son propre corps. Enfermé dans son esprit. Une prison presque dorée quand on savait ce qui l’attendait au bout de cette journée. Sam fixait son frère avec intensité, à l’affût de la moindre réaction, à la recherche de la moindre étincelle de vie ou d’espoir, mais Dean restait désespérément immobile.

"Qu’est-ce que tu lui as fait ?"

"Moi ? Rien de plus qu’avant. Pour le reste, je t’ai laissé faire et tu t’es débrouillé comme un pro. Je devrais peut-être vous accorder plus de crédit à vous autres humains. Vous aussi vous savez frapper là où ça fait mal. Et tu sais pas le plus drôle ? C’est que vous ne vous en apercevez pas toujours… à temps." A temps ? Comment ça ‘à temps’ ?

"Dean…"

Pourquoi Dean s’acharnait dans cet état végétatif ? Il savait pourtant combien il l’aimait et à quel point il tenait à lui, pas vrai ? Alors pourquoi ? Il avait beau retourner la situation dans tous les sens, il ne comprenait toujours pas pourquoi Dean réagissait comme ça. Après tout, il l’avait laissé plus ou moins en bonne compagnie pour le retrouver dans la même position. Pour ce qui était du laps de temps entre… là par contre, il séchait totalement. Il avait vécu des choses pas très catholiques en un lieu innommable mais il doutait sérieusement que tous l’aient vécu de la même manière. Le Dean d’ici ne semblait pas avoir été touché outre mesure par ce qu’avait vécu l’autre Dean. Il n’avait pas vu ce sourire féroce et encore moins ces yeux noirs qui le terrifiaient toujours. Non, rien de tout ça n’avait transparu sur le visage de son grand frère. Juste de l’inquiétude. Mais pas pour lui. Oh non ! Il n’aurait pas été Dean Winchester sinon. Qui d’autre que lui pouvait faire passer la vie de son petit frère avant la sienne ? Qui d’autre était prêt à tous les sacrifices ? Qui d’autre avait été jusqu’à se damner pour lui ? Pas de doute, c’était bien son Dean. Ce Dean qui allait devenir cet autre pour les mêmes raisons. Il soupira tristement.

"Dean ?"

Mais le principal intéressé demeurait aux abonnés absents alors qu’une certaine Lilith profitait du spectacle. Elle savait comment tout ceci allait finir mais elle ne rechignait jamais devant une impro, aussi pathétique fut-elle. L’important n’était pas cette impro en soi, mais ses conséquences. La souffrance… la douleur… et plus si affinités. Et même si cela ne se produisait pas spontanément, elle avait toujours la possibilité de remettre les pendules à l’heure. Alors oui, elle allait s’amuser. Oh oui !

"Dean… J’ai fait quelque chose de mal ? Si tel est le cas, pardonne-moi. Pour n’avoir été qu’un piètre chasseur. Pour n’avoir été qu’une pâle copie de frère. Pour t’avoir entraîné dans tout ça. Et pour je ne sais combien de choses encore. A ce rythme-là, je n’ai pas fini de m’excuser."

"Comment c’est mignon !..."

Sam préféra l’ignorer. Ce n’était pas d’elle qu’il attendait une réponse.

"Tu m’en veux. Je peux comprendre. Quand on y repense, tu aurais dû m’en vouloir depuis longtemps. Maman… Papa… La vie dont tu rêvais en silence. J’ai tout balayé en un battement de cils. J’avais aspiré à beaucoup de choses, enfant… adulte… Je n’avais simplement pas imaginé entrevoir le futur. Et si cette escapade m’a appris quelque chose, c’est que où que tu sois je saurais toujours te nuire. A croire que je suis né pour être un monstre. Tu as protégé un monstre, Dean, et tu t’apprêtes même à le sauver. Tu aurais dû écouter papa. Il te suffisait d’une balle et d’une seule. En plein cœur. Et tu aurais été libéré. De tes obligations. De ta vie. De moi. Mais non tu as agi en lâche ! Non. Non. Pardonne-moi… Pardonne-moi. Je ne voulais pas… C’est moi qui l’ai été. J’aurais pu mettre un terme à tout ça et je n’ai rien fait. Pardonne-moi. Tout est de ma faute. Pardonne-moi…"

Ces paroles commençaient à atteindre son frère quand soudain…

"NON ! De quel droit j’ose te demander ça ? Tu te sacrifies encore pour moi. Tu vas mourir pour une cause perdue et je suis là à t’implorer !... Pathétique !"

"Tout à fait d’accord."

Dean la foudroya du regard avant reporter toute son attention sur son petit frère. Tête basse. Replié sur lui-même comme s’il portait le poids du monde sur ses épaules. Les larmes coulant à torrent. Mais ce qui le frappa le plus, ce furent ces vagues de culpabilité qui déferlaient de son corps. Comme une plaie à l’âme. Et il ne le supportait pas, aujourd’hui pas plus qu’un autre jour. Et il était toujours aussi impuissant à réconforter son frère si… dévasté et ça le faisait toujours autant enrager. Sam inspira un grand coup et lâcha dans un souffle…

"Oublie-moi."

Deux mots qui le figèrent. Deux mots qui le transpercèrent. Deux petit mots mais tellement cruels ! Il aurait tant aimé pouvoir y répondre, les contredire ! Cela ne faisait pas partie du programme, mais cela méritait tout de même des applaudissements à en croire la démone qui frappait ses mains frénétiquement l’une dans l’autre.

"Bravo ! Quel sens du dramatique… de la tragédie ! Je ne regrette pas d’avoir attend. Et maintenant… Tadaaam ! Le clou du spectacle !"

Elle s’accroupit en caressant l’air.

"Il est tout à vous mes toutes belles !"

"NOOOON !"

"Oh si !"

"Tu m’as, ok ? Alors, laisse-le tranquille !"

"Pauvre idiot ! Tu veux marchander ? Mais tu n’as rien à offrir alors que j’ai tout à donner. La balance penche en ma faveur. Désolée. Vous avez carte blanche les filles !"

"Non…"

"Oh siiii !" (sourire carnassier)

Les deux chéries ne se firent pas prier et foncèrent droit sur un Dean horrifié dans un nuage de poussière. Plusieurs centaines de kilos de muscles c’était déjà pas rien, mais quand on savait qu’elles venaient d’Enfer, cela ne rassurait pas outre mesure. Elles le plaquèrent au sol avant de commencer leur sale ouvrage.

"Dean ! Non !"

Le corps de Dean s’arqua violemment à mesure qu’il se zébrait de profondes entailles. Du sang s’échappait à flots alors que lui pâlissait à vue d’œil. Rouge sur blanc, le contraste le plus saisissant. Rouge sur blanc, le contraste le plus terrifiant. Resplendissante, Lilith vint se poster entre eux.

"Magnifique n’est-ce pas ? Ouais, t’as raison, il manque quelque chose… Ça y est ! Je sais !"

Elle claqua des doigts et un hurlement sinistre emplit la pièce.

"Voilà, c’est mieux. C’est beaucoup mieux."

Il y eut une attaque plus féroce contre son torse et d’un coup son hurlement se mua en simple gargouillis. Son corps était parcouru de soubresauts, à l’image de ces poissons jetés sur la rive et qui s’étouffent à l’air libre. Sauf que Dean se noyait dans son propre sang. Tout n’était plus qu’une question de seconde. Bientôt il ne serait plus. Bientôt il ne serait plus là pour protéger son frère. Des autres. De lui-même. Des mauvais choix. Des sentiers de la vengeance. Il fit basculer sa tête sur le côté pour le voir une dernière fois. Pouvoir lui dire combien il l’aimait. Lui assurer que tout irait bien. A qui il voulait faire croire ça ? Sam n’était pas dupe. Avec une démone dans l’équation avec ses charmants petits toutous, ça compliquait forcément les choses. Pour être tout à fait honnête, leur sort était scellé. Le sien tout du moins. Et à voir la mine affolée et défaite de son petit frère, nul doute qu’il en avait conscience. Et il le voyait les poings serrés, contenant une colère sourde qui ne mènerait à rien sinon à sa perte. Et ça il ne le voulait pas. Il ne pouvait s’y résoudre. Même après tout ce qu’il s’était passé ces derniers mois et que Sam pensait qu’il se passerait plus tard. Il devait lui faire comprendre. Avec le peu de force qu’il lui restait, il plongea son regard dans celui de son frère. Avec fierté. Avec amour. Avec tendresse. Distribuant un message de réconfort dont il ne se serait jamais senti capable. Il vit le visage de Sammy se détendre en même temps que les larmes perlaient sur ses joues. Mais surtout il vit un sourire s’esquisser sur ce visage dévasté par les larmes, comme un rayon de soleil perce les nuages après l’orage. Ce fut cette dernière image qu’il garda quand son cœur se figea pour l’éternité.

"Dean ? Dean ? DEEAAN !"

La démone inonda la pièce de son sourire macabre alors qu’elle relâchait son emprise sur le cadet. Il se jeta à genoux auprès de son frère et le prit dans ses bras, priant pour retrouver dans ces yeux cette étincelle de vie qui les avait quittés.

"Dean. Non… Non. Dean…"

"Deux Winchester à terre. N’en reste plus qu’un seul"


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 15:45

Depuis que Dean avait cessé d’être Dean pour n’être plus qu’un corps lacéré, une âme arrachée de son réceptacle, Sam ne l’avait plus quitté. Le geste pouvait sembler hors de propos, tardif ou même inutile, mais pour Sam il signifiait beaucoup. Il voulait lui prouver qu’il savait tenir ses promesses. Ils avaient jadis juré de ne plus se quitter. Lui avait déjà failli deux fois : pour aller à la fac… en laissant la raison l’emporter sur son cœur… Et aujourd’hui, alors que sa raison lui hurlait de partir, qu’il y avait danger immédiat, que même Dean lui aurait botté les fesses s’il l’avait vu rester en travers du chemin d’une démone, il ne voulait pas reproduire les mêmes erreurs. Certes Dean était mort. Certes, il n’était plus là pour partager ce moment. Il voulait simplement y croire. Il voulait simplement garder l’espoir.

"Me laisse pas… Me laisse pas…"

"Jamais. Jamais, Sammy…"

Alors il le berçait de musique, fredonnant Enter Sandman à ces oreilles qu’il espérait attentives. Alors il le berçait de mots, rassurants, comme de douces promesses.

"Tout va bien se passer Dean. Ne t’inquiète pas… Dors ! Je sais combien tu es fatigué. Si fatigué… Mais ce n’est pas grave. Ferme tes yeux en toute tranquillité. Laisse ta respiration devenir murmures. Tout va bien se passer… Tout va bien se passer, Dean. Tu peux laisser ton corps se relâcher. Il n’y a plus de danger. Tu peux dormir en paix. A ton réveil, je serai là. Je ne te quitterai plus. Tu ne risques rien. Tant que je serais là, il ne pourra rien t’arriver…"

"Ah c’est sûr qu’il ne pourra rien lui arriver – ici, du moins. Il est mort le pauvre chéri."

"Ne l’écoute pas, elle cherche juste à nous faire peur. Mais moi je sais la vérité. Et la vérité c’est que tu es juste endormi. Juste endormi…" (passant une main attendrie sur son visage)

"La vérité ? C’est surtout que t’arrives même pas à la gérer. Pauvre… Pauvre… Pauvre petit Sammy tout esseulé ! Pauvre petit Sammy abandonné ! Mais Sammy libéré de l’emprise d’un grand frère par trop protecteur !"

"Assez ! Dean n’est pas mort ! Il se repose…"

"Il repose en paix… ou plutôt, il repose en Enfer. Tu devrais le savoir, tu l’as vu."

"Non…"

"Oh si ! On n’est pas dans un conte de fées. Mes chéries ne sont pas de ces belles-mères qui offrent des pommes empoisonnées. Elles préfèrent bien plus la chair et le sang. Et pas seulement leur vue, si tu vois ce que je veux dire…"

"Tu mens ! Les démons mentent !"

"Sauf quand ça les arrange, mon cœur. Tu veux des preuves ? Elles arrivent en chair et en os !..." (sourire sadique aux lèvres)

Et sous le regard terrifié de Sam, deux formes imposantes se matérialisèrent à ses côtés. Et elles n’avaient rien de sympathiques. Massives. Le poil noir et luisant hérissé de part et d’autre d’une échine à faire pâlir les plus carnivores terrestres. Des gueules aux mâchoires ornées de canines aussi longues et acérées que des poignards. Des yeux d’un rouge incandescent qui devaient sans nul doute rivaliser avec les forges de l’Enfer. Et cette fumée aux vapeurs soufrées qui s’échappait de leurs narines. On était loin de bêtes de concours – quoiqu’elles auraient sans doute remporté le premier prix ex aequo dans leur propre catégorie : fifilles de l’Enfer – mais proche de l’horreur. Ce n’était pas tant leur présence qui suscitait telle réaction, mais leur proximité. Museaux en avant, gueules entrouvertes, elles menaçaient l’intégrité de Dean, s’approchant dangereusement de ses membres inférieurs, déjà couverts de sang. Babines retroussées, elles jetèrent leur dévolu sur son jean, arrachant indifféremment lambeaux de tissu et lambeaux de chair, laissant même l’os apparaître par endroits. Dire que Sam était désespéré était bien loin de la réalité. Ce qu’il ressentait allait au-delà du désespoir. Non seulement ces sales bêtes grignotaient chaque fois un peu plus de son frère, mais elles lui arrachaient le semblant de réalité qu’il s’était créé. Il ne savait lequel des deux était le pire mais une chose était sûre : Dean était bel et bien mort. Et ça faisait atrocement mal.

"Non !..."

"C’est étrange comme les bonnes méthodes font les bonnes réactions…"

Des grognements se firent entendre.

"Mais oui, c’est de vous que je parle, mes toutes belles ! Vous avez fait du bon travail. Vous allez l’avoir votre récompense ! Que diriez-vous de cet humain-là ? Il est déjà bien entamé mais je suis sûre que vous saurez quoi en faire… Oh oui ! Oui, vous êtes des grandes ! Oui, vous avez été sages ! Oui, vous avez le droit de vous amuser maintenant !"

Sam vit les molosses prêts à sauter sur le corps sans défense de son grand frère qu’il tenait toujours dans ses bras.

"Non !"

"Tu te répètes mon chou !"

Il se répétait, et alors ? Y’avait une règle contre ça ?

"NON !"

"Tu crois sérieusement pouvoir lutter à deux Chiens de l’Enfer contre un humain et un poids mort ?"

Pour toute réponse, il resserra son étreinte autour de son frère. Elle avait déjà tué Dean, il ne la laisserait pas le faire totalement disparaître.

"Ne fais pas le gamine et lâche ton frère !"

"NON !"

"Tant pis pour toi, je les lâche elles… et je doute qu’elles fassent la différence entre leur menu et l’obstacle devant leur menu. Et moi qui me faisais une joie de t’écraser comme un moustique ! Si la gloire ne devait revenir qu’à mes filles, tu ne vaudrais même pas la réputation qu’on te prête." M’en fous. C’est Dean. C’est mon frère. Ma famille. Mon sang. Tu ne sais sans doute pas ce que c’est ou mieux, tu t’en balances. Mais pas moi. Pas moi…

"Comme tu voudras…"

Et elle claqua des doigts, annonçant ainsi le début de la curée. Sam se plaça en bouclier entre les chiens et son frère. Bien maigre barrière face à ces créatures sanguinaires.

"NOOOOON !"
***


"Ah il est beau le libre-arbitre ! Ah elle est belle la seconde chance ! Ils sont morts des dizaines, des centaines de fois. On leur laisse une chance de s’amender, de changer les choses et qu’est-ce qu’ils font ?J’te l’donne en mille ! Y’en a déjà un de kaput avec son ticket première classe direction l’Enfer et l’autre qui joue les kamikazes de l’inutile ! Ah, elle est belle la leçon ! Surtout quand elle n’est pas apprise ! Surtout quand elle n’est pas comprise ! Putain, je sais que je leur ai fait promettre de ne plus me chasser mais j’te jure, j’ai une sérieuse envie de leur botter le cul. J’aurais dû le voir venir. Je l’ai vu venir. Mais personne m’a écouté. On m’a dit : laisse-les partir ! Qu’ils prennent en main leur destin ! Et tout ça pour de l’espoir ! Mais dis-moi l’ami, il était où l’espoir quand Deano s’est fait déchiqueter par ces bestioles ? Il est où l’espoir quand le Sammy perd la boule ? Il est où l’espoir quand les méchants vont gagner ?"

Le vieillard leva les yeux au ciel avant de secouer la tête. Que ce demi-dieu pouvait être saoulant parfois !... Ok. Tout le temps. Un vrai moulin à paroles. C’était pas possible tout ce qu’il pouvait débiter. Pas étonnant que ceux de sa race arrivaient à embobiner n’importe qui et ce, quel que soit sa position dans la chaîne alimentaire.

"Tu n’as pas l’impression d’en faire de trop, là ?"

"Moi ?" (arborant un air choqué)

"Oui, toi. Tu viens faire la morale mais tu ne vas pas bouger le petit doigt. Je me trompe ?"

"Nul ne peut aller contre le destin. On peut essayer de changer les choses. En avoir l’illusion… Mais le destin finit toujours par reprendre ses droits."

"Ce que tu peux être fataliste ! Tu es demi-dieu, Loki, je ne te comprends pas. Tout ce que tu pourrais accomplir comme bonnes choses !"

"Les bonnes choses comme tu dis sont rarement amusantes…" (air dépité)

"Tu es un sacré égoïste, tu le sais ça ?!"

"Merci…"

Myrddin soupira tristement. Décidément, il ne tirerait rien de bon de celui qui se disait ami. Il aurait tout de même pensé qu’après leur rencontre, les choses auraient changé.

"Les humains t’ont vénéré. Ils t’ont demandé avis et conseil. Et toi tu les rejettes."

"Les humains t’ont rejeté et toi t’es prêt à tout pour eux. On est quittes, tu n’crois pas ?"

"Tu ne comprends pas. J’ai vu des choses terribles…"

"L’Enfer n’est pas de tout repos, c’est bien connu."

"Des choses qui vont arriver si on ne fait rien…"

"Ils ont essayé de me tuer, j’te rappelle !"

"Laisse-moi rire, tu es immortel."

"C’est vrai, mais ça n’enlève rien à l’histoire. C’est toujours non."

"Le monde va sombrer dans le Chaos. Ça va être l’Apocalypse !"

A ces mots, Loki pâlit et déglutit.

"Ce sont eux les Elus ?"

"Les Elus ? Je… je… je ne comprends pas…"

"Non, rien. Oublie, l’ami. Mais si c’est ce qu’il doit arriver…"

"Et moi qui croyais que tu les appréciais !"

"Evidemment que je les aime ces deux petits êtres insignifiants. Mais je ne vais pas bousculer mes principes pour eux. On finirait par croire que je suis gentil…"

"Ta réponse me chagrine…"

"Allez, quoi ! Tu vas pas me faire la gueule parce que j’ai refusé de te rendre service ! T’as passé l’âge !..."

"J’avais espéré ton aide, c’est vrai, mais elle n’est pas indispensable. Si tu ne veux pas sauver ce monde, alors nous n’avons plus qu’à nous dire adieu !"

Et avant que le Trickster n’ait le temps de rétorquer quoi que ce soit, il avait disparu.

"Merlin ! Myrddin ! Putain, c’est pas vrai ! Au bout de 2246 ans, j’aurais au moins cru que tu te serais assagi ! La jeunesse n’est vraiment plus ce qu’elle était. Vieux fou, tu vas mourir…"

Il soupira bruyamment, fit la moue, sembla réfléchir quelques instants avant de disparaître à son tour.

Mais c’est la dernière fois…
***


"NOOOON !"

Aux hurlements et aux grognements répondit le rire sadique d’une démone survoltée. Mais le rire ne fut pas de longue durée et aux grognements succédèrent jappements de douleur. De mémoire, elle n’avait jamais vu ses chéries mordre la poussière et reculer, têtes et oreilles baissées, queues entre les pattes. C’était des Chiens de l’Enfer ! Des descendantes directes du gardien des Enfers. Cerbère dans un pedigree, ça changeait tout. Pas assez, semblait-il. Ça rendait Lilith furieuse en tout cas. Elle comptait sur un spectacle de désolation et le compte était loin d’y être. Dean était toujours là, salement amoché il est vrai, mais pire que tout Sam était toujours vivant. Etonné. Agréablement surpris. Soulagé. Une honte ! Une ombre à sa réputation. Un affront qui ne resterait pas longtemps impuni.

"Qui a osé ? Qui a osé gâcher ainsi mon plaisir ?"

"C’est moi…"

"Sais-tu au moins qui je suis ? Sais-tu à qui tu t’attaques ?"

"Tu es la grande Lilith. Reine des reines dans le monde du dessous. Crainte et respectée."

"Pas mal pour un intrus. Tu devrais peut-être réviser la fin de ton portrait. Côté respect, on n’y est pas encore…"

Elle se retourna, jeta des regards furtifs autour d’elle, pensant apercevoir le malotru. En vain. Quel qu’il soit, il s’était bien préparé. Son incursion était donc préméditée ; elle était furieuse.

"Montre-toi que je t’écrase !"

"Je n’ai jamais bougé. Je ne me suis jamais caché. Je n’aurais pas osé… Ça m’attriste que tu l’aies pensé…"

Une silhouette se dessina dans l’air, puis ce fut un corps. Un vieillard à la longue barbe blanche affublé de vêtements d’époque – pas la bonne certes, mais l’important n’était pas là. Ses yeux flashèrent en noir et il fit un semblant de révérence… avant de se tenir douloureusement le dos.

"Oooh ! C’est plus de mon âge…"

"Merlin !"

"Je préfère…"

Elle lui lança un regard noir qui n’admettait aucune critique.

"Ok. Ok. Va pour Merlin."

"Alors que me vaut la visite du traître ?" (tournant autour de lui)

Le vieillard ne put s’empêcher de déglutir. Il savait que ce n’aurait pas été chose facile. Hé, il s’était même attendu à se faire pulvériser par la démone. Alors, qu’elle lui accorde de son temps et surtout de sa patience était… inespéré. Il inspira profondément et fit un clin d’œil discret à Sam, que la situation avait laissé muet de stupeur.

"J’ai eu une vision. Le Chaos. Les royaumes d’ici, d’en-haut et du dessous étaient en ruine. Il n’y avait plus âme qui vive. Corrompue ou non."

"Et…?" (agacée)

"Et c’est ici que tout a commencé."

La réaction de la démone ne fut pas celle escomptée. Elle se mit à rire à gorge déployée.

"Je sais." Elle sait ?

Le sang de Merlin se glaça dans ses veines. Mais alors, si elle savait…

"Et oui, nous t’attendions. Il nous fallait juste un bon appât. Ton amour pour les humains et vraiment écœurant mais il nous aura au moins permis de te retrouver toi, le fils prodigue. N’est-ce pas merveilleux ?"

Merveilleux ? C’était pas le mot qu’il aurait choisi. Il avait refait surface pour sauver des innocents et il se retrouvait aux prises avec ceux qui s’étaient autoproclamés sa famille. Mais il n’avait jamais rien eu à voir avec les démons.

"Alors s’il n’est question que de moi, laisse-le partir !" Vu qu’il est déjà trop tard pour son frère…

"Tu rigoles, j’espère ? J’ai déjà pris un Winchester dans mes filets, je serais bien bête de laisser s’échapper l’autre. Surtout quand notre monde a des projets pour lui."

Le demi-démon en habits de vieillard eut une moue attristée.

"Dans ce cas…"

Il y eut une intense lumière blanche.

"Nous n’avons plus rien à nous dire !"

Et un dragon s’interposa entre les frères et Lilith.

"Merlin. Merlin. Merlin. Tu sais bien que tes illusions ne me feront pas grand-chose. Et tu sais pourquoi ? Parce que justement ce sont des illusions." (sourire aux lèvres)

Sans se laisser démonter le moins du monde par la démone, le dragon avança ses pattes massives, fissurant le sol, avant de relever son long cou et de cracher une bonne salve de flammes.

"Tu me connais bien mal…"

Sam crut apercevoir l’espace d’un instant la gueule de la créature se fendre d’un sourire. Un sourire qui lui réchauffa le cœur. Ce qui ne l’empêcha pas de jeter un regard inquiet vers Lilith qui fulminait de rage.

"Hééééé ! Tu viens d’abîmer mon corps, vieux fou ! Il était tout neuf, j’te signale !"

"Dis plutôt de seconde main. Et si tu me permets la remarque, il seyait bien plus à Ruby qu’à toi."

Si Lilith n’était pas à point, elle n’était pas loin du point de non retour. Sa rage n’avait d’égales que sa haine et sa cruauté. Elle leva sa main devant elle et une puissante lumière s’en échappa. A sa grande fureur, le dragon Merlin était toujours là. Débout. C’était à peine s’il avait reculé de quelques centimètres. Derrière lui, Sam serrait toujours dans ses bras ce qu’il restait du corps de son frère. Une poupée disloquée. Voilà ce qu’était devenu Dean. Une poupée disloquée prise entre deux feux. Enjeu des deux camps. Morceau de viande d’un côté. Être humain à part entière de l’autre. Une bataille faisait rage à ses côtés qu’il n’en avait même pas idée.

Les salves fusaient vers Merlin qui, Sam commençait malheureusement à s’en apercevoir, s’affaiblissait à vue d’œil. Des plaies commençaient à le zébrer. La protection se faisait de plus en plus lâche, à l’image de cette lampe qui avait frôlé la tête de Sam d’un peu trop près. Le dragon avait alors déployé ses ailes, se rendant par là même plus vulnérable encore. Et Lilith n’avait fait que multiplier ses attaques. En vitesse. En puissance. Sam devait maintenant penser à court terme. Dans quelques minutes, peut-être même avant, il ne serait plus que l’unique proie. A côté de son frère qui ne pouvait plus lui être d’une grande aide, Sam en venait presque à penser à le laisser sur place et à sauver sa peau. Mais juste l’espace d’un instant. Juste avant de se rappeler sa promesse. Et rien que l’idée d’avoir pu songer un seul instant à… faisait monter en lui une colère sourde. Et à cette colère contre lui-même s’ajoutait celle grandissante contre Lilith. Son esprit commençait enfin à troquer la culpabilité pour la vengeance. Il serra des poings et se releva d’un coup, ignorant le danger.

"Reste derrière moi !"

"Vous n’avez pas à faire ça."

"C’est de ma faute si vous êtes là…"

"Ne dites pas n’importe quoi ! Sans vous, l’histoire n’aurait pas plus changé. Le deal… Le destin… Lilith…"

"Mais…"

"Vous parlez beaucoup trop vous deux…"

La démone esquissa un sourire carnassier et leva sa main à nouveau, et à pleine puissance.

"Fini de jouer !"

Une lumière éblouissante s’en échappa, balayant tout sur son passage, Sam et Merlin compris. Le dragon fut projeté contre le mur pour s’écraser sous sa forme humaine. Trop amoché pour tenter quoi que ce soit, il tourna sa tête vers Sam.

"Je suis désolé…" (murmure)

"Pas de messes basses, là-bas ! Oh et puis toi, viens par ici ! Tu ne voudrais pas faire attendre la reine des reines…"

Et d’un geste de la main, elle le tira à elle. Elle posa sa main sur sa poitrine et y enfonça ses ongles jusqu’au sang.

"C’est pour un prélèvement…"

Le vieil homme hurla de douleur avant de disparaître corps et âme.

"NOOOOOOOONNNN !"

Pourquoi toutes les personnes qui voulaient le protéger finissaient-elles par mourir ? Pourquoi ses pouvoirs dormants le restaient-ils ?

"Oh toi, la ferme !"

Au ton de la démone, il comprit que rien ne s’était passé comme prévu et se plut à croire que la mort de Myrddin n’avait été qu’une illusion de plus, même s’il avait des doutes.
***


"Il était moins une, pas vrai l’ami ?"

"Il est tout seul maintenant…" (n’osant le regarder)

"Elle allait te tuer…"

"Elle va le tuer et je suis déjà mort."

Le Trickster voulut éviter son regard mais la main de Myrddin sur son bras le rappela à l’ordre.

"Je sais."

"Alors ramène-moi là-bas !"

"Je ne peux pas… Tu étais unique l’ami, et ton cœur était ta force. Lilith le savait."

"C’était ma faute…" (baissant les yeux)

"Non. Juste un mauvais concours de circonstances. Le destin…"

Et alors qu’il parlait, une lumière douce l’enveloppa…

"J’ai toujours su que tu étais différent… Sans savoir vraiment quoi…"

"Ssshhh…"

"Tu as changé mon destin… Pourquoi ?"

"Tu vas mourir… Je t’aimais bien." (avec tristesse)

"Et… Et Sam ?"

"Ssshhh ! Tout va bien se passer…"

"Tu vas l’aider ?!"

"Dors… Ne t’inquiète pas…"

"Tu… Promis ?"

"Craché." (avec un petit sourire triste)

"C’est bien."

Le Trickster posa une main sur le front du vieil homme.

"Dors… Sois en paix, Myrddin…"

Fort de la promesse qu’il venait de lui être faite et bercé par cette voix, il laissa ses paupières se fermer.


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 15:49

"Quelque chose ne va pas sweetie ? Un problème peut-être ?"

Sam savait qu’il forçait un peu trop sa chance avec la démone, mais c’était trop bon. Après tout ce qu’elle leur avait fait endurer à son frère et à lui, voir ce visage arborer une moue boudeuse digne d’une enfant de cinq ans était inespéré et terriblement plaisant. Myrddin avait raison. Ce corps ne lui seyait pas aussi bien qu’à la pétulante Ruby. Lilith avait beau être la reine de tous les démons et aussi la doyenne infernale, c’est tout juste si elle ne se comportait pas comme une gamine. Pas étonnant qu’elle revêtait aussi souvent cette apparence. Au moins, elle prenait moins de risques.

"Pauvre… Pauvre… Pauvre… Pauvre petite Lilith sans son jouet !..."

"La ferme !"

Elle croisa les bras sur sa poitrine et se laissa retomber sur les fesses. Boudeuse, elle semblait sur le point de faire sa colère. Ce qu’elle semblait oublier, c’était que ce qui paraissait normal chez une gamine en robe à volants frôlait le ridicule chez une adulte en pantalon moulant.

"Elle a perdu son jouet, la petite Lilith ! Un instant il était là puis, pffuit ! Disparu ! Envolé ! Même pas eu le temps de s’amuser avec. Tttt… C’est vraiment pas de chance."

"Assez !"

"Oh, moi c’que j’en dis…"

D’un geste rageur, elle envoya valser au mur tous les objets de la pièce avant de frapper le sol des pieds et des mains.

"Ils t’avaient rien fait…" (relevant la tête après l’orage)

"Il n’avait pas le droit bordel ! Il n’avait pas le droit de partir ! Je suis une reine. Tout le monde s’agenouille devant moi. Tout le monde me craint. Tout le monde se presse pour me satisfaire. Et lui… lui…"

Elle leva les yeux au ciel, exaspérée.

"Pour une fois que je lui demandais un tit quelque chose – c’est vrai quoi, je lui ai quand même fait l’honneur de l’écouter, lui, le misérable traître, cet enfant d’humaine –, il se dérobe. Quel manque de respect !"

"Je ne voudrais pas te contredire mais…" quand même un peu "…tu cherchais quand même à le tuer."

"Tuer ? Comme tu y vas !... Non. Non… Je l’invitais juste à contribuer à la survie de notre race. Il s’est enfui comme un lâche et comme le traitre qu’il est. Il devrait revoir ses priorités. La famille ou les autres. "

"Laisse-moi deviner… tu te classes parmi la famille ?" (sarcastique)

"Evidemment. C’est tout de même un demi-démon. Bon, j’avoue, il ne le tient pas du meilleur côté mais…"

"Mais tu fais avec."

"Tout à fait."

"Il est juste trop humain…"

"Ce sang… cet amour… ont pollué sa vraie nature. Il aurait pu devenir un démon redoutable, mais cet idiot n’a jamais voulu faire de mal avec ses pouvoirs. On l’a aidé pourtant. A se connaître. A se découvrir fort et puissant. A maîtriser ces dons qui faisaient de lui un être à part. Mais non, rien n’y faisait. Ce crétin ne cessait de répéter qu’il allait finir par blesser quelqu’un… que c’était mal… et gnagnagni et gnagnagna. Et ça c’était avant d’embrasser totalement la cause humaine. J’te jure, les enfants, on fait tout pour eux et ils finissent toujours par nous chier sur la gueule. Il a pourri ma vie ce p’tit con et, même disparu, il continue à me la pourrir. La preuve, c’est encore de lui qu’on parle."

"Arrête j’vais pleurer…"

"Tu sais quoi ? Tu devrais…"

"Ah ouais ?"

"Ce n’était pas prévu si tôt dans mon programme mais… Merlin parti… il ne reste que nous deux. Et il va bien falloir que je m’occupe. On a beau dire, les distractions se font rares et je ne rechigne jamais devant un peu de bon temps. "

"Attends, laisse-moi deviner, c’est le moment où je suis censé hurler de peur ?"

"Oh, tout ça est annexe…"

Elle se releva d’un coup et le griffa au visage.

"L’important c’est de pouvoir goûter."

Et devant un Sam écœuré, elle porta à sa bouche ses doigts maculés de sang et fit une moue appréciative, faisant claquer sa langue.

"Pas mal pour un teinté…"

"Teinté ? Moi j’aurais plutôt dit infecté… empoisonné… maudit…"

"Question de point de vue. Quoi qu’il en soit, il ne l’est pas assez pour que tu me sois précieux."

"Oh ! C’est vrai ? Mince alors !..." (faussement affligé)

"Quel dommage en effet. Je vais être obligée de me débarrasser de toi." (sourire sadique)

"Ça a vraiment l’air de te peiner…"

"T’as même pas idée ! J’avais des projets pour toi, pour nous deux. Et maintenant j’en suis réduite à t’anéantir sans même pouvoir m’amuser."

"C’est pas juste, ça. Nan, c’est pas..."
Sam eut tout juste le temps de voir les yeux de l’hôte virer au blanc laiteux et sa main s’élever avant qu’une lumière éblouissante n’envahisse toute la pièce. Il plaça le bras devant ses yeux, futile parade contre l’attaque d’une démone légendaire. Et, quand enfin la lumière disparut, il s’étonna à relever la tête, indemne. Lilith dans le corps de l’ex-hôte de Ruby ne semblait pas non plus en revenir. Et il pouvait voir… Non. Il croyait voir, lire dans ses yeux comme de la peur. Cela semblait presque irréel. Cela dépassait l’entendement. Il avait survécu. Lilith avait mis toute la sauce et lui était toujours en vie. Du moins, il le pensait. Dans un moment de doute, il s’essaya tout de même à se palper et à bouger. Oui. Il était bien là.

"N’approche pas !"

Et il y avait cette voix qui le tentait…

"Je t’ai dit de rester où tu es !"

Et il y avait ce regard qui le poussait à désobéir, coûte que coûte.

"N’approche pas !"

Parce que c’était une chance incroyable. Parce qu’il tenait le sort d’une démone entre ses mains. Parce qu’il tenait enfin sa vengeance. Pour toi Dean… Alors il avançait. Alors elle reculait. Jusqu’à se retrouver acculée au mur. Jusqu’à ne plus avoir d’autre choix que la retraite. Son corps se cambra en arrière, laissant échapper une épaisse fumée noire sous le regard impuissant mais néanmoins dépité du chasseur. Il était à ça de… Et maintenant… La fumée avait envahi la pièce sans pour autant s’en échapper. Elle tournoyait encore et encore autour du corps qui avait jadis été le sien. Comme une bête affolée. Comme prisonnière. Elle tournoya une dernière fois avant de reprendre sa place d’origine. Le corps reprit vie, les yeux hagards, le souffle court et une voix s’éleva.

"Pas si vite, blondie !"


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 16:22

"Pas si vite, blondie !"

Elle se figea, les sourcils froncés et l’estomac noué pour sa plus grande honte. Sérieux, blondie ? Ce mec se foutait de sa gueule et son corps, ce corps qu’on l’avait obligée à conserver réagissait de façon démesurée. Elle n’avait pas peur. Non, elle, Lilith, n’avait pas peur. Tout au plus était-elle déstabilisée. Elle n’avait plus la maîtrise de la situation – si on ne pouvait plus tuer tranquille, où allait-on ? – et ça l’agaçait au plus haut point. Ça l’agaçait et ça lui mettait les tripes sans dessus dessous. Elle se mit à gratter son bras, enfonçant ses ongles dans la peau jusqu’à ce que du sang en gicle et coule du coude vers sa main. Elle en éprouva un immense sentiment de satisfaction. Peut-être que si elle parvenait à dompter cette enveloppe, si elle la remodelait à son image, elle serait moins une plaie à porter. Le rouge lui allait si bien !... En plus, c’était sa couleur préférée.
De soudains applaudissements à l’autre bout de la pièce la firent sursauter. Putain de corps. Putain de Winchester. Ce sale petit bâtard avait décidément plus d’emprise sur elle qu’elle ne l’aurait voulu. Putain de Winchester ! Elle ne se retourna pas immédiatement. Elle n’avait pas peur. Ce n’était pas dans sa nature. Elle prit juste le temps de retrouver une certaine sérénité intérieure avant de daigner se tourner avec lenteur. Peut-être pour ménager le suspense. Peut-être pour ménager le cœur de son putain d’hôte. Peut-être parce qu’elle était Lilith tout simplement. Elle ne tremblait devant personne – ou si peu.

"Oh ! C’est toi ?" (dans un mélange de dédain et de soulagement)

"Ouh ! A ta voix je dirais que tu n’es pas très heureuse de me voir. Et moi qui venais justement te féliciter !..." (sourire moqueur)

Le dos appuyé contre le mur, il les observait. Lilith avec son air de dégoût profond. Sam avec ce regard ahuri. Ah, les humains !

"Salut Sammy boy !" (clin d’œil)

Il entendit un soupir exaspéré qui renforça son sourire. Lilith avait toujours été si facile à piéger. Il y avait tellement de vanité en elle !... Non mais regardez-le l’autre. Il se prend pour le roi du monde alors qu’il n’est en réalité qu’un démon de sous-catégorie, un fainéant de première classe. Avec ses pouvoirs, il pourrait accomplir de grandes choses pour leur race, mais non. Monsieur est trop occupé à jouer des tours. Rien d’autre qu’un gamin.

"J’veux dire, la manière dont tu as expédié le cas de ce pauvre Dean, dont tu l’as mis en lambeaux, c’était juste… inspiré."

Sam allait répondre quelque chose mais il n’en eut pas le temps.

"Désolé, mon grand, mais c’est une discussion entre adultes ‘consentants’. Rien de joli-joli pour tes oreilles chastes. Tu n’as qu’à t’occuper ailleurs…"

Sam fronça les sourcils. Le Trickster se foutait de sa gueule. C’était pas possible. Il lui demandait d’oublier que Lilith avait tué son frère. Il lui demandait d’oublier sa vengeance. Autant demander à un fauve s’il veut une feuille de salade. Impensable. Il s’apprêtait à lui dire tout le bien qu’il pensait de son offre quand il lui décocha un nouveau clin d’œil et lui fit son plus beau sourire, sourire moqueur ça allait sans dire. Mais il croyait quoi ? Qu’il allait l’écouter rien que pour ses beaux yeux ? Dans ses rêves ! Il pensa à nouveau l’attaquer quand soudain il sentit une présence derrière lui.

"Bon. Où j’en étais moi ? Ah oui ! Inspiré. Toutes les fois où je l’ai tué… et dire que je n’ai jamais essayé ça ! Et pourtant, j’ai eu le temps de m’exercer. Quelques centaines de fois au moins. Mais qui compte vraiment ?"

"Toi, visiblement."

Sammy…

"Ouais j’avoue, c’était extra à faire mourir."

Alors c’était ça, c’était juste un jeu pour lui. Une blague. Il ne se délectait pas autant qu’elle du contact avec le sang et les entrailles.

"Avoue-le, je suis meilleure que toi. Je l’ai eu du premier coup. Il ne reviendra pas cette fois."

"Ouais. Dean expédié direct en Enfer, ça c’est une réussite."

A le voir si souriant et si sûr de lui, Lilith ne pouvait s’empêcher de penser qu’il continuait de se moquer d’elle. Et là tout de suite, elle avait juste envie de lui arracher les yeux, d’arracher ce sourire à ce petit salopard.

"Mais j’avoue, le moment que j’ai préféré c’est quand tu t’es sauvée la queue entre les pattes. Sammy-Sam avait-il été si méchant avec toi ?" (air faussement affligé)

"Je me suis pas sauvée." (boudeuse)

"Oui, c’est vrai, ‘enfuie’ serait plus correct. Et maintenant t’es là tremblante comme une feuille."

On pouvait lire la contrariété sur son visage et c’était trop. Le Trickster éclata de rire.

Sammy…

"Je ne voulais pas le tuer trop rapidement. Le voir chialer sur le corps de son frère, c’était que la moitié du spectacle."

Son rire s’étouffa d’un coup.

"Oh, ma pauvre choute. N’essaie pas de tromper un maître de l’illusion... Je ne voudrais pas te faire tomber du haut de ton piédestal."

Elle releva la tête et le fixa avec intensité. Ce ton était presque… menaçant. Y avait-il vraiment le spectre d’un avertissement dans ses mots ? Sa question se perdit dans un nouvel éclat de rire du Trickster.

"Je ne vois pas ce qui te rend si joyeux…"

Putain, c’était elle qui avait tué Dean Winchester, alors pourquoi lui semblait-il en récolter tous les lauriers ?

"En fait, j’ai une très bonne raison. C’est pas moi qui suis dans la ligne de mire de Sam Winchester – et crois-moi, c’est pas un endroit où tu veux te trouver. Il a donné un nouveau sens au mot ‘obstiné’ tu sais."

"En même temps, tu es là pour en parler. Si tu as réussi à t’en sortir, je ne devrais pas être inquiétée."

"Mais moi je n’ai pas expédié Dean en Enfer. Même pendant toutes ces semaines où je tenais Dean d’une certaine manière occupé, Sam gardait toujours au fond de lui l’espoir que tout ceci n’était qu’une illusion. Je pouvais toujours le lui rendre. Par contre toi, t’as un peu trop bien fait ton boulot."

Sammy… Jamais l’un sans l’autre, tu te rappelles ?

"Jaloux…" (moqueuse)

Il se rembrunit, soudain sérieux.

"Ne te méprends pas. T’as gagné un petit frère enragé… T’as gagné un Winchester enragé. Et maintenant il ne cherche rien d’autre qu’à te traquer et t’exterminer. Il ne s’arrêtera jamais avant d’y être arrivé."

Une sensation étrange s’empara de ses tripes. Froide. Lourde. Noueuse. C’était donc ça la peur ? Elle n’aurait pas cru que… Elle lui avait balancé toute la sauce et il en était sorti indemne. Pourquoi ? Elle se surprit à laisser échapper de ses lèvres un "Aide-moi".

Il s’écarta du mur pour se placer juste devant elle, le regard glacial et imperturbable. Elle dut se forcer à ne pas reculer. C’était dangereux de montrer autant de faiblesse. C’était un demi-dieu après tout. Elle aurait aussi bien pu mettre sa tête sur le billot et attendre le coup de hache fatal. La solidarité entre démons ne fonctionnait que lorsque chacun restait à sa place. On n’avouait jamais que l’on était blessé et on ne donnait jamais l’occasion à des démons de niveau inférieur de prendre le dessus. Par essence, les Tricksters étaient difficilement prévisibles. C’est vrai, ils adoraient s’en prendre aux humains – il était tellement facile de retourner leur arrogance contre eux !... Mais ça ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas s’attaquer à un démon isolé trop imbu de lui-même. Bon, c’est pas qu’elle ne pensait pas pouvoir en venir à bout mais… elle ne connaissait pas l’étendue de leur pouvoirs. Ils se satisfaisaient de leurs tours et personne ne savait exactement quand ils étaient sincères.

"Ecoute chérie, tu t’es foutue dans la merde toute seule, alors tu vas t’en sortir toute seule. Avant de tous nous entraîner avec toi."

Avant qu’elle n’ait le temps de se remettre du choc, il reprit son sourire moqueur.

"Souris poupée ! Si tu veux marchander, tu n’as qu’à avoir quelque chose qu’il veut. Oh ! Suis-je bête ! Tu as Dean. Enfin, tu avais… Je te conseille de remédier bien vite à ça si tu veux pas t’en mordre les doigts."

"Si tu m’aidais plutôt au lieu de…"

"Mais qu’est-ce qui te fait croire que tu m’intéresses ? En plus, c’était bien plus amusant de jouer avec Dean quand il était vivant." Attends une minute, s’il ne veut pas m’aider alors…

"Attends une minute… Dis-moi si j’me trompe. T’as peur d’eux. Non, attends, pas peur… Tu les aimes ?!?" (dégoûtée)

Ses lèvres se fendirent d’un sourire.

"Ils m’amusent. On ne s’ennuie jamais avec eux…"

"Avec lui, tu veux dire."

"J’aurais bien dit oui, mais ç’aurait été mentir. Et jamais je n’oserais !..."

"Bien sûr."

"Tu me crois pas ? Ça me brise vraiment le cœur !..."

Pour toute réponse, elle lui lança un sourire moqueur.

"Dans ce cas, je te suggère de regarder derrière toi."

"Quoi ?" (prise par surprise)

"Tourne-toi chérie !" (joignant le geste à la parole)

L’estomac noué, elle s’exécuta. Quelle ne fut pas sa surprise de faire face à son propre cauchemar. Les Winchester. Les deux frères. Ensemble. Tous deux réactifs. Bon, Dean n’était pas pour ainsi dire solide, mais il était là. Impensable. Impossible.

"Hé les gars, dites bonjour à blondie !"

"Non…"

Quand Sam avait senti cette présence derrière lui et qu’il avait entendu cette voix la première fois, son cœur avait manqué un battement. Parce qu’il ne s’y attendait plus. Parce que ça faisait du bien. Parce que cela lui redonnait de l’espoir. Et quand il avait enfin levé les yeux, ses espoirs n’avaient pas été déçus. Dean se tenait là, à ses côtés. Oui et non en fait. Dean était bien debout mais son corps, son enveloppe charnelle gisait toujours au sol. Une poire coupée en deux, mais qu’importe ! Il avait finalement conservé la meilleure part du gâteau. L’esprit de son frère. Il vit sa main s’approcher de son visage. Il la vit en dessiner les contours. Et même si elle finit par le traverser, il sentit cette caresse sur sa joue… ces doigts qui voulaient écarter ses mèches rebelles et effacer les quelques larmes qui malgré tout avaient réussi à se frayer un passage. Il voulait lui parler mais sa gorge restait nouée par l’émotion. Dean sembla comprendre et posa un doigt sur ses lèvres. Chut ! Je sais… Ne t’en fais pas. Sam regarda un instant son frère, dépassé. Il le voyait. Il l’entendait. Mais ses lèvres ne bougeaient pas. Mais il l’entendait dans sa tête. Cela avait peu d’importance à première vue, si ce n’est qu’il ne savait finalement pas comment communiquer avec lui et tout simplement s’il le pouvait. Un mal comme un bien, c’est ce qu’on dit toujours n’est-ce pas ?

"Sammy…"

Le principal intéressé lança vers son grand frère un regard déchirant.

"Sammy ? Tu me fais confiance, p’tit frère ?"

Il hocha la tête, refusant de détacher ses yeux de ce frère qu’il croyait perdu à jamais.

"Bien. Tu te souviens, on s’est fait une promesse toi et moi il y a longtemps. Jamais l’un sans l’autre."

Sam ne voyait pas trop pour l’instant où il voulait en venir, mais il opina tout de même de la tête.

"C’est pour ça que je suis là, Sammy. Pour toi… et pour elle."

Sam fronça les sourcils et sentit les doigts de son frère caresser les plis de son front.

"Ne t’inquiète pas. Tant que je serais là, il ne pourra rien t’arriver."

Il vint déposer un doux baiser sur son front et Sam se sentit transporté des années en arrière, à une époque où les attendrissements étaient encore autorisés et où son grand frère était son héros. Il revint bien vite à la réalité quand la voix du Trickster cassa la magie du moment.

"Hé les gars, dites bonjour à blondie !"

Il vit les lèvres de Dean se fendre d’un sourire moqueur et sa main adresser un coucou narquois à la démone. Sam pensa un instant lui dire de se tenir à carreau, qu’il risquait de… Ce fut avant de se rappeler qu’il était déjà mort et que donc il ne pouvait pas craindre grand-chose de la démone. Démone qui pâlissait d’ailleurs à vue d’œil – pourquoi n’avait-il pas eu la présence d’esprit de prendre son portable ? Il aurait pu immortaliser l’instant.

"Non…"

"Besoin de sels peut-être ?" (moqueur)

"C’est pas possible. Ce n’est pas possible. Elle était à moi. Elle aurait dû le rester !"

"Pauvre chérie ! Y a pas que ta fierté que t’as perdu… Les âmes s’y mettent aussi. Rien ne va plus dans le Lilith-monde !"

Une âme ? Ça expliquait certaines choses… Et en cette journée pourrie, c’était du plus bel effet. Sam esquissa un léger sourire communicatif.

"Tu es prêt ?"

Sam plongea ses yeux dans ceux de son frère et acquiesça. Dean tendit la paume de sa main vers celle de son frère et sembla se refermer dessus. Presque instantanément, Sam sentit comme un courant électrique le parcourir. Il n’était plus seul. Il ne faisait qu’un avec son frère. Il était plus fort.

"Non…"

"Oh si !"

Le Trickster approcha ses lèvres de Lilith et lui susurra à l’oreille.

"Avec les compliments de Myrddin."

"Que… Qu’est-ce que ce vieux fou à avoir avec…?"

"Ce vieux fou comme tu dis était mon ami…"

Elle éclata d’un rire cynique.

"Un ami ?" (pouffant)

"Oui, un ami. Et même plus. Je lui offre sa revanche. C’est ma vengeance."

"Pathétique."

"Non. Il a raison. Il est temps d’en finir."

"Oh ?"

Quelque chose en Sam se mit à bouillir. Il ne pouvait pas se l’expliquer mais il sentait qu’il avait le dessus. C’était comme s’il venait de recevoir une décharge d’adrénaline. La main droite ‘dans’ celle de son frère, il leva l’autre en direction de la démone. Une lumière intense s’en échappa à la plus grande surprise de Lilith qui, pour se protéger, fit de même. Les deux sources d’énergie se dilatèrent jusqu'à n’en former plus qu’une si puissante qu’elle provoqua une violente explosion dans la pièce. Les deux corps furent propulsés chacun d’un côté de la chambre. Ni l’hôte de Lilith ni Sam ne s’en relevèrent.

Le Trickster observa la scène tristement. Quel gâchis ! Dean, ou plutôt l’âme de Dean, se tourna vers lui, le regard vide. Il caressa une dernière fois le visage de son frère et déposa un baiser sur son front avant de se dissiper dans l’air. Ce soir il y avait eu quatre morts… cinq en comptant l’hôte de Lilith. Quatre innocents pour une démone. Un bien lourd tribut pour des résultats aussi médiocres. C’était une victoire. C’était le destin. Mais l’un comme l’autre n’avaient jamais été aussi craignos. Il soupira rageusement avant de disparaître.

Je suis désolé…

Juste trois mots. Mais ce n’était pas assez.


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MessageSujet: Re: TROIS MOTS DE TROP   TROIS MOTS DE TROP - Page 6 EmptyDim 20 Fév - 16:36

"Dean ?"

"Mmmh ?"

"M’ennuie…" (moue boudeuse)

Dean soupira. Dieu qu’il redoutait cette phrase. Surtout durant les longues nuits d’hiver. Surtout quand il avait épuisé toutes ses ressources. Surtout quand leur père n’était pas là pour détourner son petit frère de son insatiable curiosité.

"Tu veux regarder la télé ? Il paraît qu’ils passent Godzilla contre Mothra !"

"Pas envie. Déjà vu."

"Et si on jouait à … je sais pas moi… je dessine et tu essaies de deviner ce que c’est ?"

"Je ne suis plus un bébé, Dean !"

A huit ans, Sam avait déjà passé l’âge. A douze, Dean avait éclusé son quota de patience.

"Dans ce cas, on a plus qu’à rien faire et peut-être qu’on s’ennuiera de s’ennuyer."

"T’es bête !" (lui filant un petit coup de coude)

"Non. Je suis un frère génial." (bombant le torse)

"Qu’est-ce qu’on fait alors ?"

Bonne question. Il se la posait aussi. Faut dire qu’ils étaient limités. Entre les consignes de leur père qui les confinaient à l’intérieur et les caprices de son frère qui balayaient sans cesse la routine… il n’y avait guère que la nuit pour leur tenir compagnie.

"Hé, Sammy, viens voir ça !"

"Ce sont des étoiles et alors ?"

"Mais ce ne sont pas n’importe quelles étoiles. Tu savais qu’elles nous racontent toutes des histoires ?"

Quand Dean vit le regard de son petit frère se poser sur la nuit étoilée puis sur lui, il sentit qu’il avait toute son attention.

"Tu vois cette ceinture d’étoiles encadrée par ces quatre autres plus brillantes. Si tu relis les points, ça te donne comme un sablier…"

Hochement de tête.

"C’est Orion. Le chasseur."

"Comme papa ?"

"Oui. Mais en beaucoup plus grand et en beaucoup plus vieux. Même papa ne l’a pas connu…"

"Wow !"

"Et ce mec passait pour être le plus fort à son époque – mais face à papa, il ne ferait pas le poids. Toujours avec son épée et son bouclier. Tu peux d’ailleurs les apercevoir en reliant le chapelet d’étoiles là… et là…"

"Faut vraiment avoir de l’imagination…" (soupirant)

"Sammy…"

"Mais je vois rien !" (croisant les bras, boudeur)

Dean lui aurait bien dit que ce n’était pas si grave, que l’histoire pouvait être comprise sans en voir le personnage, mais ç’aurait été provoquer une crise diplomatique grave. Et il n’était pas prêt à l’affronter. Il partit chercher le marqueur noir, celui qui servait habituellement à tracer des protections, et traça les contours de la constellation sur la vitre de la chambre. Leur père leur passerait sans doute un savon en rentrant mais d’ici là il aurait le temps de voir venir.

"Regarde ! Ici tu as son bras avec son arme et là, ce petit arc de cercle, c’est son bouclier."

Sam fronça les sourcils. Le dessin suggérait un matériel on ne peut plus rudimentaire.

"Et il en a eu beaucoup avec ces trucs ?"

"C’était un champion. Tueur de monstres, c’était son deuxième prénom. Il a même participé à des concours."

"Des concours ? Et il gagnait quoi à faire ça ? Je pensais qu’un chasseur devait toujours jouer profil bas."

"C’est le cas. Mais Orion était un homme. Il le faisait pour la gloire, les honneurs, tout ça quoi."

Sam le fixa avec intensité, visiblement peu convaincu.

"Ok. Ok. C’était pour une nana. Une princesse. T’es content ?!"

"C’est pour ça que tu voulais rien dire. Parce que ton histoire de chasseur est une histoire de princesse ?" (riant)

"La ferme. Bon, ça t’intéresse toujours ?"

"Il était une fois…"

"Ils n’ont jamais fini ensemble, ok ?"

"Pourquoi ? Il n’a pas tué tous les monstres ?"

"Si. Mais le Roi ne l’a pas cru."

"Orion s’est laissé faire ?"

"Il aurait mieux valu."

"Qu’est-ce qu’il a fait alors ?"

"Il s’est mis à boire… à trop boire. Et l’alcool aidant, il voulut récupérer de force son dû."

"La princesse ?"

"La princesse."

"Ça s’est pas bien passé, hein ?"

"Nope. La jeune femme alla se plaindre à son père. Il creva les yeux du chasseur pendant qu’il décuvait."

"Erk ! C’est dég’ la fin de ton histoire !"

"Pas vraiment."

"Tu trouves ?"

"Elle est pas finie."

"Elle est pas… Mais il ne pouvait plus chasser, Dean ! Il était aveugle !"

"Il mit sa vie de chasseur entre parenthèses et alla consulter l’Oracle."

"C’est quoi un oracle ? "

"C’est l’interprète de la parole des dieux."

"Comme le Pasteur Jim ?"

"Pas sûr qu’il apprécierait le pluriel à ‘dieu’ mais oui… un peu comme le Pasteur Jim…"

"Qu’est-ce qu’il lui a dit ?"

"Qu’il retrouverait la vue s’il se rendait à l’est en direction du Soleil, à l’endroit où il se lève de l’océan."

"Et Orion l’a vraiment cru ? C’était plutôt énigmatique…"

"Chacun a besoin de croire en quelque chose, en quelqu’un. Tout le monde a besoin d’espoir pour avancer, Sammy."

Dean n’avait pas besoin de regarder son frère pour savoir qu’il buvait ses paroles. S’il y avait bien quelque chose qu’il devait reconnaître à Sammy, c’était son grand sens de l’écoute et sa soif de savoir. Et quand ce savoir venait de son grand frère… Dean sourit intérieurement et reprit son histoire là où il l’avait laissée.

"C’est pourquoi il partit en quête. Il prit une barque et déposa un jeune garçon sur ses épaules pour le guider jusqu'à l’Océan lointain. Quand ils y parvinrent enfin, Aurore tomba amoureuse du chasseur et son frère le Soleil lui rendit la vue."

"Ils ont des drôles de noms dans ton histoire et en plus, ça parait un peu trop facile. Il suffit d’un claquement de doigts et paf ! Le héros retrouve la vue."

"C’est une légende, Sammy. Elle est là pour faire rêver, pas pour paraître réelle. La fin t’intéresse quand même ?"

Hochement de tête.

"Orion redoubla de malchance. Soleil et Aurore étaient enfants du dieu Apollon, très puissant. Et quand il apprit que le chasseur avait couché avec sa fille, fou de rage, il envoya un scorpion monstrueux. Le chasseur attaqua la bête avec ses flèches, son épée, mais rien n’y fit. Alors, pour se protéger, il plongea dans la mer et nagea vers l’île où il avait été recueilli par Aurore."

"C’est un peu lâche, non ?"

"Ou peut-être très intelligent. En tout cas ça ne fit qu’attiser les foudres du dieu. Il appela à lui sa sœur Artémis déesse de la chasse et ardente féministe. Tu vois cette masse noire là-bas, lui dit-il, c’est un homme qui vient de séduire une de tes prêtresses. Folle de rage, la déesse tendit son arc en direction de l’infortuné et lâcha sa flèche avant d’aller retrouver sa victime – elle ne ratait jamais son coup, privilège de déesse. Quand elle vit que c’était Orion, elle voulut le faire ressusciter mais le chef des dieux refusa sa requête. Alors, c’est elle qui plaça l’image du chasseur parmi les étoiles où il est poursuivi pour la nuit des temps par celle du scorpion."

Dean vit son petit frère s’approcher de la fenêtre et regarder la nuit étoilée d’un œil nouveau.

"Elle a vraiment fait du bon boulot. C’est… C’est… Elles sont superbes !"

Dean sourit, plaça une main sur son épaule, puis leva les yeux dans la même direction.

"Dis Dean, tu crois que maman est quelque part là-haut ?" (sans détacher son regard du ciel)

Le principal intéressé se raidit et se força à sourire tout en déglutissant.

"Bien sûr, Sammy. Toutes les bonnes personnes vont au ciel et c’est leur rendre hommage que de les transformer en étoile. Je suis sûr que maman est l’une d’elles, même si l’on ne sait pas encore laquelle. Ce que je sais par contre, c’est qu’elle nous aimait et qu’elle n’aurait jamais laissé ses deux garçons sans surveillance."

L’idée sembla faire son chemin dans l’esprit du jeune garçon qui resta scotché à la vitre, plein d’espoir.

"Allez, viens, il est l’heure d’aller dormir."

Sam posa son regard sur son frère puis sur la nuit étoilée, indécis.

"Sammy ?"

"Je… J’arrive… Juste une dernière petite chose à faire."

"Ok, mais dépêche-toi, demain y’a école."

Sam regarda une dernière fois par la fenêtre.

"Bonne nuit maman. Je t’aime."

Et il éteignit les lumières
***


"Je t’aime…" (murmure)

"C’est que notre chère princesse est en train de se réveiller… Bienvenue parmi nous, mon ange !"

Les paupières de Sam papillonnèrent au son de cette voix ô combien familière.

"Dean ?"

Il essaya de bouger ses bras, ne serait-ce que pour se relever, mais se découvrit solidement attaché à un plan incliné, menottes et chaînes à l’appui. Le pire n’était pourtant pas là. Il était nu comme un ver.

"Dean ?"

"Sam…"

"Pourquoi je suis là ? Je… Je… Je ne comprends pas. Il y a encore quelques minutes on regardait tous les deux les étoiles et…"

"Je t’ai laissé rêver. Je n’aurais jamais dû me laisser aller à une telle faiblesse. Regarde où j’en suis maintenant. Obligé de tout reprendre du début."

Sam le fixa d’un air ahuri. Il ne comprenait pas grand-chose, sauf qu’il était en danger immédiat et que la menace c’était son frère.

"Dean, qu’est-ce qui se passe ?"

Un rire sardonique emplit la pièce. Un rire terrifiant. Un rire à glacer le sang. Surtout quand ce rire appartenait à quelqu’un que l’on aimait.

"Ce qu’il se passe ? CE QU’IL SE PASSE ??? Putain, j’y crois pas ! Gordon et les autres ici avaient raison. J’étais trop naïf. Pathétique. Idiot. Croire un seul instant que tu pouvais me comprendre, comprendre ce que je ressentais, comprendre ce que je vivais. Mais non, tu n’es juste qu’un sale hypocrite. Tu me lançais des sourires, des belles paroles, des ‘je t’aime’ à tout va pour mieux me poignarder dans le dos."

Sam le regarda, totalement largué.

"Oh ! Et ne fais pas celui qui ne comprend pas. Laisse-moi te rafraîchir la mémoire, mon mignon. Qui n’a cessé de me lancer des ‘je t’aime’ dans les derniers jours ? Qui m’a promis de ne jamais me quitter ? Qui hein dis-moi ? Parce que je dois te dire que c’était largement foiré. La vérité c’est que tu m’as laissé tout seul ici. Et j’ai dû passer cinquante longues années. A croire que tu ne m’avais pas oublié. A lutter contre ce monde et ses habitants. A tout ressasser dans ma tête. A imaginer ce que je ferais si un jour nos chemins se recroisaient. Et nous y voilà !"

"Je… euh… Je…"

"Sais-tu ce que c’est cinquante ans sans avoir de tes nouvelles, plongé dans une solitude sans nom ? C’est un enfer. Oh c’est vrai, j’oubliais… j’y suis."

"Mais Dean…"

"Tais-toi. C’est de ta faute si j’en suis là et tu n’en vaux même pas la peine. Dire qu’il m’aura fallu un demi-siècle pour m’en rendre compte !... Imagine un peu tout le temps que j’aurais pu mettre à profit. A m’initier. A torturer. A tuer."

"Arrête ! Ce n’est pas toi qui parles."

"Tu veux parier ? Ça, c’est ce que je suis devenu. Et c’est à toi que je le dois. Bravo Sammy, tu as créé un monstre !"

"Non. Non. Non. Non. Non. Ça ne devait pas se passer comme ça ! Tu n’aurais jamais dû être là."

"Là je suis d’accord. Ç’aurait dû être toi. Après tout, c’est pas moi le psycho choisi par un démon."

Si la réponse le toucha, Sam n’en montra rien.

"Lilith est morte."

"Ah ça oui, je l’ai senti."

Sam fronça les sourcils. Senti ? Comment ça senti ?

"Si t’avais vu le traitement de faveur qu’on m’a infligé pour ça ! Ils n’ont jamais été aussi inventifs qu’à partir de ce jour là. C’est ça d’être le frère de."

"Mais tu étais là avec moi, ça n’a pas de sens !"

"Non mais qu’est-ce que tu croyais ? Que j’avais eu droit à une permission de sortie ? Je ne te savais pas aussi naïf, p’tit frère."

"Lilith était là. Le Trickster aussi. Ils ont dit que c’était ton âme. Tu m’entends ? Ton âme."

Contre toute attente, Dean éclata d’un rire malsain.

"Et tu les as crus ? Pathétique. Tu es encore plus atteint que je l’aurais cru. Non mais sérieusement, l’épisode avec Ruby ne t’a pas servi de leçon ? Tu fais confiance à une pétasse démoniaque une fois, tu te prends une grosse claque dans la gueule. Mais tu fais quand même confiance à une saloperie de démone, à la reine des salopes je dirais, une seconde fois. Cherche l’erreur. Quant à l’autre… Un demi-dieu… Tu le crois vraiment digne de confiance ? Il est juste tout aussi égoïste que les autres."

"Mais t’étais là. J’ai senti ta présence et c’est à deux qu’on a tué Lilith. Ensemble."

Sam le vit tourner autour de la table de torture jusqu'à disparaître derrière sa tête. Il s’efforça de ne pas le perdre de vue, gesticulant à qui mieux-mieux. Sans grand succès. Des mains froides et puissantes s’abattirent sur ses épaules et Sam ne put empêcher son corps de se raidir et de frissonner. Cet homme… Cette chose qui se disait son frère… n’avait rien à voir avec l’original. Et là, tout de suite, le savoir plein de haine et de rancune, tout auréolé d’un savoir infernal, dans la même pièce que lui, le rendait parano. Il sentit une main effleurer ses cheveux puis un souffle chaud lui chatouiller les oreilles.

"Tu as peur ?"

Sam ferma les yeux dans l’espoir de pouvoir se maîtriser. Reprendre une respiration moins saccadée. Ralentir les battements de son cœur qui menaçait à tout instant de lui déchirer la poitrine. Eviter frissons et sueur intempestifs. Empêcher les larmes de couler – il n’y avait rien de pire que de savoir que son frère était devenu un monstre et qu’il en était la cause – sans y parvenir parfaitement.

"Non !" (secouant la tête de gauche à droite)

Un doigt glissa doucement le long de son bras comme une caresse, le forçant à rouvrir les yeux.

"Etrange comme le corps peut être traître parfois… La chair de poule te va à ravir !..."

"Froid…"

"Ne crois pas pouvoir me mentir, mon ange. Je te connais comme ma poche. Et ça… cette manière que tu as de frissonner n’a rien à voir avec le climat – quoiqu’il soit d’enfer."

"Trop drôle." (blasé)

"Je trouve aussi. Mais ne change pas de sujet. Je sais que tu as peur… Plus précisément, je sens que tu as peur… Et savoir que cette peur vient de moi est un bonus. Avoue quand même que c’est cocasse. Je t’élève avec… allez, disons-le… avec amour pendant vingt-cinq longues années et toi, tout ce que tu retiens c’est de la peur. L’Enfer fait plutôt bien les choses, pas vrai Sammy ?"

"C’est Sam !" (déglutissant)

"Sam… Sammy… ça n’a guère d’importance. Le tout est de se reconnaître. Et de ce côté-là, c’est plutôt bien parti. Ça t’a fait réagir… Bon ok, on aurait pu parler du bon vieux temps, de l’époque où tu appréciais cette marque d’affection. Mais t’as raison, à quoi ça servirait ? De toute façon, tu ne m’as jamais vraiment aimé."

Sam détourna son visage, offrant à son frère un semblant d’aveu.

"C’est bien ce que je pensais… Jessica… Sarah… Madison… et même cette fille… Lorie ? Elles, tu les aimais. Alors que moi, ton propre sang, ta propre famille, je comptais pour du beurre."

"Dean…"

"Non mais t’inquiète, j’ai bien compris la leçon. Elles aussi d’ailleurs."

A ces mots, Sam se raidit sous les liens qui l’entravaient. Il craignait de comprendre.

"Tu te demandes si j’ai fait ce que tu penses que j’ai fait. Sammy… Sammy… Pourquoi autant de cachotteries? Tu sais bien qu’on peut tout se dire ! Entre frères. "

"Arrête !"

"Que j’arrête quoi ? D’être ton frère ? De parler ? De te faire peur ? Dis-moi !"

Seul le silence lui répondit. Sam n’était pas d’humeur causante. Il sentait cette boule dans sa gorge qui l’empêchait de respirer et lui filait la nausée.

"Plus fort, je ne t’entends pas ! Bah quoi, tu n’as plus rien à dire ? Pas grave, moi j’ai matière à raconter. D’abord, je vais répondre à ta question secrète. C’est oui. Oui elles sont toutes mortes – pour certaines, tu le savais déjà. Oui elles ont toutes atterri ici… en Enfer… avec moi. Oui je les ai toutes torturées. Si tu savais comme ce fut délicieux !"

"Non…" (pâlissant)

"Allons… Allons… ne fais pas cette tête ! Tu te doutais bien que je devais m’entraîner… que je devais me faire la main avant de te revoir. Et quelles victimes idéales que ces femmes que tu avais aimé à ma place."

Pour son plus grand plaisir, Dean vit son frère détourner le regard. Il n’avait pas besoin de le regarder en face pour deviner les yeux rougis et les larmes qui devaient menacer de poindre. Il n’avait pas besoin de voir son frère pour sentir la culpabilité le ronger. Il savait comment Sam fonctionnait et utiliser ces connaissances contre lui était un pur bonheur. Digne d’un fin stratège. Les leçons d’Alastair avaient porté leurs fruits. Bientôt il serait digne de son professeur et maître. Bientôt, il briserait celui qui l’avait brisé un jour. Sa revanche… Sa vengeance… auraient été longues à mettre en place, mais pour quel prix ? Pour quelle récompense !

"Vois le bon côté des choses. C’aurait pu être bien pire ! Elles auraient pu tomber sur un parfait inconnu. Alors que là… elles sont tout de suite tombées sur une figure familière… presque amicale… C’est tout moi ça ! Ahem. Elles ont été mises en confiance juste avant… Tu aurais dû voir leurs regards. Suppliants. Pleins de tristesse et d’incompréhension. Nourris d’un sentiment de trahison, encore plus quand je leur ai avoué à qui elles devaient leur sort."

"Arrête…"

"Tu ne sais pas le plus beau ? Elles ont fini par se faire à cette idée. Le bien-fondé de la torture. Se retrouver ici avec moi, en Enfer. Se trouver une toute nouvelle vocation."

"Non…"

"Oh, ne t’inquiète pas, elles n’ont pas trop souffert. Juste quelques secondes… juste quelques minutes… avant que tout ne recommence. Elles ont été intelligentes et ont vite fait le bon choix. Faut dire qu’en Enfer il n’y a guère que deux options. Torturer ou être torturé. C’est la dure loi d’ici-bas. Tu veux aussi y goûter ?"

Mais Sam ne répondait pas. Sam ne répondait plus. Sans doute trop choqué par les révélations par trop enjouées de son grand frère. Ainsi elles étaient toutes mortes, n’étaient pas passées par la case départ et par conséquent n’avaient pas touché le pactole. Par contre, elles avaient gagné un aller simple pour l’Enfer. Et dire qu’il n’avait jamais voulu vivre de relation durable – sauf avec Jess et encore, c’était avant de savoir qu’il ne pourrait jamais avoir de vie normale – pour leur éviter de souffrir et de pâtir de cette vie de chasse et de fuites permanentes !... C’était réussi. Elles croupissaient toutes dans les bas-fonds de l’Enfer et à en croire Dean, elles avaient changé pour mieux s’adapter à leur nouvel environnement. Elles étaient toujours là, aussi sauves qu’elles pouvaient l’être dans ce monde de terreur et de cruauté, et tout était encore de sa faute. Pourquoi donc tous ceux qui l’approchaient… tous ceux qui l’aimaient et qu’il aimait finissaient-ils par disparaître ? Disparaître oui, car nul ne pouvait mourir en Enfer. Pour ça peut-être méritait-il ce qui lui arrivait. Dean avait sans doute raison. Il n’était sans doute qu’un sale hypocrite, un menteur, un connard de première. Peut-être que s’il n’avait jamais existé le monde s’en serait mieux porté. John, Mary et Dean auraient formé une famille. Jess, Sarah, Madison, et même Laurie auraient fondé la leur. Aujourd’hui, aucun d’eux ne pouvait ne serait-ce qu’y aspirer. C’était trop tard. C’était injuste. C’était sa faute. Dean n’avait cessé de le lui dire depuis qu’il s’était réveillé et c’était seulement maintenant qu’il voyait à quel point il avait raison. Alors, il pouvait bien faire ce qu’il voulait, ça n’avait plus d’importance. Il avait choisi son camp.

"Fais-le !"

Un sourire s’étira sur le visage de son grand frère.

"Fais-le puisque t’en as envie ! Quoi ? C’est bien ce que tu voulais, non ? Moi à ta merci. Tu l’as. Qu’est-ce que tu pourrais demander d’autre ? Ma permission ? Tu l’as aussi ! Content ?"

"Je n’ai pas besoin de permission pour torturer."

"Tu m’en vois ravi."

"Par contre toi…" (lui décochant une droite de dessous les fagots) "… tu n’as pas reçu celle de parler."

Sam secoua la tête pour se remettre l’esprit en place et cracha un peu de sang à terre.

"Bien visé."

"La ferme !" (s’en prenant de nouveau à son visage)

"Toujours ce besoin de parler. Mais tu sais quoi ? Ça ne m’intéresse plus. Je ne veux plus t’écouter."

"Oh ça je sais. Ça fait belle lurette que tu n’es plus mon frère !"

Il voyait ce poing qui s’ouvrait et se refermait, et s’attendait à tout instant à le voir s’abattre en puissance sur tout son corps. Il n’en fut rien. Au contraire, Dean semblait battre en retraite.

"Tu n’es plus mon frère, Dean, tu m’entends. PLUS MON FRÈRE ! PL…"

Une main força sa mâchoire à rester ouverte alors qu’une autre attrapait des tenailles. L’instant d’après, les tenailles s’engouffraient dans sa bouche, agrippaient sa langue, avant qu’une lame suffisamment tranchante vienne sectionner le muscle. La douleur était insoutenable mais Sam ne pouvait guère l’exprimer que par des gestes effrénés et ce, sous le regard ravi de celui qui se disait son frère.
"Enfin la paix ! Tu vois quand tu veux ! "

Etrange réaction d’un tortionnaire dont les hurlements de douleur de ses victimes suffisaient au bonheur.

"Ça t’étonne, n’est-ce pas ? Tu m’aurais cru plus violent ? Plus imaginatif ? Plus cruel ? Pourquoi aller si vite ? Nous avons toute l’éternité devant nous et j’ai tant de techniques à parfaire et à tester. Je suis sûr que tu te portes même volontaire. Paaarfait ! On peut reprendre là où l’on s’est arrêté."

Le cœur battant à tout rompre, Sam le vit prendre un couteau de boucher et s’approcher de nouveau de lui.

"Tu m’as fait du mal, tu sais…"

La lame glissa sur les moindres parcelles de son anatomie, laissant parfois un mince filet de sang sur son parcours. Puis elle s’immobilisa devant sa virilité, provoquant chez Sam un sursaut de terreur.

"Tu m’as menti, Sam. Tu en as aimé d’autres que moi et ça je ne peux pas le tolérer. Ça ne doit pas se reproduire, tu comprends ?"

Et sans plus de formalités, il attrapa le membre incriminé et le sectionna à sa base. Le corps de Sam s’arqua violemment alors que le sang s’écoulait de la plaie béante. Plaie béante qui fut bientôt recouverte d’une main puissante puis de tout un corps exerçant une pression.

"Sssshh ! Ssshh !... Tout va bien… Ce n’est que le début. Tu n’as pas le droit de me laisser maintenant, tu m’entends ? Pas après tout ce qu’on a vécu ensemble. Pas après ce que tu m’as fait subir. Ce serait trop facile. Ce serait trop rapide. Surtout que j’ai une nouvelle leçon à t’apprendre. Tu ne voudrais pas la manquer, n’est-ce pas ?"

Les larmes aux yeux, Sam hocha la tête. Sa réponse positive fut accueillie par une caresse sur son visage, une caresse qui lui semblait bien loin du traitement d’ensemble que Dean voulait lui infliger mais qui lui apportait un vent de fraîcheur. Deux mains se posèrent sur son torse alors que Den entamait de nouvelles explications.

"Tu m’as brisé le cœur, tu sais. Toutes ces monstruosités que tu m’as balancées à la figure ! Toutes ces promesses ! Tous ces mensonges ! Ils m’ont changé."

Et sous le regard horrifié de Sam, les yeux de Dean flashèrent en noir. Sourire aux lèvres, ce dernier abattit le couteau sur la poitrine de son frère dans un craquement sinistre. Puis, sans se démonter le moins du monde, il plongea ses mains dans la cavité à la recherche du muscle responsable de tous ses malheurs. A peine quelques secondes plus tard, elles en ressortaient, triomphantes, avec un cœur encore chaud. Dean le présenta au regard fasciné de son petit frère.

"Un cœur brisé partout !... Qu’est-ce que tu en dis Sammy ? Sammy ?"

Mais Sammy était aux abonnés absents. Un voile blanc s’était déjà formé sur ses yeux. Dean soupira, déçu, et approcha ses lèvres de l’oreille de son frère.

"Viens t’amuser avec moi… Tout va recommencer." (sourire aux lèvres)
Tout allait recommencer mais si c’était le prix à payer pour… Je t’aime Dean. Je t’aime… Et dire que ces trois mots étaient à l’origine de tout.


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